
Il faut laisser ouvertes des voies légales et sûres pour éviter les naufrages répétés de bateaux de migrants en Méditerranée.
«Croire qu’on décourage les migrants en les laissant se noyer est une idée immorale et futile», a affirmé un porte-parole du Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) William Spindler, lors d’un débat organisé lundi 20 avril au Club suisse de la presse.
Complètement désespérés
Le représentant du HCR a expliqué que les migrants connaissent les dangers d’une traversée de la Méditerranée. Mais ils ne renoncent pas, car ils sont complètement désespérés.
Il a estimé que l’UE a fait un faux calcul en mettant fin à l’opération Mare Nostrum l’an dernier, pour éviter qu’une opération de sauvetage efficace provoque un appel d’air attirant de plus en plus de migrants en Europe.
Des voies légales nécessaires
Pour éviter les drames répétés, il faut que les pays européens permettent aux demandeurs d’asile de venir par des voies légales et sûres, a souligné le porte-parole du HCR. Un point de vue partagé par Amnesty International.
«Les migrants prêts à s’embarquer savent qu’ils prennent des risques inimaginables. En plus ils dépensent de fortes sommes, c’est beaucoup plus cher que de prendre un avion. Si l’on leur laissait la possibilité d’un accès légal, ils ne se lanceraient pas dans ce voyage périlleux», a déclaré la directrice de la section suisse d’Amnesty Manon Schick.
Elle s’est déclarée «extrêmement choquée» par les drames de ces derniers jours au cours desquels plus d’un millier de migrants auraient perdu la vie en Méditerranée et affirmé que ces morts auraient pu être évités. «Un système coordonné de sauvetage en mer est très important», a-t-elle affirmé.
Clair durcissement
William Spindler a souligné que l’Europe a fait preuve, dans le passé, d’une politique d’accueil beaucoup plus généreuse, par exemple dans les années 50 lors de la révolution hongroise, dans les années 70 lors de la guerre au Vietnam ou dans les années 90 en réaction aux conflits dans les Balkans. A cette époque, l’Europe a accueilli 700’000 réfugiés bosniaques.
«Aujourd’hui, nous demandons 130’000 places de réinstallation pour les Syriens en deux ans. C’est très peu pour un continent de 500 millions d’habitants», a dit M. Spindler.
«Il y a un clair durcissement de la politique d’asile en Europe», a dénoncé le porte-parole du HCR. Des représentants de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) et du Centre social protestant (CSP) lui ont fait écho.
«Les restrictions d’accès sont de plus en plus sévères», a déploré Constantin Hruschka, chef du service juridique de l’OSAR. Il a dénoncé le «jeu des Etats» qui n’appliquent pas les règles qu’ils ont adoptées.
Perception négative
Pour Aldo Brina, chargé de projet au CSP, la perception des demandeurs d’asile est clairement négative dans l’opinion en Europe et cela pousse au durcissement des conditions d’accueil administratives. Il a critiqué la tendance générale à créer des centres de détention pour les requérants, à l’instar de l’Australie ou de Malte.
Clothilde Terrien, juriste au Comité français d’aide aux réfugiés, a dénoncé les multiples difficultés d’accès au système d’asile en France. Le débat au Club suisse de la presse était organisé par le Centre International pour la Paix et les Droits de l’homme (CIPADH), une nouvelle association créée l’automne dernier à Genève.
( /ats/Newsnet)