
Ces actes n’étaient pas revendiqués en fin de journée mais ils portent la marque des jihadistes du groupe Ansar Beït al-Maqdess qui a récemment fait allégeance à l’EI.
Des hommes équipés d’armes automatiques et de lance-roquettes ont attaqué à l’aube cinq postes de contrôle routiers de l’armée au sud de Cheikh Zuwaïd, près de Al-Arich, le chef-lieu de la province du Nord-Sinaï, selon la police. Au moins quinze militaires ont perdu la vie, ainsi qu’au moins deux civils.
Les soldats ont tué 15 assaillants dans les échanges de tirs qui ont suivi, selon des responsables de la sécurité. Les bilans concernant les assaillants tués ne peuvent toutefois pas être vérifiés de source indépendante.
Les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) multiplient les assauts audacieux et meurtriers contre l’armée et la police dans le nord du Sinaï. Cette péninsule se situe à la frontière avec Israël et le territoire palestinien de la bande de Gaza.
«Partisans de Jérusalem»
Le groupe Ansar Beït al-Maqdess («Partisans de Jérusalem» en arabe) a été créé en 2011 pour attaquer à coups de roquettes le territoire d’Israël voisin. Ses responsables affirmemt vouloir établir dans le Sinaï une «province» du «califat» proclamé par l’EI en Irak et en Syrie.
Ils assurent en outre s’en prendre aux forces de sécurité égyptiennes en représailles à la sanglante répression qui s’est abattue sur les partisans du président islamiste Mohamed Morsi après sa destitution par l’armée en juillet 2013.
Procès de masse
Selon le nouveau pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi, l’ex-chef de l’armée tombeur de M. Morsi, plus de 500 policiers et soldats ont été tués dans des attentats et attaques. Celles-ci ont été perpétrées essentiellement dans le Sinaï Nord depuis 2013.
Dans le même temps, soldats et policiers ont tué plus de 1400 manifestants pro-Morsi et emprisonné plus de 15’000 partisans du premier président élu démocratiquement en Egypte. Des centaines ont été condamnés à mort dans des procès de masse expédiés en quelques minutes et qualifiés par l’ONU de «sans précédent dans l’Histoire récente» du monde.
Quatre mois
Les attaques de jeudi surviennent quatre jours après que le président égyptien Sissi, qui la réclamait avec insistance depuis des mois, eut annoncé au sommet de la Ligue arabe la création d’une force conjointe pour combattre notamment «les groupes terroristes» dans la région.
Les chefs d’Etat de la Ligue arabe se sont mis d’accord pour créer en quatre mois cette force militaire permanente. La Ligue, et en particulier M. Sissi, insistaient depuis plusieurs mois pour qu’une telle force soit créée afin d’endiguer la progression de l’EI dans la région.
Coalition militaire
L’Egypte est considérée par les diplomates et les experts comme l’épine dorsale de cette force, si elle voit le jour. Cet Etat est le plus peuplé des pays arabes et dispose de l’armée la plus nombreuse et l’une des mieux armées de la région.
L’Egypte est menacée par l’EI à l’est, dans le Sinaï, mais aussi à sa frontière ouest avec la progression de la branche locale du groupe djihadiste dans une Libye en proie au chaos.
Le Caire participe en outre activement depuis une semaine à la coalition militaire emmenée par l’Arabie saoudite qui bombarde au Yémen les rebelles chiites Houthis liés à l’Iran.
Des divergences
Cette intervention d’une coalition arabe au Yémen, décidée et dirigée par l’Arabie saoudite, a cependant laissé apparaître certaines divergences de vues quant aux objectifs de la future force, annoncée au Caire. Celles-ci augurent mal de sa réalisation, selon les experts.
Ryad la considérerait selon eux comme une «force sunnite» destinée à faire pièce à l’influence de l’Iran, son éternel rival chiite, qui progresse en Irak, en Syrie, au Liban puis au Yémen. Alors que d’autres pays, Egypte en tête, la conçoivent prioritairement comme une force anti-Etat islamique.
(ats)