
Selon les premiers éléments, une trentaine de clubs de Lega Pro (3e division) et de Serie D (4e division) sont impliqués dans cet énième scandale de «calcioscommesse», en lien avec la Ndrangheta, la mafia calabraise.
La ligue, Sky et Mediaset perquisitionnés
Le bureau de la tutelle des marchés et l’Autorité de la concurrence, dépendant de la «Guardia di Finanza» (police financière), mènent leurs investigations sur la vente droits télés du Championnat d’Italie pour la saison 2015-18, effectuée par la Lega en juin 2014. Des documents ont été saisis à la Lega, dans l’entreprise chargée de la vente des droits, Infront, et dans les locaux des TV payantes Sky Italia, RTI, Mediaset et Mediaset Premium.
En juin 2014, Sky a acheté l’intégralité les 380 matches de Serie A pour 572 millions d’euros, Mediaset a obtenu 85% de la Serie A, avec l’essentiel des grands clubs pour 373 M EUR. Mais Mediaset, la chaîne de l’ex-président du Conseil Silvio Berlusconi, n’avait proposé que la troisième offre pour ce lot, derrière Sky et Fox. Les présidents de clubs espéraient obtenir 1076 M EUR par an et ont dû se contenter de 945 M EUR, un manque à gagner de 131 M EUR.
L’enquête porte sur un soupçon d’entente entre Sky et Mediaset, avec l’accord d’Infront et de la Ligue, pour laisser l’essentiel de la Serie A à Mediaset et payer moins que ne l’espéraient les clubs.
Mardi, sur ordre du parquet de Catanzaro (sud) et de l’Anti-mafia, une vaste opération de police, baptisée «Dirty Soccer» (football sale), a débuté à l’aube.
La mafia au centre de l’attention
Des présidents, des dirigeants et des joueurs de ces équipes, situées dans dix régions italiennes, tant au nord qu’au sud de la Botte, au total, une cinquantaine de personnes ont été arrêtés. Il y a plusieurs mois, le parquet de Catanzaro avait ouvert une enquête pour «association de malfaiteurs» et «fraude sportive, en lien avec une entreprise mafieuse».
En tout, quelque 80 personnes sont mises en cause et les matches truqués, comptant pour la saison en cours, se comptent par dizaines.
L’enquête est partie des écoutes téléphoniques de Pietro Iannazzo, un des chefs de la Ndrangheta de Lamezia Terme (sud), considérée par les enquêteurs comme un clan «d’élite de la mafia entrepreneuriale».
Le procureur de Catanzaro, Vincenzo Lombardo, a évoqué lors d’une conférence de presse des ramifications vers l’étranger, Serbie, Slovénie, Malte et Albanie. Il a également mentionné l’implication des clubs de Pro Patria (3e div.) et Neapolis Mugnano (4e div.). Le préfet de Catanzaro, Giuseppe Racca, a assuré que le président de Neapolis, Mario Moxedano, était «très connu du milieu».
Les derniers scandales encore dans les mémoires
Pro Patria avait déjà défrayé la chronique : il s’agit du club de Busto Arsizio, dont quelques tifosi avaient adressé des insultes racistes au Ghanéen Kevin-Prince Boateng en janvier 2013, quand il jouait à l’AC Milan.
Dernier scandale majeur à avoir éclaboussé le football italien, en juin 2011, le «Calcioscommesse» n’est toujours pas résolu. Il fait suite à deux autres affaires retentissantes, le «Totonero» en 1980 et le «Calciopoli» en 2006. A chaque fois, ces affaires mettent en évidence un lien entre football, argent sale et crime organisé.
Le «Calcioscommesse» a été organisé par des parieurs qui influent surtout sur des petits faits de jeu, le nombre de buts marqués ou le premier but, plus difficiles à détecter par la police que l’achat pur et simple de la victoire ou du match nul.
Ce scandale concerne surtout des matches de divisions inférieures, mais éclabousse également la première division (Serie A). Le scandale «Totonero» concernait déjà les paris et avait coûté une rétrogradation à l’AC Milan et deux ans de suspension à l’attaquant de l’équipe nationale, Paolo Rossi.
En 2006, le plus grand club du pays, la Juventus Turin, se choisissait des arbitres complaisants dans l’affaire dite du «Calciopoli», et avait elle aussi été reléguée en Serie B (2e div.).
(afp)