Irak: La coalition contre l’EI a mené 17 frappes sur Tikrit

 

Les forces irakiennes, aidées par les Etats-Unis, sont reparties jeudi à l’assaut de la ville de Tikrit pour déloger les djihadistes du groupe Etat islamique. Washington a mené depuis mercredi 17 raids aériens sur cette ville située à 160 km au nord de Bagdad.

Les milices chiites irakiennes «se sont retirées» de l’offensive sur la ville irakienne de Tikrit (nord), a indiqué jeudi le général Lloyd Austin, le commandant des forces américaines au Moyen-Orient, lors d’une audition au Sénat.

«Les milices chiites se sont retirées de la zone» de Tikrit, et l’offensive contre le groupe Etat islamique est désormais menée par environ 4000 membres des forces spéciales et de la police irakienne, a-t-il ajouté. «Les milices chiites ne font pas partie de l’opération» sur Tikrit, a répété le général.
«Le gouvernement irakien devait être en charge de l’opération» pour que la coalition intervienne, c’était une «pré-condition», a déclaré le général.

Les forces aériennes américaines n’étaient pas encore intervenues directement à Tikrit. La France a également effectué un raid, ont indiqué jeudi les commandements militaires des deux pays.

Les Etats-Unis ont longtemps exprimé leurs réticences à intervenir, en raison notamment du soutien actif de l’Iran aux milices chiites engagées dans la bataille. Mais la donne a changé mercredi lorsque le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a réclamé des frappes.

Offensive terrestre relancée

Fortes de ce soutien aérien, les forces irakiennes ont relancé jeudi leur offensive terrestre, suspendue la semaine dernière en raison des nombreux engins explosifs disséminés par l’EI retranché à Tikrit.

Mais la bataille au sol engagée le 2 mars et présentée comme la plus massive depuis que l’EI s’est emparé l’an dernier de vastes pans de territoire en Irak, se fera désormais sans les milices chiites, selon Lloyd Austin, commandant des forces américaines au Moyen-Orient (Centcom).

Ces dernières, à qui Téhéran a notamment fourni de l’artillerie et des conseillers, «se sont retirées» de la zone de Tikrit et la bataille est maintenant menée par environ 4000 membres des forces spéciales et de la police irakienne, a précisé le général Austin.

Il était cependant impossible de confirmer jeudi si ce retrait était effectif sur le terrain.

«Aller de l’avant»

«Le gouvernement irakien devait être en charge de l’opération» pour que la coalition intervienne, c’était une «pré-condition», a encore expliqué le général lors d’une audition au Sénat américain. Ces propos faisaient écho à ceux d’un responsable américain qui avait indiqué que Barack Obama avait conditionné les frappes américaines à un rôle plus important des forces gouvernementales à Tikrit.

Le chef du Centcom a en outre dénoncé la «mauvaise approche» adoptée jusqu’alors à Tikrit. Il a aussi affirmé que la nouvelle configuration des combats permettrait d’«aller de l’avant».

Après une lente progression au sol dans les premières semaines, «l’opération commence réellement maintenant», a estimé un responsable de la Défense américaine, sous couvert d’anonymat.

L’offensive a repris «depuis le front sud à Awja», a détaillé un commandant militaire de la province de Salaheddine, dont Tikrit est la capitale. Les forces irakiennes attaquent également depuis les fronts ouest et nord et ont réparé un pont détruit par l’Etat islamique pour arrêter leur avancée depuis l’est, a-t-il ajouté.

Soukhoï en action

Enfin, Bagdad a déployé ses avions Soukhoï pour bombarder Tikrit, selon le ministre irakien de la Défense Khaled Al-Obaidi.

Bagdad avait notamment justifié la suspension de son offensive par la présence de nombreux civils pris au piège. Leur nombre exact est impossible à définir, mais un porte-parole du Croissant rouge affirmait la semaine dernière que «pas plus de 30 000 civils, probablement un peu moins» se trouvaient toujours dans Tikrit.

Le général américain James Terry, qui dirige le commandement américain menant les frappes, a ainsi assuré que les raids entamés mercredi «sont destinés à détruire les bastions de l’EI avec précision, sauvant ainsi des vies irakiennes innocentes, tout en minimisant les dommages collatéraux aux infrastructures».

L’entrée en jeu des Etats-Unis dans la bataille et le retrait des miliciens chiites soutenus par l’Iran interviennent alors que les deux pays poursuivent à Lausanne les négociations sur le nucléaire iranien.

L’importance des milices chiites regroupées pour la plupart parmi les «Unités de mobilisation populaire», et celle du général iranien Ghassem Souleimani, considéré par certains Irakiens comme le cerveau de l’opération à Tikrit, était perçue d’un mauvais oeil par Washington.

(afp)