Kédougou : le “madd” pourrit, il faut mettre fin à la souffrance des femmes et des….

Faute d’unités de transformation au niveau local, cette filière de collecte et de commercialisation du madd ou « sabba sénégalensis » ne profite souvent qu’à une portion de la population. Chaque année, la collecte des madds mobilise des milliers de femmes, d’hommes, de jeunes et d’enfants dans les villages de la région de Kédougou. Elles sont nombreuses ces femmes du monde rural à collecter d’importantes quantités de madd qu’elles acheminent vers Kédougou en vue de leur commercialisation. « Dans nos villages, ce sont les jeunes et les enfants qui vont récolter le madd en brousse. Ils nous vendent le sac de madd à 2500 FCFA et la bassine à 1500 FCFA. Nous achetons quelques sacs ou bassines et nous payons 500 FCFA par sac de madd pour le transport et 500 FCFA par personne pour notre billet. Une fois à Kédougou, nous revendons le sac de madd à 3000 FCFA et la bassine à 2000 FCFA .Il est quasiment difficile d’évaluer notre bénéfice journalier.vec le bénéfice. Avec le peu d’argent que nous gagnons, nous achetons des condiments, du savon entre autres. Parfois, si le madd n’est pas vendu nous restons toute la journée sans manger » a témoigné Diouma Souaré, en provenance de la commune de Dimboli. Le madd pourrit à Kédougou, une perte pour les femmes et les animaux sauvages
Juste à côté, la dame Mariama Diallo qui vient de recevoir des sacs de madd, un colis en provenance de Fongolimbi semble désespérée. Répondant à peine à nos questions, elle continue à trier son madd.

madd
« C’est mon amie Salimata Keita qui m’a envoyé ces sacs de madd. Elle avait acheté ces deux sacs à Fongolimbi. Je viens de recevoir le colis mais malheureusement la totalité des sacs est pourrie. C’est un travail difficile. Si les femmes avaient des unités de transformation dans leurs villages tout ce madd ne serait pas jeté dans la poubelle » a-t-elle déploré.
Elle continuait son tri, regroupant le bon madd d’une part et le mauvais madd d’autre part non sans poursuivre sa description du calvaire vécu par les femmes qui s’activent dans ce commerce. Au même moment, pour permettre aux vendeurs et aux acheteurs de rester dans un environnement sain l’équipe de la commission environnement de la mairie de Kédougou s’attelait au ramassage de toutes les ordures. Tous les fruits pourris qui jonchaient le sol passaient dans le camion de ramassage des ordures. Ce qui constitue une perte pour les femmes et pour les animaux sauvages qui se voient privés d’une partie de leur nourriture.
« Moi, je viens de Fongolimbi, j’achète le madd dans les mains des jeunes, des hommes qui vont les cueillir dans la brousse. Lorsque j’arrive à obtenir une grande quantité, je l’évacue vers le marché central de Kédougou. C’est une activité commerciale qui n’est pas aussi rentable. Parfois, je me retrouve avec un bénéfice journalier de 200 FCFA » a confié Mme Hawa Diallo en provenance de Fongolimbi.
Les intermédiaires dictent leurs lois à ces pauvres femmes
Faute d’acheteurs, ces braves dames sont souvent à la merci des intermédiaires et autres commerçants véreux qui rachètent leurs produits à vils prix pour aller les revendre beaucoup plus chers ailleurs.
« Nous sommes souvent obligées de vendre à perte. Nous achetons la bassine à 1500 FCFA et les acheteurs nous obligent à leur revendre à 1500 FCFA sans tenir compte du transport que nous payons à raison de 250 FCFA la bassine » a précisé Mme Hawa Diallo en provenance de Fongolimbi.
Les femmes de Fongolimbi et de Dimboli sollicitent de l’Etat et des partenaires au Développement la mise en place d’unités de transformation dans leurs villages respectifs pour mettre fin à ce diktat des intermédiaires.

Adama Diaby à Kédougou pour xibaaru.com