
L’USAID PGP organise une caravane de la presse du 10 au 18 mai 2015 dans les sites aurifères avec une trentaine de journalistes venus d’horizons divers pour favoriser l’accés à l’information, à la sensibilisation des communautés et des populations sur l’ITIE (‘Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives).
L’appui aux médias locaux et nationaux pour favoriser l’information et la sensibilisation des communautés et des populations sur l’évolution du processus ITIE constitue un des cinq axes stratégiques ciblés par le Programme Gouvernance et Paix au Sénégal financé par l’USAID et exécuté par FHI360. C’est dans ce sens, de concert avec les journalistes, l’USAID/PGP entend examiner les possibilités de développer un axe de vulgarisation des normes ITIE et des contenus des rapports ITIE. Un plan de communication est retenu en vue de maintenir le leadership en matière d’information et de sensibilisation des populations et de les aider à développer une culture de participation citoyenne à la gestion des industries extractives, outil de lutte contre la pauvreté.
En effet, après la tenue de l’atelier organisé par l’AJRF et USAID-PGP du 27 au 29 mars 2015 à Kédougou et dont le thème portait sur : « Techniques de Journalisme d’Investigation et l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives ITIE », l’idée d’organiser un voyage de presse dans les zones minières a été retenue dans les recommandations.
Ce voyage permettra aux journalistes des régions minières d’aller sur le terrain à la rencontre des populations, des autorités administratives, des élus locaux, de la société civile et des sociétés minières pour constater de visu si la transparence et la redevabilté dans les industries extractives sont une réalité dans la région minière de Kédougou.
Comme l’arachide, l’or a son marché parallèle. Le commerce de l’or se fait souvent au noir. Le métal précieux est acheté principalement par des acheteurs venus d’horizons divers avec des valises bourrées de billets de banque. Ces derniers fixent les prix en fonction des cours de l’or au marché de Dakar. Actuellement, les orpailleurs vendent le gramme à 20 500 F CFA sur place. « Il est préférable de vendre à ces acheteurs, car si nous nous rendons à Dakar l’or est retravaillé et nous risquons de prendre au change quelques grammes». Devant l’absence de circuit formel, des correspondants régionaux à Kédougou informent que certains orpailleurs qui tombent sur de gros lingots se rendent la plupart du temps au Mali ou en Guinée pour écouler leurs productions. «Dans ces pays, ils peuvent avoir de meilleurs prix », disent-ils. Face à cette situation Seïba Keïta approuve la volonté exprimée par le ministre de mettre en place des comptoirs d’achat d’or. Ces sommes d’argent suscitent souvent la convoitise de brigands. Plusieurs cas d’agression sur des vendeurs d’or sont notés à Kédougou.
Actuellement, ni le chef de village ni les autorités de la région ne connaissent les quantités et les qualités produites dans la totalité des 18 périmètres où s’activent 4.000 orpailleurs officiellement recensés. Mais les sommes colossales qui circulent dans les systèmes de transfert témoignent de l’importance de la production.
Un opérateur du système Wari couramment utilisé à Kharakhena avoue faire un chiffre d’affaires journalier de 500 000 F CFA les jours ordinaires et 1,5 million de F CFA les lundi et vendredi. Au mois de février le préfet de Saraya, M. Ndao situait le volume des transferts à 175 millions au mois de mai 2014. Un chiffre qui s’est effondré à 28 millions en novembre de la même année, eu égard à la fermeture des diouras. Ces chiffres constituent presque les seuls indices sur l’argent généré par l’activité aurifère.
C’est dans cette opacité qu’évolue l’activité d’orpaillage. En attendant l’organisation du secteur, les travailleurs turbinent péniblement. Ils procèdent au concassage et au rinçage du sable pour extraire des pépites d’or. Chacun s’active avec une ferveur religieuse dans l’espoir de toucher le graal. Mais les quantités ne sont jamais connues.
Dans le domaine de l’activité aurifère, un long chemin reste à parcourir pour établir une transparence dans l’exploitation de cette ressource. A l’heure actuelle, il est presque impossible de connaître avec exactitude la quantité d’or produite par le pays. Depuis la production du premier lingot d’or au premier trimestre 2009, la quantité de métal jaune extraite des entrailles du sous-sol sénégalais demeure un mystère insondable. L’opacité s’est accentuée ces dernières années à la faveur du regain d’intérêt pour ce secteur. Tant pour l’exploitation industrielle que pour l’orpaillage traditionnel. Les chiffres varient d’’une source à une autre. Les données fournies par Teranga gold operation (TGO), seule société exploitante d’or au Sénégal ne concordent pas avec celles de la direction des mines et de la géologie. Une situation qui devrait connaitre une nette amélioration avec la publication prochaine par le Sénégal de son premier rapport de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). L’adhésion du pays à l’ITIE l’oblige à publier des informations plus fiables sur le secteur.
L’absence d’informations concordantes constatées dans l’exploitation industrielle est encore plus prononcée dans l’orpaillage traditionnel où il n’existe aucun moyen de quantifier l’or produit. Pourtant dans la politique de réorganisation de cette activité, les autorités espéraient apporter un léger mieux dans la fiabilité des informations relatives aux quantités d’or produites par les orpailleurs. « La vente de l’or produit par les orpailleurs est un maillon très important. C’est pourquoi nous envisageons une rencontre avec les orpailleurs afin de discuter des dispositions à prendre pour ouvrir à Kédougou des comptoirs d’achat d’or », annonçait le ministre des Mines, Aly Ngouye Ndiaye au mois de février dernier. Une intention réitérée un mois plus tard par le directeur général des Mines et de la Géologie du Sénégal, Ousmane Cissé dans un entretien accordé au mensuel Alkuma. «Désormais, la commercialisation des produits miniers précieux issus de l’orpaillage et de la petite mine sera faite à travers les comptoirs d’achat et de vente. Les comptoirs peuvent être ouverts par toute personne intéressée après avoir démontré suffisamment de capacités techniques et financières », soutenait-il.
Pour l’heure cette volonté exprimée par l’autorité est à l’état de projet. Après sept mois de fermeture des diouras et l’établissement de cartes d’orpailleurs, la situation n’a pas changé. « Après le partage du sable extrait des dama, chacun traite sa part chez lui, mais personne ne déclare la quantité d’or produit », reconnaît Seïba Keïta, chef de village de Kharakhena, le plus grand site d’orpaillage à Kédougou.
Aliou Sall,Mamadou L Barro (AJRF) , bakelinfo.com /