Ukraine: Les séparatistes ont retiré leurs armes du front

 

Six observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) étaient présents à Snijné, à 90 km du fief rebelle de Donetsk. Ils n’ont fait aucun commentaire sur ce que les rebelles ont présenté comme «la dernière étape» du retrait de leurs armes lourdes.

«Aujourd’hui c’est le dernier jour du retrait des armes», a déclaré à la presse un responsable séparatiste Edouard Bassourine. «Nous retirons au total 26 unités de mortier», a-t-il ajouté. Samedi matin huit mortiers de 120 mm ont été emmenés dans une vieille usine de briques qui sert d’entrepôt militaire près de Snijné.

«Nous avons retiré la totalité de nos armes de la ligne du front. L’Ukraine ne l’a pas encore fait», a renchéri le dirigeant de la république séparatiste de Donetsk Alexandre Zakhartchenko cité par le site officiel séparatiste. Il a menacé de faire revenir les armes sur leurs positions si «Kiev ne remplissait pas ses engagements dans le cadre des accords de Minsk» signés le 12 février.

Accalmie

Interrogé par l’AFP, le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko a dit «ne disposer d’aucune information» sur le retrait rebelle. «Les observateurs internationaux ne nous l’ont pas encore confirmé», a-t-il ajouté.

Signe d’une accalmie relative dans le conflit, M. Lyssenko s’est félicité du fait que personne n’a été tué, ni blessé dans les rang de l’armée ukrainienne en 24 heures «pour la première fois depuis des mois».

Un autre porte-parole militaire a affirmé que l’Ukraine poursuivait le retrait de ses lance-roquettes multiples Ouragan. Il n’a pas précisé combien de temps ce processus allait encore durer.

Exigences de l’OSCE

Le retrait des armes devrait créer une zone tampon d’une profondeur de 50 à 140 kilomètres, en fonction du type d’équipements, mais il est très difficile à contrôler sur le terrain. L’OSCE a bien observé «des mouvements» sans pouvoir confirmer qu’il s’agissait bien d’un retrait.

«Nous réclamons un inventaire des armes qui existent et une liste des routes empruntées et des lieux où ils comptent conserver les armes», avait dit un porte-parole de l’organisation, Michael Bociurkiw.

Moscou, Kiev et les Européens ont convenu vendredi d’augmenter à mille le nombre d’observateurs internationaux, qui se plaignent toutefois de ne pas pouvoir circuler librement.

Divergences européennes

Dans ce contexte, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a relevé qu’«il y a une fragile amélioration» de la situation dans l’est de l’Ukraine. «Mais nous ne sommes pas encore dans une phase de cessez-le-feu durable», a renchéri son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier, en marge d’une réunion des ministres des affaires étrangères de l’UE à Riga vendredi et samedi.

D’autres points de l’accord de Minsk, comme le contrôle par Kiev de la frontière russo-ukrainienne ou l’échange de tous les prisonniers, ne sont pas encore totalement respectés, selon les ministres.

Les Vingt-Huit ont surtout constaté leur clivage sur les sanctions économiques contre la Russie qui arrivent à échéance en juillet. Les «faucons», emmenés par la Grande-Bretagne, les pays baltes et la Pologne, veulent un renouvellement anticipé, dès ce mois-ci, des sanctions afin de maintenir la pression sur la Russie.

«Nous attendrons d’avoir vraiment une désescalade avant de reculer en quoi que ce soit», a ainsi déclaré le Belge Didier Reynders. Selon lui, les sanctions «devront probablement rester en application jusqu’à la fin de l’année».

Son homologue lituanien Linas Linkevicius, l’un des rares Européens favorables à la livraison d’armes à Kiev, a de son côté qu’en la matière «mieux vaut tôt que tard».

Du côté des «colombes», le Luxembourgeois Jean Asselborn a reconnu que «les sanctions sont un moyen de l’échiquier diplomatique». Mais, a-t-il ajouté, «si on va dans la bonne direction dans l’est de l’Ukraine, il faut aussi réfléchir à (les) renverser».

Selon un diplomate à Bruxelles, comme souvent, c’est la chancelière allemande Angela Merkel qui fera pencher la balance.

(ats)