
Véritable «chaudière» atomique, la cuve du nouveau réacteur nucléaire de Flamanville (en Normandie) pourra-t-elle supporter les violents chocs thermiques du combustible et réussir à confiner la radioactivité? L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) n’en est pas du tout convaincue et exige une série de tests approfondis. La nouvelle est particulièrement alarmante pour l’Hexagone puisque cet EPR (ndlr: European Pressurized Reactor), installation nucléaire de troisième génération que construisent conjointement EDF et Areva depuis la fin de 2007, fait office de vitrine de l’industrie nationale.
Président du «gendarme nucléaire» français, Pierre-Franck Chevet a déclaré mercredi qu’il n’y aura pas de feu vert donné à la mise en service du réacteur avant d’avoir «une conviction forte, une quasi-certitude, une conviction absolue» sur la fiabilité de ce «composant crucial». Il a même ajouté: «Je ne présage en aucune manière de la décision qui sera prise, compte tenu de l’importance de l’anomalie, que je qualifie de sérieuse, voire très sérieuse», rapporte Le Monde.
Areva et EDF ont donc annoncé le lancement d’une nouvelle campagne d’essais du couvercle et du fond de ladite cuve, qui mesure 13 mètres de haut et un peu plus de 5 mètres de diamètre. Les résultats ne seront connus qu’en automne et devront alors être expertisés par les chercheurs de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Et s’il reste alors des doutes sur la fiabilité de la cuve pour les soixante ans à venir, «je ne vois pas d’autre solution que de la changer», assène Pierre-Franck Chevet.
Evidemment, cet éventuel remplacement entraînerait de nouveaux retards et surcoûts, alors que le calendrier a déjà dérivé de plus de cinq ans, rappelle Le Monde. A l’origine, il était en effet prévu de mettre en service l’EPR de Flamanville en 2012. Et en cas de nouvelles complications, il sera difficile de démarrer les installations en 2017. Sans même parler de la facture, qui est déjà passée de 3,3 à 8,5 milliards d’euros.
Reste à savoir si le remplacement d’une cuve est même techniquement possible. A l’IRSN, le directeur adjoint Thierry Charles répond par l’affirmative. De son côté, à Greenpeace France, Yannick Rousselet est convaincu du contraire. Suspense.
(24 heures)