Birmanie: Signes inquiétants de retour en arrière

 

Elle a critiqué les conditions inacceptables dans les camps de déplacés Rohingyas dans l’Etat de Rakhine.

«L’année 2015 est une année charnière pour la Birmanie», a déclaré la professeure sud-coréenne en présentant à Genève son premier rapport au Conseil des droits de l’homme et à la presse depuis sa nomination l’an dernier. Des élections générales sont prévues cet automne.

Selon la rapporteuse spéciale, l’espace démocratique se réduit. Elle a dénoncé notamment l’usage excessif de la force contre des étudiants, le 10 mars à Latpadan, et demandé la libération des 127 personnes arrêtées.

Selon l’experte de l’ONU, les défenseurs des droits de l’homme sont soumis à une surveillance régulière et dix journalistes ont été emprisonnés l’an dernier. Yanghee Lee a précisé que 27 personnes sont encore détenues pour des raisons politiques.

En outre, 78 paysans protestant contre les évictions forcées de leur terre ont été condamnés. Quelque 200 autres activistes attendent un jugement.

L’experte s’alarme de l’escalade des combats dans la région de Kokang, dans le nord-est de l’Etat de Shan, qui auraient fait 100 morts et plus de 10’000 déplacés en Chine voisine. Elle a indiqué aussi recevoir des informations sur des violences sexuelles dans l’Etat de Kachine.

Rohingyas: conditions déplorables

La situation reste très mauvaise dans l’Etat de Rakhine. Les conditions de vie dans les camps de déplacés Rohingyas sont «déplorables», a confié la rapporteuse de l’ONU.

Les Rohingyas, une minorité musulmane, ne peuvent pas sortir des camps, où sévit la pénurie alimentaire. Les gens lui ont dit qu’ils ont le choix entre «rester et mourir» ou «partir en bateau». Des parents doivent donner leur ration alimentaire à leurs enfants.

Quelque 140’000 personnes vivent dans ces camps de déplacés sur une population de Rohingyas évaluée à 1,2 million, a précisé la professeure. L’expiration de leur carte d’identité temporaire spéciale à la fin mars soulève beaucoup de questions, a-t-elle dit.

Nouvelles attaques

Interrogée sur les menaces et les insultes qu’elle a subies de la part d’un moine bouddhiste extrémiste U Wirathu, elle a affirmé que cela ne l’empêchera pas de retourner dans le pays. Elle compte sur les autorités de Rangoon pour assurer sa sécurité, bien que celles-ci ne se soient pas distancées de ces insultes et l’aient accusée au contraire de répandre la méfiance et la discorde.

Le moine a renouvelé ses attaques à la suite de la présentation de son rapport à Genève en la traitant, selon les propres dires de Yanghee Lee, de «femme bestiale». Le moine a demandé aux «patriotes» de «trouver les moyens de lui donner une leçon».

«Je serai à nouveau certainement invitée, car les autorités birmanes se sont engagées à coopérer avec la communauté internationale. Je suis confiante que les autorités feront de ma sécurité leur priorité absolue», a affirmé l’experte de l’ONU aux journalistes.

(ats)