
Lors de la courte audience, l’une des trois juges a rapidement lu les messages laissés sur le mur par ce vendeur de pin’s, a constaté une journaliste de l’AFP. Ces messages ne peuvent pas être retransmis par les médias, sous peine de poursuites.
La plupart de ces écrits critiquaient le chef de la junte, le général Prayut Chan-O-Cha, qui a pris le pouvoir dans un coup d’Etat en mai dernier. Mais une phrase faisait référence au roi Bhumibol Adulyadej. La juge a expliqué que ces commentaires étaient «faux» et qu’ils «rabaissaient la valeur du roi». Mais comme l’homme a plaidé coupable, sa peine a été réduite de moitié.
Arrivé pied nus et menotté à l’audience, dans une tenue de prisonnier rose pâle, Ophas Chansuksei, interrogé par la juge, a reconnu les faits. Les traits tirés, l’homme aux cheveux blancs et clairsemés est resté impassible à l’énoncé du verdict tandis qu’à quelques mètres de lui sa femme parvenait difficilement à contenir ses larmes. Après sa condamnation, attendant son transfèrement à la prison, Ophas s’est dit soulagé que sa peine ait été réduite. Tout comme sa femme. Mais cette dernière a avoué être «déprimée et surtout inquiète quant à ses conditions de vie en prison». «Nous vivons avec notre fille de 25 ans et c’est la première fois que nous sommes séparés depuis des années», a-t-elle confié à l’AFP.
Condamnations pour lèse-majesté constantes
L’autocensure concernant la loi de lèse-majesté en Thaïlande, l’une des plus sévères au monde, est très forte, y compris parmi les médias étrangers. Selon l’article 112 du code pénal thaïlandais, toute personne offensant le roi, la reine, son héritier ou le régent est passible de jusqu’à 15 ans d’emprisonnement. Depuis leur prise de pouvoir par un coup d’Etat en mai 2014, les militaires ont fait de la lutte contre le crime de lèse-majesté leur cheval de bataille, dans un contexte de grande incertitude liée à la succession du roi Bhumibol Adulyadej, 87 ans. Les poursuites et condamnations pour lèse-majesté sont en constante augmentation depuis le coup d’Etat. La législation est utilisée dans une vaste affaire lancée contre une dizaine de membres de la famille de l’ex-femme du prince héritier, la princesse Srirasmi.
Vendredi, trois nouveaux membres de sa famille, dont deux de ses frères, ont été mis en examen pour lèse-majesté et extorsion de fonds. A l’origine de la série d’affaires menées contre l’ex-belle-famille du prince, un autre de ses membres, ancien haut-responsable policier, Pongpat Chayapun, a vu sa peine récemment portée à 31 ans de prison. La spectaculaire série d’affaires lancées contre la famille de l’ex-princesse intervient dans un contexte de grande incertitude liée à la succession du roi Bhumibol Adulyadej, 87 ans.
(afp)