Attentat en Tunisie: L’EI revendique une «attaque bénie»

 

Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué jeudi l’attentat du musée du Bardo à Tunis qui a coûté la vie à 20 touristes et un Tunisien.

Les dirigeants européens, réunis en sommet à Bruxelles, ont observé jeudi une minute de silence en hommage aux victimes de l’attaque du musée Bardo en Tunisie. Les chefs d’Etat et de gouvernement sont réunis à Bruxelles pour discuter notamment des sanctions contre la Russie et du dossier grec. «J’invite tout le monde à observer une minute de silence en mémoire des victimes de la terrible attaque terroriste», a déclaré Donald Tusk, président du Conseil européen, au début de la séance.La police boucle la radio d’Etat «par précaution» après des menaces

La police tunisienne a bouclé «par mesure de précaution» jeudi soir le siège de la radio d’Etat, dans le centre de Tunis. La mesure a été prise après que le média officiel a reçu des «menaces terroristes», a indiqué son PDG, Abderrazak Tabib. «Il y a des informations sur l’existence de menaces terroristes visant la Radio tunisienne et par mesure de sécurité préventive, le siège de la radio a été encerclé (par la police) pour parer à toute urgence», a-t-il dit. Le quartier du centre-ville où se trouve la radio a été fermé à la circulation par la police. Un policier a évoqué un coup de téléphone de menaces pour expliquer le déploiement des forces de l’ordre. La Tunisie est sur le qui-vive après le carnage mercredi au musée du Bardo qui a fait 21 morts dont 20 touristes étrangers, une attaque revendiquée par le groupe djihadiste Etat islamique (EI).

Par ailleurs, les deux assaillants ont été abattus par les forces de l’ordre. Cette attaque,fait craindre une déstabilisation de la jeune démocratie tunisienne.

L’attaque, la plus meurtrière perpétrée par l’EI contre des Occidentaux, a été revendiquée dans un message audio sur Internet. Le groupe extrémiste sunnite, qui compte des centaines de combattants tunisiens dans ses rangs, a menacé la Tunisie d’autres attaques.

L’opération, selon l’EI, a été menée mercredi par «deux chevaliers du califat, Abou Zakaria al-Tounsi et Abou Anas al-Tounsi», «munis d’armes automatiques et de grenades», qui sont «parvenus à assiéger un groupe de ressortissants des pays croisés (…) semant la terreur dans le coeur des infidèles en Tunisie musulmane».

Elle a frappé le plus prestigieux musée du pays faisant 21 morts en plus des deux attaquants, selon un dernier bilan officiel. Treize touristes étrangers ont été identifiés, dont trois Japonaises, deux Français, deux Espagnols, une Britannique.

Failles sécuritaires

Une bonne partie des victimes étaient des croisiéristes descendus de leur paquebot en escale pour découvrir Tunis. Elles ont été la cible des tirs au moment où elles descendaient de leur bus et entraient au musée dans lequel elles ont été pourchassées.

Les autorités ont annoncé la mort de deux assaillants, puis l’interpellation de neuf suspects dont «quatre éléments en relation directe avec» l’attaque. Au vu des «circonstances exceptionnelles», l’armée va désormais participer à la sécurisation des accès des grandes villes par des patrouilles, selon la présidence.

Le Premier ministre Habib Essid a reconnu «des failles sécuritaires», alors que le musée est mitoyen du Parlement où se tenait, au moment de l’attaque, une réunion de cadres militaires et de la justice sur la réforme de la loi antiterroriste. Il a promis une «enquête approfondie».

Seule heureuse nouvelle, deux touristes espagnols ont été retrouvés dans le musée où ils avaient passé la nuit cachés à l’initiative d’un employé, également sain et sauf.

Nombreux appels à l’unité

Condamné par la communauté internationale, l’attentat a provoqué une très forte émotion en Tunisie et de multiples appels à l’unité. En fin d’après-midi, environ 200 personnes ont participé à un «rassemblement populaire silencieux» devant le musée du Bardo, certains enveloppés dans le drapeau tunisien.

«Tunisie libre, terrorisme dehors», ont-elles scandé. Des bouquets de fleurs ont été déposés devant l’entrée du musée, où des traces de sang étaient encore visibles.

Le principal syndicat, l’UGTT, a appelé à «mobiliser les forces du peuple et tous les organes de lEtat à déclarer la guerre au terrorisme». L’attaque du Bardo est la plus grave depuis l’attentat-suicide, revendiqué par Al-Qaïda, contre une synagogue à Djerba (sud) qui avait coûté la vie à quatorze Allemands, deux Français et cinq Tunisiens en 2002.

C’est aussi la première fois depuis la révolution de janvier 2011 que des étrangers sont visés alors que le pays s’est imposé comme un modèle de stabilité et d’ouverture dans le monde arabe, l’essentiel des Etats du Printemps arabe ayant basculé dans le chaos et la répression.

«Terrible» impact économique

Le gouvernement tunisien a notamment qualifié de «terrible» «l’impact économique» pour le pays: le tourisme, déjà en crise, en est l’un des secteurs stratégiques.

Les groupes italiens MSC Croisières et Costa Croisières, dont des passagers ont été touchés au musée, ont annoncé la suspension de leurs escales à Tunis. Chacun avait un paquebot avec plus de 3000 passagers en escale à Tunis mercredi.

Depuis 2011, les autorités tunisiennes luttent contre un groupe djihadiste lié au réseau Al-Qaïda au Maghreb islamique, la Phalange Okba Ibn Nafaâ, qui a tué des dizaines de policiers et soldats dans les montagnes à la frontière algérienne.

En outre, au moins 500 Tunisiens ayant combattu en Irak, en Syrie ou en Libye dans les rangs d’organisations djihadistes comme l’EI, sont rentrés au pays et la police les considère comme l’une des principales menaces sécuritaires.

(ats/afp)