Naufrage d’un ferry en Corée du Sud: La présidente annonce le renflouage du Sewol

 

La présidente sud-coréenne Park Geun-Hye a promis jeudi que le ferry serait renfloué «dès que possible».

Elle n’a toutefois pas calmé la colère des familles, qui accusent les autorités d’indifférence.

«Je prendrai les mesures nécessaires pour récupérer le bateau dès que possible», a dit la présidente l’occasion d’une visite dans l’île de Jindo (sud). «Mon coeur saigne quand je pense aux neuf personnes toujours disparues dans les eaux froides de la mer et à leur famille», a-t-elle ajouté.

Le ferry surchargé a coulé le 16 avril 2014 au large de Jindo avec à son bord 476 personnes, dont 325 lycéens. Les familles, qui ne décolèrent toujours pas face aux errements d’un système qu’elles accusent de corruption et d’incompétence, ont refusé de rencontrer la cheffe de l’Etat.

Cérémonie boycottée

Les proches des victimes ont également boycotté une cérémonie officielle prévue dans l’après-midi. Yoo Gyoung-Geun, porte-parole des familles, a dit que celles-ci voulaient ainsi marquer leur réprobation. Elles veulent aussi des assurances concernant une autre de leurs exigences, une enquête totalement indépendante sur la catastrophe.

«J’ai bien peur que les mots de la présidente ne soient vides de sens», a-t-il dit. La présidente a aussi été empêchée de rendre hommage aux victimes près d’un autel spécialement construit sur le port de Jindo par les familles qui avaient érigé une barricade. De même, le Premier ministre Lee Wan-Koo n’a pu se rendre au hall de la mémoire d’Ansan.

L’enquête a mis en évidence une combinaison de facteurs, de la surcharge du navire à l’incompétence de l’équipage, en passant par des travaux d’agrandissement illégaux qui ont affaibli sa flottabilité. La lenteur des secours a également été mise en cause, de même que leur désorganisation.

Mais l’accident a aussi mis en exergue des problèmes endémiques de corruption et de normes de sécurité déficientes, imputées à la volonté des autorités de donner la priorité à la croissance économique avant toute autre considération.

Drapeaux en berne

A Ansan, les drapeaux étaient en berne, des rubans jaunes du souvenir flottaient au vent. A 10H00 (03H00 suisses), les sirènes ont retenti dans la ville tandis que ses habitants observaient une minute de silence.

Guère découragés par la pluie, bon nombre de Sud-Coréens se sont rendus dans un hall de la mémoire où s’affichaient des centaines de portraits des lycéens décédés.

Leurs proches sanglotaient, se frappaient la poitrine en déposant au pied de ces portraits qui des messages, qui des nounours ou même la nourriture favorite de leur enfant. «Mon fils, j’espère que tu es heureux là-haut. Tu manques tant à ta maman», pouvait-on lire sur l’un de ces mots.

Sur un écran géant, défilaient des photos des disparus. En dessous, une banderole proclamait: «nous sommes désolés, nous vous aimons, nous n’oublierons pas».

Pays «peu sûr»

Seuls 295 corps ont été récupérés par les sauveteurs alors que les plongeurs ont cessé leurs efforts pour retrouver les disparus en novembre. En Corée du Sud, la tradition confucéenne accorde une place primordiale aux funérailles, lesquelles marquent le respect aux défunts et garantit leur repos éternel.

Au lendemain de la tragédie, le gouvernement avait promis de remettre à plat les règles de sécurité en vigueur dans le pays. Mais bon nombre d’habitants estiment que ces promesses ont fait long feu.

«Rien n’a changé», écrivait jeudi le quotidien JoongAng dans un éditiorial. «Le pays reste peu sûr», renchérissait le Chosun Ilbo. Après les cérémonies d’Ansan, les Sud-Coréens devraient participer en grand nombre à une veillée aux chandelles prévue en soirée à Séoul.

(ats)