
Un employé du musée, Lassaad Bouali, «a caché les deux touristes espagnols dans un bureau», a expliqué à l’AFP un représentant de la protection civile devant le musée, ajoutant que les trois personnes ont été transportées vers un hôpital pour des examens de routine.
Vingt étrangers tués dont treize identifiés
Vingt ressortissants étrangers ont été tués lors de l’attaque du musée du Bardo de Tunis dont 13 ont été identifiés, y compris trois Japonaises et deux Français, a indiqué jeudi le ministre tunisien de la Santé. «Treize personnes (tuées) ont été identifiées et sept sont en cours d’identification», a dit Said Aïdi.
Le ministre de la Santé a confirmé la mort de trois Japonaises, deux Espagnols (un homme et une femme), un Colombien, un Australien, une Anglaise, une Belge, deux Français, un Polonais et un Italien. Selon M. Aïdi, un policier tunisien a aussi été tué, portant le bilan total à 21 morts. Mercredi, jour de l’attaque, les autorités tunisiennes avaient fait état d’un second Tunisien tué mais le ministre de la Santé ne l’évoquait plus jeudi. «Les morts ont été atteints par des balles tirées à tort et à travers», a déclaré le chef du service de médecine légale de l’hôpital Charles-Nicolle, le docteur Moncef Hamdoun.MSC et Costa Croisières suspendent leurs escales
Les groupes italiens MSC Croisières et Costa Croisières, dont des passagers ont été touchés mercredi par l’attaque du musée du Bardo à Tunis, ont annoncé jeudi la suspension de leurs escales dans la capitale tunisienne. Chacune des deux compagnies avait un paquebot avec plus de 3000 passagers en escale à Tunis mercredi. MSC a annoncé que neuf de ses passagers avaient été tués et 12 blessés, tandis que six autres manquaient encore à l’appel. Costa a de son côté fait état de 13 passagers n’étant pas remontés à bord, sans donner de précisions sur leur sort. Selon les médias italiens, plusieurs des victimes italiennes recensées par le ministère des Affaires étrangères étaient des passagers de Costa.
Les deux bateaux ont désormais quitté Tunis, le Costa Fascinosa dans la nuit en direction de Palma de Majorque et le MSC Splendida dans la matinée pour Barcelone, et il n’est pas prévu qu’ils reviennent dans l’immédiat. Les quatre paquebots de Costa qui passaient par Tunis feront d’autres escales encore en cours d’élaboration, tandis que les itinéraires des trois paquebots de MSC desservant la capitale tunisienne ont été modifiés, avec de nouvelles escales à Malte, Palma de Majorque ou Cagliari (Italie).
La mère de l’employé tunisien, lui aussi retrouvé sain et sauf, a relaté les mêmes faits à un photographe de l’AFP. «J’ai cru que mon fils était mort. Maintenant je suis soulagée», a-t-elle dit, refusant cependant de donner son nom.
Les autorités tunisiennes n’ont pas expliqué comment ces trois personnes n’ont pas été retrouvées durant les fouilles du musée du Bardo, attaqué la veille.
Croisiéristes manquants
Le dernier bilan des victimes établi par les autorités tunisiennes recense 23 morts, dont 20 touristes étrangers et trois Tunisiens. En outre, 44 personnes ont été blessées, dont six grièvement.
Le croisiériste MSC a annoncé que neuf des touristes tués étaient des passagers de son paquebot MSC Splendida, y compris les deux victimes françaises. Par ailleurs, Costa Croisières a fait savoir que 14 des quelque 3000 passagers du «Fascinosa» n’étaient pas remontés à bord du navire qui a quitté Tunis dans la nuit.
Assaillants identifiés
Les deux assaillants ont été identifiés. Ce sont Yassine Abidi et Hatem Khachnaoui, des noms à consonance tunisienne. Selon le porte-parole du ministère de l’Intérieur, il s’agit «probablement» de Tunisiens. Il n’est pas encore établi s’ils appartiennent à l’une ou l’autre des organisations terroristes. Mais l’un des deux était connu des services de police.
Le Premier ministre tunisien Habib Essid avait fait état mercredi de deux ou trois complices possibles mais il n’a donné aucune indication sur les opérations en cours pour les identifier.
Neuf suspects interpellés
La présidence tunisienne a annoncé jeudi l’interpellation de neuf personnes suspectées d’avoir été en relation avec les deux assaillants responsables de l’attaque du musée du Bardo la veille, qui a fait 21 morts.
«Le chef du gouvernement (…) a indiqué que les forces de sécurité avaient pu arrêter quatre éléments en relation directe avec l’opération (terroriste) et cinq autres soupçonnés d’être en relation avec cette cellule», a indiqué la présidence dans un communiqué sans préciser le rôle et l’identité de ces suspects.
«Le chef de l’Etat a affirmé que la Tunisie vivait des circonstances exceptionnelles (…) après que la Tunisie a été confrontée à un saut qualitatif dans les opérations terroristes qui sont passées des montagnes aux villes», a noté la présidence.
Failles sécuritaires ?
Le gouvernement n’a pas évoqué dans l’immédiat les éventuelles failles sécuritaires, alors que le musée est mitoyen du Parlement. En effet, l’attaque est intervenue en pleine audition à l’Assemblée de cadres militaires et de la justice sur la réforme de la loi antiterroriste, prévue depuis des mois mais sans cesse repoussée.
L’attentat n’a pas été revendiqué mais la Tunisie combat depuis plus de deux ans un groupe djihadiste lié à al-Qaïda au Maghreb islamique, la Phalange Okba Ibn Nafaâ. Celle-ci a jusqu’ici concentré ses activités à la frontière algérienne, tuant des dizaines de policiers et militaires depuis décembre 2012.
Forum maintenu
Dans ce contexte de menace djihadiste, cet attentat sans précédent depuis la «révolution de jasmin» de janvier 2011 a visé des civils. Le pays s’était fait remarquer jusqu’ici comme un modèle de stabilité et d’ouverture dans le monde arabe.
Le drame est survenu au début de la saison touristique – un secteur économique stratégique pour le pays – et à quelques jours du Forum social mondial (FSM) qui doit rassembler de mardi à samedi prochains l’ensemble des forces altermondialistes actives dans le monde. Le comité d’organisation du FSM a décidé de maintenir cet événement, ainsi que toutes les activités qui y sont liées.
(ats/afp)