Drame: Sous le choc, Calais rend hommage à la petite Chloé

 

Environ 5000 personnes ont participé dans le recueillement jeudi 16 avril au soir à la marche blanche en mémoire de Chloé, neuf ans, enlevée, violée et tuée mercredi à Calais.

«On a compté environ 5000 participants à la fin de la manifestation», qui avait débuté vers 18 heures, a indiqué un porte-parole de la préfecture du Pas-de-Calais, selon qui l’itinéraire a dû être modifié en raison de l’affluence.

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«Une enfant qui ne voulait que vivre»

Natacha Bouchart, la maire de Calais, s’est adressée au micro à la foule, avant le départ de la marche : «Chloé n’était qu’une enfant, Chloé n’était que joie. Aujourd’hui, nous pleurons tous une enfant qui ne voulait que vivre». «Comment affronter notre douleur ?», s’est elle interrogée.

«Nous exprimons ensemble la douleur qui nous accable. Un destin terrible et injuste a fauché cette enfant qui ne nous sera jamais rendue», a-t-elle déclaré devant une foule émue.

Après un bref rassemblement devant l’hôtel de ville, les participants ont commencé leur marche en direction du quartier où Chloé a été enlevée, à quelques minutes à pied du centre-ville de Calais.

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«Repose en paix»

La famille de Chloé – ses parents, sa sœur et ses deux frères – ouvrait le défilé, très émue, portant des T-Shirts affichant le photo de la petite fille de neuf ans. La maire de Calais, Natacha Bouchart, était en tête de cortège.

Celui-ci a été très silencieux. Il était composé de quantité d’enfants, d’adolescents et de leurs parents, la plupart recueillis et le visage ferme, certains portant des roses jaunes pâles. Une seule banderole, «Repose en paix», a été brandie.

Journée douloureuse

A la fin du defilé, de retour devant l’Hôtel de Ville, la maire de Calais a de nouveau pris la parole pour «remercier du fond du coeur» l’assistance.

«Ma vie ne pouvait pas continuer mais je le fais pour elle (Chloé)», a déclaré Isabelle, la mère de la fillette, la voix troublée par les sanglots, avant d’entrer avec sa famille dans l’hôtel de ville en compagnie de la maire, Natacha Bouchart.

Ainsi se terminait journée douloureuse, qui avait commencé avec l’annonce par le procureur à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), Jean-Pierre Valensi, des aveux du suspect.

Aveux du suspect

Ce dernier, un Polonais de 38 ans, interpellé quelques minutes après la découverte du corps dénudé dans un bois, mercredi à 18 heures, a reconnu «immédiatement» en garde à vue «son implication dans le décès de l’enfant», a déclaré le magistrat

Il a raconté aux enquêteurs être arrivé le matin même à Calais pour aller voir sa sœur à Southampton en Angleterre, sans titre de transport.

Selon la justice polonaise interrogée par l’AFP, il venait d’être condamné fin mars à un an de prison ferme pour cambriolage, à Varsovie. Il n’était pas en détention préventive et avait encore quelques jours pour se présenter avant d’être considéré comme fugitif.

La fillette a voulu jouer avec lui

L’après-midi, poursuit le procureur, il décide de garer son véhicule, pour boire une bière. Chloé s’approche alors de lui et «l’arrose à l’aide d’un pistolet à eau».

Tout se passe alors très vite: il empoigne la fillette et la fait monter de force à l’arrière de sa voiture avant de gagner le bois Dubrulle, où l’agression sexuelle et la mort de la fillette auraient eu lieu.

Il présentait lors de son interpellation un taux d’alcoolémie de 0,57 mg par litre d’air expiré.

Mise au point concernant son statut

Le procureur a par ailleurs fait une mise au point au sujet de l’interdiction de territoire définitive signifiée en 2014 au suspect. La mesure est à l’origine d’un début de polémique à propos de sa présence à Calais.

Le suspect a été condamné deux fois -en 2004 à quatre ans de prison et en 2010 à six ans- par le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer pour, dans les deux cas, des extorsions avec violence, des vols aggravés et une séquestration ou tentative de séquestration.

Toutefois, a précisé le magistrat, l’interdiction du territoire français prononcée en 2014 par le même tribunal, n’était «pas applicable» au regard des infractions reprochées au délinquant polonais.

Seule l’extorsion aggravée et non l’extorsion simple reprochée au suspect était passible d’interdiction, selon un expert.

Discussion avec les autorités polonaises

Le suspect avait été remis le 27 mars 2014 aux autorités polonaises, en vertu d’un mandat d’arrêt européen «délivré par un juge d’instruction polonais pour des faits de vol et d’extorsion», a rapporté le procureur.

Auparavant, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait rappelé ces éléments, en prenant visiblement pour acquis la validité de l’interdiction de territoire.

Le ministre avait ajouté qu’une «discussion (était) en cours avec les autorités polonaises de manière à établir les conditions dans lesquelles cette interdiction du territoire a été enfreinte par le criminel en question», a-t-il ajouté.

«La vérité pour Chloé»

La sénatrice-maire de Calais, Natacha Bouchart, a confirmé que Bernard Cazeneuve lui avait assuré que Paris allait demander à la Pologne des informations sur le parcours du meurtrier présumé depuis son expulsion vers Varsovie en 2014.

«Je veux la vérité pour Chloé», a lancé l’élue UMP devant la presse.

Le Premier ministre Manuel Valls avait déjà promis un peu plus tôt que «toute la vérité sera(it) faite pour comprendre l’itinéraire» du suspect polonais. Sa garde à vue a été prolongée jeudi soir de 24 heures.

Les interrogatoires vont se poursuivre jusqu’à vendredi, a indiqué le parquet, soulignant sa volonté de «prendre le temps de boucler au mieux» l’enquête.

Une information judiciaire devait être ouverte pour enlèvement suivi de mort, et viol sur mineur de 15 ans.

(afp/Newsnet)