
Son futur gouvernement devra faire face au mécontentement de la société israélienne, à une réelle opposition politique et à un grand isolement international.
Unis, les Arabes ont voté en nombre
Ils représentent plus d’un Israélien sur cinq. Les chrétiens et musulmans du pays auraient participé massivement au scrutin, mardi. Pour beaucoup, c’était l’occasion de se débarrasser enfin de «Bibi». Une liste arabe commune regroupait islamistes, communistes et nationalistes pour la première fois. Elle aurait obtenu 12 ou 13 sièges, devenant ainsi la 3e force du pays. «On va dire à la droite et à Netanyahu qu’on est là», se réjouit Ehab, un ingénieur venu voter à Haïfa, la grande ville du Nord.
«Une grande victoire»
Benjamin Netanyahu, chef du gouvernement israélien sortant, a revendiqué mardi «une grande victoire» à l’issue des élections législatives. «Contre toute attente: une grande victoire pour le Likoud, une grande victoire pour le camp national emmené par le Likoud, une grande victoire pour le peuple d’Israël», écrit le Premier ministre sur son compte Twitter.Isaac Herzog reconnaît sa défaite
Le chef de l’opposition de gauchea reconnu sa défaite mercredi matin. Il a indiqué avoir appelé Benjamin Netanyahu pour le féliciter de sa victoire aux législatives et lui souhaiter «bonne chance». M. Netanyahu se donne 2 à 3 semaines pour former un nouveau gouvernement. M. Netanyahu s’est entretenu avec différents chefs de parti, il «a l’intention de se mettre immédiatement à la formation du gouvernement afin d’achever cette tâche dans un délai de deux à trois semaines», a déclaré le Likoud, le parti de M. Netanyahu, mercredi dans un communiqué.Félicitations de l’UE
L’Union européenne a «félicité» mercredi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour sa victoire aux élections, l’appelant à un «leadership audacieux» pour relancer le processus de paix.
«L’UE s’engage à travailler avec le nouveau gouvernement israélien à une relation mutuellement bénéfique ainsi qu’à une relance du processus de paix», a écrit la chef de la diplomatie de l’UE, Federica Mogherini, dans un communiqué. M. Netanyahu avait semblé enterrer ce processus en excluant la création d’un Etat palestinien pendant sa campagne.
«C’est la première fois depuis longtemps qu’il y aura une vraie force d’opposition au parlement, avec 53 sièges (sur 120 Ndlr.)», souligne Marius Schattner, spécialiste de la politique israélienne.
Ce journaliste franco-israélien, qui travaille depuis plus de vingt ans à Jérusalem, s’attend «à des crises profondes» pour le futur gouvernement Netanyahu. «Ca m’étonnerait qu’il dure quatre ans», ajoute-t-il.
Pour Marius Schattner, contacté mercredi par l’ats, il ne fait aucun doute que le Likoud va s’allier avec la droite ultranationaliste et ultraorthodoxe pour former «un gouvernement de droite sans complexe (…) Toutes les apparences ont disparu», analyse Marius Schattner. «Ils n’ont même plus besoin de faire semblant de vouloir un Etat palestinien ou un processus de paix».
Les travaillistes ont progressé
Mais ce succès n’est pas aussi complet qu’il y paraît: d’abord «la droite n’a pas vraiment gagné des voix. Le Likoud a simplement fait le plein à l’extrême droite», relève M. Schattner.
Du côté des travaillistes, le bilan n’est pas si négatif, estime l’expert. Alliés à la centriste et ex-ministre Tzipi Livni au sein de l’Union sioniste, ils n’ont certes pas devancé le Likoud, mais «ils ont progressé, passant de 13 à 24 sièges».
Quant à la liste des Arabes israéliens, elle a de quoi fêter avec ses 14 sièges. Elle ira dans l’opposition, prévoit Marius Schattner. «Mais comment va-t-elle coopérer avec les travaillistes?»
Palestiniens déterminés
Malgré les divisions, malgré le mécontentement social, une crainte, majoritaire, subsiste: «La grande majorité des Israéliens n’est pas prête à voir un Etat palestinien à ses portes», souligne le journaliste.
Si la victoire du Likoud enterre les espoirs de reprise prochaine du processus de paix avec les Palestiniens, elle va en revanche renforcer la détermination de ces derniers. «Ca va être difficile pour Israël», estime M. Schattner.
Le chef de l’Autorité palestinienne «Mahmoud Abbas va probablement intensifier sa lutte diplomatique (…) Pas sûr en revanche qu’il freine la coopération sécuritaire» avec Israël, ce n’est pas dans l’intérêt du leader palestinien.
Relations tendues
Enfin, sur le plan international, l’isolement d’Israël ne peut que s’accroître. Sans la caution d’une droite modérée, les relations déjà tendues entre Benjamin Netanyahu et le gouvernement américain, par exemple, ne risquent pas de s’arranger.
«Obama va lui rendre la monnaie de sa pièce», lance M. Schattner. Mais le journaliste ne s’attend pas un changement profond de la politique américaine vis-à-vis d’Israël. «L’aide militaire ne va pas diminuer», tempère-t-il.
(ats)