Méditerannée: Le naufrage de dimanche a coûté la vie à 800 migrants

 

Le naufrage de dimanche 19 avril au large des côtes libyennes a fait 800 morts, ont annoncé mardi 21 avril des représentants du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) et de l’Organisation internationale pour les migrations (IOM). Seules 28 personnes ont survécu à la catastrophe.

«On peut dire que 800 personnes sont mortes», a déclaré Carlotta Sami, porte-parole du HCR en Italie, avant que le porte-parole de l’OIM, Flavio Di Giacomo, ne vienne confirmer cette estimation. Des représentants du HCR et de l’OIM ont pu interroger la plupart des 27 survivants arrivés dans le port sicilien vers minuit.

Capitaine et équipage arrêtés

La police italienne a annoncé dans la nuit que deux des survivants, un Tunisien et un Syrien soupçonnés d’avoir été le capitaine et un membre d’équipage du chalutier, avaient été arrêtés à bord du bateau des gardes-côtes. Un 28e survivant avait été transporté d’urgence dimanche en raison de son état de santé et était déjà hospitalisé à Catane.

«Nous avons confronté les témoignages, il y avait un peu plus de 800 personnes à bord, dont des enfants de 10, 12 ans. Il y avait des Syriens, environ 150 Erythréens, des Somaliens… Ils étaient partis samedi à 08 heures de Tripoli», en Libye, a expliqué Mme Sami.

Sommet extraordinaire

Selon le récit des survivants, le chalutier qui les transportait a chaviré sous l’effet d’un mouvement de foule alors qu’approchait un cargo portugais appelé à son secours. Les gardes-côtes italiens, qui ont repêché 24 corps et 28 survivants, n’ont pas confirmé le bilan.

L’Union européenne a décidé de tenir jeudi un sommet extraordinaire pour répondre en urgence au drame des migrants en Méditerranée, après une série noire de naufrages qui ont fait des centaines de morts depuis le début de l’année.

«Nous ne pouvons pas continuer comme cela, nous ne pouvons accepter que des centaines de personnes meurent en essayant de traverser la mer pour venir en Europe», a affirmé le président du Conseil européen, Donald Tusk, en annonçant la réunion extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement jeudi.

Elle avait été demandée par le premier ministre italien, Matteo Renzi, après le naufrage de dimanche. Mais Donald Tusk a prévenu «ne pas attendre de solutions rapides aux causes profondes des migrations, parce qu’il n’y en a pas». «S’il y en avait, nous les aurions mises en œuvre depuis longtemps», a-t-il insisté.

Surveillance maritime

«Si nous n’agissons pas maintenant, la crise va prendre des proportions dangereuses dans les mois qui viennent», a prévenu le commissaire européen en charge du dossier, Dimitris Avramopoulos, en détaillant un plan d’action en dix points qui servira jeudi de «base de travail» aux dirigeants.

Ce plan a été soumis lundi aux ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur de l’UE. Il prévoit le doublement des moyens pour la mission de surveillance maritime Triton, qui pourra patrouiller dans une zone plus large et devra participer aux secours.

Une mesure plus audacieuse, de capture et de destruction des bateaux utilisés par les trafiquants, est également envisagée. Elle devra toutefois recevoir le feu vert de l’ONU et vaincre les réticences de certaines capitales, notamment Londres.

«Nous n’avons plus d’alibi», a lancé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. «Les tragédies de ces derniers jours, de ces derniers mois, de ces dernières années, c’en est trop».

(afp/Newsnet)