Mali: Après Bamako, Kidal également attaquée

 

Cette attaque intervient au lendemain d’un attentat meurtrier à Bamako, le premier à frapper des Occidentaux dans la capitale.

«Ce matin à 05h40 GMT (06h40 en Suisse, ndlr), la base de la Minusma à Kidal a été la cible de plus de trente roquettes et obus, dans le cadre d’une attaque bien préparée», a indiqué un communiqué de l’ONU. «La Minusma est scandalisée par la lâcheté des assaillants qui ont également visé des civils innocents.»

Les forces de l’ONU et les troupes françaises présentes à Kidal ont riposté et obtenu un appui aérien. Le calme est revenu dans la matinée, a-t-on ajouté. Selon des sources proches des services de sécurité, le casque bleu qui a été tué est un Tchadien.

«Cette attaque intervient alors que des progrès ont été enregistrés à Alger lors des pourparlers de paix», ajoute la force de l’ONU. Elle faisait référence à l’accord paraphé le 1er mars par le gouvernement malien, mais pas encore par la rébellion à dominante touareg du Nord.

Obus sur un campement touareg

Les tirs ont visé la base de la Minusma située aux abords de la ville, mais un obus est tombé sur un campement de nomades touaregs, a rapporté un témoin. Cet obus a fait deux morts et plusieurs blessés parmi des enfants, a-t-il dit. Les auteurs ne se sont pas fait connaître pour le moment.

«La France condamne l’attaque qui a fait plusieurs victimes civiles et un soldat de la Minusma à Kidal ce matin», a réagi à Paris le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. «Nous présentons nos condoléances aux familles des victimes ainsi qu’aux autorités maliennes», a-t-il ajouté.

Militaires suisses rapatriés

Cette offensive est survenue au lendemain de la fusillade qui a ensanglanté aux premières heures de samedi le centre de Bamako. Des agresseurs ont abattu cinq personnes dans un restaurant, dont un Français et un Belge.

Une dizaine de personnes, dont deux militaires suisses, ont également été blessées dans cette attaque, revendiquée par le groupe djihadiste Al-Mourabitoune, créé en 2013 par l’Algérien Mokthar Belmokthar.

Les deux militaires suisses blessés ont été rapatriés dimanche après-midi. Ils sont arrivés à l’aéroport de Berne-Belp à bord d’un avion de la REGA avant d’être hospitalisés. Leur état est stable et ils sont hors de danger.

Un troisième militaire suisse se trouvait au moment de l’attaque dans le restaurant visé – un établissement fréquenté par des étrangers. Il n’a pas été blessé et restera au Mali.

Contrôles stricts

Forte de quelque 10’000 militaires et policiers, la Minusma a annoncé samedi avoir «mis à la disposition des autorités maliennes des enquêteurs et experts en scènes de crime» pour retrouver les auteurs de l’attentat de Bamako.

La sécurité était renforcée dimanche dans la capitale, où les contrôles étaient stricts sur les trois ponts enjambant le fleuve Niger. La police anticriminelle était déployée en force, équipée de gilets pare-balles.

«Vengeance»

Dans sa revendication de l’attentat, le groupe Al-Mourabitoune a dit vouloir venger non seulement un de ses chefs, Ahmed el-Tilemsi, tué par l’armée française en décembre, mais surtout le prophète Mohammed «de l’Occident mécréant qui l’a insulté et moqué».

Il faisait allusion aux caricatures de Mohammed publiées par l’hebdomadaire satirique français «Charlie Hebdo», dont une partie de la rédaction avait été massacrée deux mois auparavant, jour pour jour, par deux djihadistes à Paris. Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta avait participé le 11 janvier à la grande «marche contre le terrorisme».

Le Premier ministre malien Modibo Keïta a appelé samedi tous les Maliens à la vigilance. «Nous devons rester vigilants, les populations doivent signaler les attitudes de personnes suspectes», a-t-il déclaré.

L’attentat de Bamako est le premier visant des Occidentaux dans la capitale malienne. Le pays vit depuis 2012 sous la menace djihadiste.

(sda)