République démocratique du Congo: Près de 2000 casques bleus en moins

 

Selon une résolution du Conseil de sécurité adoptée unanimement jeudi, la Monusco verra ses effectifs réduits de 2000 hommes sur près de 20’000 soldats autorisés.

La résolution souligne aussi la nécessité de rendre la Monusco plus souple et mobile, et plus efficace sur le terrain.

Le Conseil indique «son intention de rendre cette réduction d’effectifs permanente» dès que des progrès auront été faits dans la démocratisation et la stabilisation du pays et «pour réduire la menace» des groupes armés actifs dans l’est du pays, en premier lieu les rebelles rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

Mais il maintient le plafond autorisé de la force, fixé à 19.815 soldats et 1400 policiers environ, ce qui lui permettra si besoin de revenir sur sa décision.

Selon des diplomates du Conseil, Kinshasa réclamait le retrait immédiat de 6000 Casques bleus au moins.

La force, présente depuis 15 ans en RDC et essentiellement déployée dans l’Est, en proie à des conflits depuis plus de 20 ans, est une des plus importantes et des plus chères (1,4 milliard de dollars par an) déployées par l’ONU.

«Stratégie de sortie»

Au 28 février, la Monusco comptait 19’453 soldats, 1107 policiers et 895 civils expatriés plus du personnel local.

Le Conseil évoque une «stratégie de sortie» pour la Monusco mais insiste pour que ce retrait réclamé à cor et a cri par Kinshaha soit «graduel et progressif, lié à des objectifs spécifiques à définir en commun» par le gouvernement congolais et la Monusco. Il demande donc à Kinshasa «d’engager un dialogue stratégique régulier» avec l’ONU à ce sujet.

En particulier, le Conseil lie un retrait de la Brigade d’intervention de 3000 hommes, qui est le fer de lance de la force onusienne, à «des progrès durables pour mettre fin à la menace des groupes armés», ainsi qu’à la création éventuelle d’une «force congolaise de réaction rapide».

Le mandat de la force onusienne reste essentiellement le même, avec un accent mis sur la protection des civils et sur l’aide à l’organisation «d’un processus électoral transparent et crédible».

Cette décision, destinée à apaiser Kinshasa, est une mesure transitoire qui ne règle pas le différend de fond entre le gouvernement congolais et l’ONU sur l’avenir de la force.

Vif échange

Le gouvernement congolais, excédé par les remontrances de l’ONU sur les droits de l’homme et la bonne gouvernance, veut un départ rapide des Casques bleus alors que l’ONU insiste sur un retrait progressif et ordonné, lié à de réels progrès sur le terrain.

La Monusco ne participe pas à l’offensive gouvernementale menée actuellement contre les rebelles rwandais des FDLR dans l’est du pays. L’ONU reproche en effet à Kinshasa d’avoir nommé pour diriger cette offensive deux généraux coupables de violations des droits de l’homme. Selon l’ONU, les FDLR comptent moins de 2000 combattants, dont 300 «jusqu’au-boutistes».

Kinshasa et la Monusco ont néanmoins entrepris des discussions à Kinshasa pour tenter d’améliorer ces relations tendues.

Le débat sur cette résolution avait donné lieu il y a quelques jours à un vif échange entre le chef de la Monusco Martin Kobler et le ministre congolais des Affaires étrangères Raymond Tshibanda. Ce dernier avait affirmé que «le moment était venu» pour la RDC d’assumer seule sa sécurité et que Kinshasa en faisait une question de souveraineté nationale.

Tout en admettant que les Casques bleus partiront un jour ou l’autre, M. Kobler avait affirmé que la sécurité restait précaire en RDC et que le retrait de la Monusco ne devait pas être précipité.

(afp)