
Des heures de tractations acharnées mardi n’ont pas permis d’aboutir, après six jours d’efforts quasiment jour et nuit. «On avance mais c’est compliqué, c’est long, c’est difficile, et je crains qu’on y passe la nuit», a déclaré le chef de la diplomatie française Laurent Fabius.
«Il n’est toujours pas clair s’il y aura un accord», a estimé de son côté un diplomate allemand, décrivant «une atmosphère changeante».
*L’Iran ne veut pas un accord pour un accord et un règlement définitif doit garantir son droit à l’énergie nucléaire», a auparavant déclaré un négociateur iranien, Hamid Baidinejad. «Nous allons poursuivre les discussions jusqu’à la conclusion d’un accord sur les points controversés», a-t-il ajouté.
Accord d’étape
Les négociateurs s’étaient fixés la date du 31 mars pour parvenir à un compromis historique sur ce dossier du nucléaire iranien qui plombe les relations internationales depuis 12 ans.
Les pays du P5 1 (États-Unis, Grande-Bretagne, Russie, Chine, France et Allemagne) et l’Iran tentent de parvenir à un accord d’étape ou à une entente de principe pour pouvoir continuer les négociations.
Ce compromis, dont on ignore encore la forme qu’il pourrait prendre (déclaration politique, document partiellement publié) constitue une étape fondamentale sur la route d’un accord final, avec tous les détails et annexes techniques, dont l’échéance a été fixée au 30 juin.
Points non résolus
L’objectif de l’accord est de s’assurer que l’Iran ne cherchera pas à se doter de la bombe atomique, en échange d’une levée des sanctions qui étranglent son économie. Les points clés qui grippent la négociation depuis des mois ne sont toujours pas complètement résolus.
En premier lieu, la durée de l’accord. Les grandes puissances souhaitent un cadre strict de contrôle des activités nucléaires iraniennes, particulièrement dans le domaine de la recherche et du développement, sur au moins 15 ans. Mais l’Iran ne veut pas s’engager au-delà de 10 ans.
La question de la levée des sanctions de l’ONU est aussi, depuis le début, un gros point de blocage. Les Iraniens voudraient voir tomber, dès la conclusion d’un accord, ces sanctions économiques et diplomatiques, jugées humiliantes. Or les grandes puissances veulent une levée graduelle de ces mesures liées à la prolifération nucléaire et prises depuis 2006 par le Conseil de sécurité de l’ONU.
«Beaucoup de questions liées aux sanctions réglées»
«Beaucoup de questions liées aux sanctions ont été réglées», a cependant assuré un haut négociateur iranien, Hamid Baïdinejad.
«Le détail de cela a été rédigé, mais nous sommes dans la phase finale des négociations et quelques aspects limités liés aux sanctions et quelques autres questions, notamment celle de la recherche et du développement sont toujours en discussion», a-t-il ajouté.
Les ennemis d’un accord s’activent
Un échec dans les prochaines heures ne signifierait pas automatiquement la rupture et la fin de toutes les négociations, soulignent les protagonistes de part et d’autre.
Mais tous s’accordent à dire que la situation serait beaucoup plus compliquée et difficile, un échec des discussions de Lausanne ne pouvant que conforter les opposants à un accord, de Washington à Téhéran, en passant par Jérusalem ou Riyad.
Pour la troisième journée consécutive, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, est monté au créneau, affirmant qu’un accord à Lausanne ouvrirait la voie à un Iran nucléaire. Il a juré qu’Israël ferait «tout» pour *défendre sa sécurité».
Le chef de la diplomatie saoudienne Saoud Al-Fayçal a pour sa part accusé les grandes puissances de «court-circuiter les intérêts des États de la région en faisant miroiter à l’Iran des bénéfices dont il ne pourra pas jouir sans coopérer avec les pays de la région».
(ats)