
Nikita Mikhalkov et Andreï Kontchalovski ont reçu 700 millions de roubles (13,4 millions de francs) sous forme de prêt garanti par l’Etat, après avoir adressé une demande de financement à Vladimir Poutine, selon le site d’information russe RBK. Les deux frères ont tous les deux été primés pour leurs films dans divers festivals occidentaux.
Dans leur lettre au président russe, les cinéastes expliquent que le but de leur entreprise est de «créer des alternatives aux chaînes de restauration rapide occidentales». «En considérant le caractère sociopolitique du projet, nous demandons que le gouvernement russe le soutienne», peut-on lire dans cette missive dévoilée par le quotidien «Kommersant».
Soutenir l’agriculture locale
Cette nouvelle chaîne, dont les restaurants seraient un mélange entre un café et une épicerie, sera nommée «Mangeons à la Maison». Ce titre est identique au nom d’une émission de télévision culinaire présentée par la femme de M. Kontchalovski.
Ce dernier a promis à la télévision russe de la nourriture «saine et bon marché». Les ingrédients seront achetés à 50% localement pour aider les agriculteurs russes.
Soupçons de favoritisme
Le projet a toutefois immédiatement suscité des soupçons de «copinage». Certains observateurs accusent les deux frères de vouloir jouer de leurs amitiés politiques pour écarter la concurrence.
«L’État n’interfère normalement pas dans l’industrie de la restauration», a écrit l’ancien ministre russe des Finances, Alexeï Koudrine. Il a ajouté que la demande des deux frères «créerait plus de problèmes pour le petit commerce russe (…) que pour McDonald’s».
Nikita Mikhalkov a réalisé, en 1994, le film «Soleil trompeur», primé aux Oscars et au festival de Cannes. Il est un ardent défenseur de la politique de M. Poutine et ses films ont profité du soutien de l’État.
La famille Mikhalkov a été proche des autorités russes, même à l’époque soviétique. Le père du réalisateur Sergueï Mikhalkov a écrit les paroles de l’hymne soviétique et de l’hymne russe.
Géant américain pas inquiet
McDonald’s fait office pour certains responsables russes de symbole de l’influence étrangère néfaste et de mode de vie malsain. Mais la chaîne de restauration rapide produit en réalité 85% de ses ingrédients en Russie.
Le géant américain a connu de nombreux démêlés avec la justice russe l’année dernière, certaines affaires ayant conduit à la fermeture temporaire de plusieurs de ses restaurants pour «fraude à la consommation». Le groupe ne s’est toutefois pas dit inquiet par l’initiative des deux frères.
(ats)