Royaume-Uni: Le conservateur Cameron courtise les travailleurs

 

En recul dans les sondages d’opinion à trois semaines de l’élection générale au Royaume-Uni, le conservateur David Cameron se devait de faire un coup d’éclat. Ce mardi, le premier ministre de droite s’est donc présenté comme le candidat «du parti des travailleurs». Son programme de campagne, promettant aux Britanniques une «bonne vie», vise à attirer les électeurs des classes moyennes inférieures déçus par les travaillistes ou à rassurer ceux tentés par un vote en faveur du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP).

David Cameron veut augmenter les crédits d’impôts destinés au paiement des crèches et élever le seuil d’exonération de l’impôt sur le revenu afin que «ceux qui travaillent trente heures par semaine au salaire minimum n’en paient pas».

Beaucoup plus controversé est le projet d’étendre le droit des habitants de logements sociaux à acheter leur domicile. «Vous avez travaillé dur, économisé, vous pouvez acheter le logement dans lequel vous vivez», lance-t-il. «Le rêve de devenir propriétaire est toujours vivant.» Mis en place en 1980 par Margaret Thatcher, ce programme a permis à plus de 3,3 millions de Britanniques de devenir propriétaires grâce à une remise sur les prix du marché. Un coup de maître qui a transformé ces électeurs travaillistes traditionnels en sympathisants du parti conservateur.

Tous les partis concurrents et de multiples associations ont dénoncé cette idée. «Etendre ce droit peut bénéficier à quelques rares chanceux mais n’aidera pas les millions qui louent dans le secteur privé à des tarifs inabordables», martèle l’organisation caritative Shelter, aux prises avec les problèmes de logement. «Vu le comportement de l’actuel gouvernement, cela signifie encore moins de logements accessibles aux générations futures.» Selon Shelter, seulement 2712 des 26 184 logements sociaux vendus depuis 2010 ont été remplacés.

Pour le directeur de l’Institut d’études fiscales Paul Johnson, qui évalue le programme des partis, «David Cameron a rappelé sa volonté d’avoir un budget bénéficiaire dès 2018. Cela implique des dizaines de milliards de coupes budgétaires ou de hausses d’impôts, avant même de commencer à parler de ses promesses de campagne, dont il n’a rien dit.» Les électeurs se soucieront-ils de ce «détail»?

(24 heures)