
Les sites d’orpaillage seront fermés au mois de juin au profit de l’agriculture. C’est le député Sadio Dansokho qui en fait la révélation. Lui qui est par ailleurs président du conseil départemental de Saraya. Dans cette interview qu’il nous a accordée à l’occasion de la caravane de presse de l’Association des journalistes en régions frontalières (Ajrf) en partenariat avec l’USAID/PGP, le député s’est fait formel : « la manne financière générée par l’or ne profite pas à la population ». L’élu de Saraya est revenu aussi sur le code minier et le comportement « répréhensible » de certaines sociétés minières.
Monsieur le président et honorable député comment se porte l’exploitation de l’or à Saraya ?
On peut dire que cette activité se passe avec beaucoup de problèmes. Les populations ne bénéficient pas des retombées de l’exploitation, plus particulièrement le département de Saraya. Alors que nous nous comptions sur l’exploitation de l’or pour impulser le développement de notre région. C’est vraiment un désespoir pour les populations. La plupart des richesses minières du Sénégal proviennent de Kédougou mais la région croule sous la pauvreté. Ce n’est pas normal que les populations restent en rade. Ici tout est urgent : le désenclavement, les services sociaux de bases, etc. Ce qui me fait dire que cette exploitation minière est sources paradoxalement de beaucoup de difficultés
En tant que parlementaire est- ce que vous avez eu à déplorer cela au niveau de l’Assemblée nationale ?
Au Parlement, nous avons toujours fustigé cet état de fait. On est allé jusqu’ à dire au ministre des Mines de réserver une manne financière à la région de Kédougou pour accompagner son développement ? Ce combat nous le menons ensemble avec tous les honorables députés et les élus, qu’ils soient à l’Assemblée ou dans les Collectivités locales. Nous sommes aux côtés des populations de Kédougou pour qu’un jour elles puissent bénéficier des retombées minières.
La plupart des sociétés minières affirme s’acquitter de leurs devoirs auprès du pouvoir central…
Nous ne pouvons pas croire à ces allégations. Aujourd’hui, je peux vous dire qu’à Sabodala Bassari Ressources ou encore Africa Gold, les exploitations sont en train de se faire. Ils disent qu’ils explorent alors qu’en réalité ils exploitent chaque jour. Ces sociétés extraient des tonnes et des tonnes d’or dans le sous-sol de Kédougou. Nous demandons à l’Etat de prendre ses responsabilités afin que les populations bénéficient des retombées. Le contraste entre le campement de Sabodala et le village proprement dit en dit long.
Avec la révision du code minier pensez-vous à des lendemains meilleurs ?
Oui, il y a quand même espoir si les textes sont appliqués. Le nouveau code prend en charge la plupart des préoccupations.
Quelles sont les activités que les sociétés minières sont en train de mener dans le département de Saraya ?
Généralement, quand vous voyez les sociétés elles disent, dans le cadre de leur Responsabilités sociétales, c’est à partir des taxes et redevances que l’état programme des activités. ITATO (ndlr : un village abritant les domaines agricoles communautaires) par exemple, a été financé à hauteur de cinq cent millions. Ils construisent des forages et des cases de santé, ce que je leur aurais suggéré, c’est qu’ils accompagnent le désenclavement. Mais ils disent que ce n’est pas de leur ressort de construire des routes. Le tronçon Bembou Sabodala est un calvaire.
En matière de sécurité alimentaire votre département est le plus pauvre du Sénégal, car l’agriculture est délaissée au profit de l’orpaillage…
Oui, les gens déplorent la régression de cette activité, mais ils ont des problèmes au niveau des méthodes culturales encore rudimentaires. Si l’Etat veut rehausser la production, il faut doter les gens de charrues, de machines ou de tracteurs. Là, je suis sûr que beaucoup abandonneraient l’orpaillage pour l’agriculture, car l’orpaillage est une sorte de loterie.
En tant que parlementaire, avez-vous mené des sensibilisations pour faire comprendre que l’avenir de Saraya ne repose pas sur l’or, mais plutôt sur l’agriculture ?
Absolument ! Il y a deux jours, j’étais dans les sites. Je leur ai dit de préparer les champs et de faire comprendre que c’est l’agriculture qui peut impulser le développement parce que les placers seront fermés à partir du mois de juin.
Quelle a été la réaction des populations dès l’annonce de cette nouvelle ?
Elle a été bien accueillie par les agriculteurs, les autres ont mal apprécié, mais sur cent orpailleurs les quatre vingt-dix ont donné raison à l’Etat. Il faut que les gens cultivent pour vivre aisément.
Honorable, sur quelles bases les couloirs ont été octroyés à Kharakhéna. Les mineurs déplorent qu’on leur ait donné un couloir au sol pauvre contrairement à ce qu’ils avaient ?
Au sujet de l’octroi, je n’ai aucune information. Nous avons été voir le ministre en rapport avec la direction régionale des mines qui a demandé à Africa Gold de mettre à la disposition des mineurs un couloir. Y a-t-il de l’or ou pas ? Je ne suis pas expert en la matière. Dans tous les cas, nous sommes avec les populations.
Est-ce que Kharakhéna est au courant d’une éventuelle fermeture ?
Bon, ils sont informés. Je peux affirmer que la plupart sont au courant depuis l’année passée. Les placers ne seront fonctionnels qu’en saison sèche ? Nous avons joué notre rôle d’informateur.
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