
«Berlusconi dans l’arène politique plus fort que jamais, avec un grand parti derrière lui», a déclaré mercredi sur Twitter Renato Brunetta, chef de file des députés Forza Italia, le parti de centre-droit que dirige Silvio Berlusconi.
La Cour de cassation italienne a confirmé mardi soir l’acquittement de l’ancien chef de gouvernement, 78 ans, accusé d’avoir payé une prostituée mineure, «Ruby la voleuse de coeurs», pour égayer ses désormais célèbres soirées «bunga-bunga».
Fort de sa victoire, Berlusconi a affirmé être prêt à retourner au combat pour mener le centre-droit à la victoire.
«Je suis de nouveau en lice pour construire avec Forza Italia et le centre-droit une Italie meilleure», a déclaré mercredi Silvio Berlusconi.
Il n’est pas sûr qu’il y parvienne. Déchu de son mandat de sénateur, il est interdit de toute fonction publique au moins jusqu’en 2016, et inéligible au Parlement au moins jusqu’en 2018. Il a toutefois fait appel de cette interdiction devant la Cour européenne des Droits de l’homme.
«Aucune influence»
«Il reste à vérifier s’il a encore la force physique pour descendre à nouveau dans l’arène. Les années passent et il montre des signes de faiblesse», fait aussi valoir Franco Pavoncello, professeur de sciences politiques à l’Université John Cabot de Rome, interrogé par l’AFP.
«Berlusconi n’a, pour l’instant, aucune influence au-delà du cercle, désormais assez restreint, de ses partisans», juge de son côté Marco Tarchi, professeur de sciences politiques à l’université de Florence, interrogé par l’AFP.
Aux dernières élections européennes en juin, dernier scrutin national en Italie, Forza Italia a obtenu 16,8%, un score très inférieur à ses résultats antérieurs.
La Ligue du Nord de Matteo Salvini, 42 ans, anti-euro et anti-immigration a en revanche le vent en poupe, au point de contraindre l’ancien chef incontesté du centre-droit à radicaliser son discours et son opposition au chef du gouvernement Matteo Renzi, pour contrer son jeune rival.
Mardi, il a fait voter ses députés contre un projet de réforme constitutionnel, qu’il a pourtant lui-même négocié pendant près d’un an avec le Parti démocrate de Matteo Renzi, au risque de déconcerter ses électeurs.
«A bout de souffle»
Une vingtaine de députés de Forza Italia, sur les 65 que compte le parti à la Chambre, ont d’ailleurs manifesté leur opposition à cette ligne politique, dans une atmosphère de «sauve-qui-peut», selon Giovanni Orsina de l’université Luiss de Rome.
«Salvini n’a rien à craindre de la concurrence d’un homme qui est désormais, politiquement, à bout de souffle», assure encore M. Tarchi.
Matteo Renzi peut-il en revanche avoir des raisons de craindre celui qui dispose encore d’un poids au Parlement, particulièrement lorsque viendra le moment de faire adopter ces réformes constitutionnelles ?
Problème de cohérence
Le président du Conseil avait eu besoin en janvier des voix de Silvio Berlusconi, avec qui il avait conclu un pacte de réforme constitutionnelle, pour faire adopter au Sénat une nouvelle loi électorale.
Il est possible que sans cet apport de voix, l’autre volet de la réforme constitutionnelle, qui prévoit notamment une réduction des pouvoirs de la chambre haute, ne passe pas au Sénat où il doit encore être adopté.
Forza Italia a un «problème de cohérence» après avoir soutenu ces changements et décidé de ne plus les voter, selon le rapporteur de ce projet de réforme constitutionnelle à la Chambre, Emmanuele Fiano.
«Mais je ne crois pas qu’ils soient tous d’accord entre eux, et il est donc difficile de savoir ce qui va se passer au Sénat», a-t-il expliqué, interrogé par l’AFP. Ce deputé, proche de Matteo Renzi, se dit sûr néanmoins que la réforme sera adoptée, même sans l’appui de Forza Italia.
(afp)