Chronique- Et si on en parlait… Pourquoi Macky Sall ne peut avoir un gouvernement restreint

En Afrique, le Sénégal est l’un pays dont les gouvernements sont démesurément pléthoriques et la situation est pire avec Macky Sall qui avait pourtant axé l’essentiel de sa campagne sur la rupture. Mais, ce débat de rupture, de gouvernance sobre et vertueuse, de patrie sur le parti est clos.

La réalité politique, la nature de la classe politique et la conception alimentaire que celle-ci a du pouvoir sont telles que Macky Sall ne pourra jamais opérer une rupture. Son gouvernement est déjà d’un nombre excessif et abusif. Et trois raisons l’expliquent.

La première est une absence de vision politique cohérente et prospective causée par la nature sauce gombo de la majorité présidentielle où chaque parti a sa façon de faire et de voir qui, parfois même, diffère de celle de Macky Sall. Chaque ministre, aussi bien de l’Apr que des autres partis alliés, a son agenda avec un cabinet partisan.

Malgré les apparences, une cohérence politique et programmatique est impossible. L’homogénéité institutionnelle n’est qu’une parodie qui se trahit une fois un ministre défénestré. Cheikh Bamba Dièye en donne un exemple. Quand il fut ministre, tout allait bien et mieux dans le sillage des instructions de Macky Sall. Aujourd’hui, n’y étant plus, la situation est alors pour lui désastreuse.

Par ailleurs, Macky Sall essaie d’innover, mais avec une maladresse qui mène vers des drôleries, avec des Ministères dont les citoyens ne peuvent même pas donner la dénomination. Certains ministres ne sont même pas identifiables, parce qu’oisifs et simplement casés.

La deuxième raison qui explique que Macky Sall ne peut, en aucun cas, former un gouvernement restreint est qu’il est un otage de la majorité composée de deux coalitions qui se regardent en chiens de faïence : Macky2012 et Benno Bokk Yakaar.

Chacun membre de ces deux coalitions se donnent le droit de bénéficier d’un poste ministériel, soit dans le gouvernement, soit à la présidence de la République. En d’autres termes, chacun considère qu’il doit être servi et mène un combat de harcèlement médiatique ou de lobbying souterrain pour faire fléchir Macky Sall. Si ce n’est pas pour avoir la tête d’une Société nationale, c’est pour diriger une Agence nationale où des comptes budgétaires aux bivouacs, ils peuvent vider les sacoches et se remplir les poches.

La troisième raison est que le pouvoir une calebasse de miel. Cissé Lo a eu le courage de la clamer. Macky Sall même en fait un instrument de clientélisme politique qui galvanise la transhumance.

Le pouvoir étant l’avoir, tout transhumant épie un décret de nomination au poste de Ministre ou de Ministre conseiller ou encore de Dg d’une Société ou d’un Service d’Etat.

Ainsi, les gouvernements de Macky Sall seront-ils davantage pléthoriques. Des gens à l’esprit obtus ont déjà intégré l’appareil gouvernemental parce qu’il faut impérativement servir chacun, dut-il être un apostat de l’éthique.

Un gouvernement est plus un espace de jouissance, de protocole, d’enrichissement et de banquet qu’un chantier de construction nationale. N’importe qui l’intègre assumant être prêt à boire le chypre à pleine coupe et la honte à plein verre.

Le Piroguier