Attentat déjoué en France: A Villejuif, «on a évité un carnage…»

 

Un curé, douze fidèles: une messe du mercredi matin comme les autres à Villejuif dans la banlieue parisienne sud. Ou presque. La police est là aussi, venue sécuriser l’une des deux églises de la ville où un jihadiste, arrêté dimanche, avait projeté un attentat. «On a évité un carnage…», tremble le prêtre. «Il y avait trois policiers quand je suis arrivé ce matin. Je leur ai à peine parlé. Je me suis dit qu’il y avait juste une rumeur», témoigne Philippe Louveau, le curé de Saint-Cyr-Sainte-Julitte, la principale église de la ville.

Le Premier ministre français Manuel Valls a déclaré mercredi que c’était «les chrétiens, les catholiques de France» qui étaient visés par le projet d’attentat déjoué dimanche. Il devait cibler une église, «symbole de la France». «Vouloir s’en prendre à une église, c’est s’en prendre à un symbole de la France, c’est l’essence même de la France qu’on a sans doute voulu viser», a ajouté Manuel Valls, à Villejuif en banlieue parisienne. Il avait auparavant visité deux églises évoquées dans le projet d’attentat d’un jeune Algérien arrêté dimanche à Paris.

Peu après l’office, en milieu de matinée, ce petit homme aux cheveux blancs apprend avec stupeur, par l’un de ses paroissiens, l’origine de la présence policière: un islamiste de 24 ans, arrêté dimanche matin, prévoyait de commettre un attentat contre deux églises de la ville, dont la sienne. L’homme est aussi soupçonné de l’assassinat d’une jeune femme de 32 ans, Aurélie Châtelain, retrouvée tuée d’une balle dans sa voiture, le dimanche de l’arrestation, à seulement deux kilomètres de là.

Philippe Louveau frémit en imaginant cet homme –chez qui de nombreuses armes ont été trouvées– un dimanche à la sortie de la messe, sur la place de la mairie, devant son église, la plus grande et la plus centrale de la ville. «Le dimanche, elle est pleine, 300 personnes», explique-t-il, entre deux messages téléphoniques de paroissiens inquiets. «Si des cinglés sont à ce point fanatisés pour tuer des enfants juifs, musulmans ou chrétiens, je ne vois pas comment on pourrait le prévoir…» «Ça devient grave s’ils s’en prennent aux églises», renchérit une habituée de la paroisse, à l’ombre du petit clocher, bâti entre le XIIIe et le XVIe siècle.

Rassurer la population

Une autre paroissienne, Annie Saavedra, croix dorée et «médaille de Saint-Christophe» autour du cou: «Tout ça, ça donne pas envie de sortir dans la rue. On peut se faire tirer dessus à n’importe quel moment», Le maire de la ville lui-même, Franck Le Bohellec (UMP, opposition de droite) confesse avoir ressenti «une crainte, une peur» quand il a découvert ces projets d’attentat. «Mais aujourd’hui, je suis là pour rassurer la population», ajoute-t-il, soulignant que des renforts policiers patrouillent déjà dans sa ville, qui compte quatre églises catholiques et une église copte.

Parmi elles, Sainte-Thérèse, la deuxième église visée par le jihadiste selon l’enquête, un petit bâtiment en briques rouges, planté dans une rue étroite du nord de Villejuif. Elle était fermée mercredi matin. A Saint-Cyr-Sainte-Julitte, en revanche, pas question de fermer les portes. Le curé s’y refuse. Il a même célébré un enterrement dans l’après-midi. «Ne sombrons pas dans la psychose.»

(afp)