Los Angeles accroît son salaire minimum

 

L’avenir s’est éclairci pour Mary la semaine dernière. La ville de Los Angeles a annoncé qu’elle augmenterait d’ici à 2020 à quinze dollars par heure le salaire minimum pour les travailleurs comme Mary, ce qui correspond à une augmentation progressive de six dollars par heure sur cinq ans. «Je suis contente», réagit l’employée d’un grossiste de légumes de Los Angeles avant de nuancer: «Cela va prendre encore du temps et j’espère qu’ils ne changeront pas la loi d’ici là.

Gilbert Cedillo, un membre du Conseil municipal de Los Angeles qui s’est beaucoup investi pour la hausse du salaire minimum, reconnaît que la démarche de la deuxième plus grande ville des Etats-Unis comprend des risques: «Nous voulions absolument trouver le bon salaire minimum pour permettre aux gens de pouvoir vivre décemment tout en évitant de créer du chômage. Car si nous l’augmentions trop ou trop rapidement, nous courrions le risque que les entreprises déménagent».

Grand impact aux Etats-Unis
Le conseiller municipal est convaincu que la décision de Los Angeles aura un impact sur le reste des Etats-Unis à l’heure où le débat sur le salaire minimum fait rage au Congrès. Malgré la reprise de l’économie et un taux de chômage qui ne cesse de baisser depuis plusieurs mois, les salaires n’augmentent que timidement. Au premier trimestre de cette année, ils ont enregistré une hausse de 0,7%.

Ce phénomène bénéficie surtout aux Américains les plus riches. Entre 2008 et 2012, ces derniers ont gagné non moins de 8300 dollars de plus en moyenne par an. En bas de l’échelle des salaires, les 20% des Américains les plus pauvres ont, eux, engrangé en moyenne 275 dollars de moins par an.

Universitaires gagnants
«Au cours des trente dernières années, la valeur réelle des salaires n’a pas augmenté aux Etats-Unis», explique Ariane Hegewisch, une experte à l’Institution for Women’s policy Research à Washington. «Les diplômés d’université sont les seuls qui s’en sortent mieux, car les employeurs ont une réserve quasiment inépuisable de main-d’œuvre bon marché pour les emplois peu qualifiés».

En Californie, Andrea, une avocate, confirme l’amélioration des conditions pour les employés très spécialisés. «Je n’ai jamais gagné autant qu’aujourd’hui», glisse la salariée. A l’autre bout des Etats-Unis et de l’échelle des revenus, Jenny, une jeune femme qui s’apprête à travailler dans un hypermarché en Floride, regarde avec envie ce qui se passe à Los Angeles. «Si seulement, ils pouvaient faire la même chose ici», glisse l’employée qui gagne dix dollars de l’heure.

Au Congrès, la proposition démocrate de généraliser le salaire minimum à 10.10 dollars de l’heure, est bloquée par la majorité conservatrice et le SMIC est scotché à 7.25 dollars de l’heure depuis 6 ans. A la fin du mois dernier, la Sénatrice démocrate Patty Murray a néanmoins introduit un nouveau projet de loi qui augmenterait progressivement le salaire minimum à douze dollars de l’heure d’ici 2020 et bénéficierait à 38 millions d’Américains.

La proposition est soutenue par plusieurs entrepreneurs dont Chris Sommers, le co-fondateur de la chaîne Pi Pizzeria. «Les patrons ne créent pas des emplois en ayant plus d’argent dans leurs poches grâce à des bas salaires», assure-t-il. «Nous créons des emplois lorsque les gens ont plus d’argent à dépenser dans nos commerces».

L’exemple de Costco
Holly Sklar, la directrice du groupe Businesses for a fair minimum wage, assure qu’il y a une «logique» de sa coalition d’entrepreneurs en faveur de la hausse du Smic.

«Les entreprises qui paient mal, gaspillent beaucoup de ressources en formation car il y a un turnover incessant. L’exemple de Costco et Walmart (ndlr: deux des principales chaînes d’hypermarchés outre-Atlantique) est évocateur. Costco paie ses employés au moins 11.50 dollars de l’heure, soit 1.50 dollars de plus que ce que Walmart a l’intention de faire en 2016. Et la direction de Costco affirme qu’elle rentabilise tout l’argent investi dans ses salariés».

(24 heures.ch)