Nucléaire iranien: Les négociations entrent dans une phase décisive

 

Signe que les négociations sont entrées dans une phase décisive, le secrétaire d’Etat américain a annulé un voyage prévu lundi à Boston, a annoncé dimanche matin le département d’Etat. Selon les différentes délégations présentes à Lausanne, des divergences subsistent cependant sur quelques questions clés.

«Nous n’avons jamais été aussi près d’un accord, toutefois nous avons toujours des points critiques à résoudre», a déclaré la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini. Et selon le chef des négociateurs russes, Sergueï Riabkov, cité par l’agence Ria-Novosti, «les chances (de parvenir à un accord) sont de plus de 50%».

Indice de l’importance du moment, les ministres du groupe P5+1 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie, France, Chine et Allemagne) devraient se retrouver dimanche à Lausanne. La veille, le Français Laurent Fabius et l’Allemand Frank-Walter Steinmeier ont rejoint les négociations.

Tractations laborieuses

Celles-ci sont menées tambour battant depuis des mois par les deux poids lourds du dossier: l’Américain John Kerry et l’Iranien Mohammad Javad Zarif. Les deux hommes sont impliqués depuis un an et demi dans des tractations éprouvantes et laborieuses.

Ils ont besoin d’un accord d’étape, espéré d’ici mardi. Celui-ci pourrait leur permettre de tenir le cap et d’acheter du temps face à leurs faucons respectifs et face aux puissances régionales hostiles à tout compromis.

«Etape importante»

La date fixée pour un accord final, incluant toutes les annexes techniques de ce dossier, est fixée au 30 juin. La fin mars est aussi une «étape très importante» pour permettre aux négociations de se poursuivre, reconnaissent plusieurs diplomates.

Personne ne sait encore quelle forme prendra cette entente. «Je pense que l’option la plus probable est qu’il vont faire une annonce, dire qu’ils sont parvenus à un accord sur les éléments clés, et qu’ils vont passer les trois prochains mois à écrire le brouillon de cet accord et son plan de mise en oeuvre», estime Ali Vaez, spécialiste du centre de réflexion International Crisis Group (ICG).

L’objectif de l’accord recherché est de s’assurer que l’Iran ne cherchera pas à se doter de la bombe atomique, en échange d’une levée des sanctions internationales qui asphyxient son économie.

Pression israélienne

Israël va maintenir la pression même après la conclusion d’ici le 31 mars d’un éventuel accord sur le nucléaire iranien, ont prévenu dimanche deux ministres. D’ici la signature d’un accord final à fin juin, «il y aura suffisamment de temps pour mener des activités diplomatiques», a indiqué à la radio militaire le ministre de l’Intérieur sortant Gilad Erdan.

Selon lui, le «Congrès américain pourrait constituer le dernier obstacle à la levée des sanctions contre l’Iran» après la conclusion d’un accord. Le ministre chargé des services de renseignements Youval Steinitz a de nouveau dénoncé à l’avance la conclusion probable d’un «mauvais accord plein de lacunes».

Gilad Erdan a également averti qu’en cas d’accord mardi Israël devra procéder à une «réévaluation totale de sa politique de sécurité». Il a souligné la possibilité que l’Arabie saoudite et d’autres pays de la région «se sentant menacés par l’Iran se lancent dans une course aux armements nucléaires».

(ats)