
Un atelier consacré à l’élaboration d’outils d’analyse budgétaire et au contrôle citoyen participatif de la gouvernance du système éducatif, s’est ouvert samedi pour deux jours, à Tambacounda. La rencontre est organisée à l’initiative de l’antenne régionale de Tambacounda de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (COSYDEP), en partenariat avec OSIWA. Elle porte notamment sur l’élaboration d’outils d’analyse, d’animation et de suivi citoyen participatif, ainsi que sur les dispositifs d’audition publique. Cet atelier est organisé à l’intention de divers acteurs de l’éducation. L’enseignement supérieur à travers l’Institut africain de management (IAM), l’Union régionale des associations de parents d’élèves (URAPE), le Collectif régional des chefs d’établissement, les syndicats, le CRFPE, entre autres entités sont représentés à ce séminaire. ‘’Beaucoup de dysfonctionnements sont notés dans la gouvernance du système éducatif’’, a relevé la coordinatrice régionale de la COSYDEP, Louise Diène Seck, qui a souligné par ailleurs un ‘’déficit de transparence’’ à différents niveaux.
Suite aux assises nationales de l’éducation et de la formation, la COSYDEP déroule en partenariat avec OSIWA et un programme dénommé Dispositif de suivi des recommandations des assises nationales de l’éducation et de la formation (DISRANEF), qui devra être mis en œuvre pendant 18 mois sur tout le territoire national, a-t-elle relevé. Pour elle, la réussite d’un tel pari passe par des ‘’apprenants suffisamment outillés pour participer à la vie de leur établissement, à travers des gouvernements scolaires fonctionnels’’, mais aussi des ‘’communautés bien impliquées’’. Mme Seck estime aussi qu’ ‘’un engagement de tous les acteurs s’impose pour la concrétisation des conclusions des assises et une influence positive sur les politiques éducatives (et qu’) il urge de renforcer la participation des communautés dans la gestion des structures éducatives’’.
L’inspecteur Ablaye Niom qui représentait l’Inspection d’académie, s’est accordé avec la coordinatrice de la COSYDEP, pour dire que ‘’les maux qui gangrènent (le) système (éducatif) sont nombreux’’ et ont pour noms, détournements de deniers publics, escroquerie, surfacturations, etc. Il a dit espérer qu’avec la mise en œuvre du DISRANEF, les établissements seront gérés ‘’autrement et mieux’’. Le Programme d’amélioration de la qualité, l’éthique et la transparence dans le secteur de l’éducation (PAQUET) visant une ‘’gestion efficace et efficiente’’ du système éducatif à travers une synergie de toutes les potentialités pour le développement de l’école, soutient cette vision de l’Etat, a-t-il ajouté. Pour M. Niom, ‘’une systématisation de la reddition de comptes, avec prise de décision de sanctions, quels que soient les résultats atteints, s’impose à tous les niveaux de la hiérarchie, si nous voulons sentir la qualité dans nos écoles’’. ‘’Le contrôle citoyen présente des défis, car dès lors que l’on demande à autrui d’être transparent on doit se l’appliquer soi-même’’, a indiqué pour sa part, Bangaly Diallo, facilitateur de la rencontre, faisant allusion à la société civile. ‘’Au Sénégal, les gens n’aiment pas rendre compte’’, a-t-il dit, déplorant le fait que ‘’dans toutes les structures, les gens parlent de tout, mais pas de budget. C’est top secret’’. D’où à son avis la nécessité de sensibiliser les exécutants des budgets à accepter l’interpellation des citoyens qui ont le droit de connaître l’utilisation qui a été faite des fonds destinés à l’éducation. Moussa Diallo qui présidait la cérémonie, au nom du président du conseil départemental, a salué la démarche de la COSYDEP, relevant qu’ ‘’il est bon de voter des budgets pour l’éducation, mais encore faudrait-il veiller à ce que ces fonds arrivent aux ayants-droit’’.
Après une première journée dédiée à des communications pour camper le sujet, le dimanche sera consacré à l’élaboration proprement dit des outils en question. M. Bangaly Diallo a précisé qu’il ne s’agira pas d’outils comptables, mais plutôt d’ ‘’outils simples’’, utilisables par la société civile, qui pourra s’en servir pour suivre l’utilisation des ressources financières injectées dans l’éducation.
La coordinatrice régionale de la COSYDEP a fait par de son espoir de voir des stratégies définies pour vulgariser les mécanismes qu’ils auront confectionnés, une fois qu’ils auront été validés.
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