
Après deux ans, le projet Fonds Nepad (Nouveau partenariat économique pour le développement de l’Afrique) financé par l’Agence Espagnole de la coopération internationale et le développement au profit de Enda Pronat pour l’autonomisation des femmes africaines notamment sénégalaises, arrive en son terme.
Sur ce, une équipe composée des délégations des deux structures s’est rendue mardi sur le terrain, pour voir de visu, les réalisations qui ont été faites depuis. La ville de Koussanar et le village de Saré Boubou (dans les fédérations de Yakaar Niani Wouli et de Gantar Marétoro), ont été les premières étapes de ce long périple qui va amener les responsables de Enda Pronat et du Nepad dans la région du fleuve à Guédé et Diender et dans les Niayes, à Keur Moussa.
En effet, dans un souci d’égalité genre, Nepad/Espagne consiste à financer et à subventionner des projets de femmes en Afrique Subsaharienne, pour la promotion de «l’autonomisation des femmes, l’amélioration et la sécurisation de l’accès au foncier des femmes rurales en accroissant leurs capacités à contribuer à l’accélération de l’atteinte des Objectifs de Développement durable (Odd) après les Objectifs du millénaire pour le développement (Omd)».
Accès des femmes au foncier, recul de la pauvreté…
AKoussanar, dans les Fédérations de Yakaar Niani Wouli et de Gantar Marétoro, des centaines de femmes se sont illustrées à travers ce projet de développement qui, disent-elles, a changé leur comportement, leur perception du développement et de l’entreprenariat féminin. «Nos conditions de vie ont changé.
Depuis deux ans, nous avons senti que la période de soudure ne dure plus que quelques mois contrairement au passé», affirment-elles alors que la visite guidée au siège de Enda Pronat de Koussanar, continuait. En effet, ici, ce sont des sacs de fonio superposés dans un magasin qui attire le visiteur. Les relais et autres responsables du projet, s’en réjouissent.
«Dans la zone, notre fonio est plus prisé. Fin et bien traité, nous exposons à la Foire de Dakar et nous sommes crédités d’une bonne note par les experts», poursuit Mamadou Kamara 1, responsable d’unité. Pour son collègue d’en face, grâce à la culture du fonio, la disette qui frappait la zone a reculé au grand bonheur des cultivateurs. «La plupart des populations de Koussanar, ne payent plus de riz à la boutique. Le fonio est devenu grâce à ce projet, l’aliment local de nourriture par excellence», affirme la présidente des femmes de la Fédération de Gantar Marétoro.
Préparation du fonio, un travail laborieux qui demande beaucoup d’eau
Pour convaincre de la qualité de leur fonio, une démonstration de la conservation et de la préparation a été faite devant les responsables de Enda Pronat et du Nepad. Le produit lavé à maintes reprises (il faut beaucoup d’eau), traité puis séché dans un séchoir, est mis dans un moulin pour la dernière étape avant sa consommation. Après avoir vu et apprécié tout le processus, la responsable de projet Genre au Nepad, Pauline Ndiaye, s’est exclamé du «succès et l’ingéniosité des femmes».
Après Koussanar et la fédération de Gantar Marétoro, cap sur le village de Saré Boubou à 10km de là. Sur une route non bitumée, parsemée de nids de poule, de crevasses et d’eau stagnante, la délégation s’est rendue dans cette localité. Privée de courant et d’eau potable, le projet Enda Pronat en collaboration avec Nepad/Espagne, a réglé en partie les souffrances de la population. Une population dont la principale activité est l’élevage. Mais depuis deux ans, les populations de cette localité ont ajouté une autre activité à leur mode de vie : l’agriculture.
En effet, situé dans une zone aride où l’eau se fait désirer, Enda Pronat a creusé un puits fonctionnant à l’aide d’un panneau solaire et qui permet à tout le village de se procurer de l’eau potable et de faire le marécage.
«C’est une révolution pour nous. Nos bêtes mourraient de manque d’eau. Mais maintenant, ce n’est plus le cas», déclare Konaté Dème, le point focal de la fédération de Niani Wouli. Pour lui, ce puits fonctionnant à l’aide d’un système de pompage qui remplit d’abord un château d’eau avant son écoulement par voie souterraine, a permis aux éleveurs d’abreuver leur bétail sans plus faire des km à la recherche de points d’eau dans la nature.
Diouldé Sow : «grâce à ce projet, nos enfants ont délaissé les bœufs et sont inscrits à l’école»
«Désormais, ce sont les éleveurs d’autres contrées qui viennent chez nous pour abreuver leurs bêtes. Nous sommes devenus pénards depuis deux ans», soutient Konaté Dème, tout souriant devant les responsables de Enda Pronat et du Nepad. Apuyant les propos du jeune Konaté Dème, le Chef de village de Saré Boubou, Diallo Boubou de renchérir : «Nos dames se battaient au puits à cause du manque d’eau.
Mais ceci est classé dans le passé. Nous buvons de l’eau propre et nos bêtes sont sauvées de la sécheresse», confirme, Boubou Diallo sous les acclamations des villageois venus nombreux accueillir les responsables nationaux du projet. Le «miracle» pour les habitants de Saré Boubou, ne s’arrête pas en si bon chemin.
Selon eux, avec cette révolution, les enfants qui s’occupaient du bétail tout au long de l’année, sont maintenant inscrits à l’école. «Plus d’une dizaine d’enfants sont inscrits à l’école. Ce qui n’était pas le cas…», a déclaré Diouldé Sow, responsable des femmes de la fédération de Saré Boubou. Dans le jardin du village, on y trouve : du niébé, de la tomate, de l’indigo pour la teinture, aubergine, du piment, gombo…des aliments qui manquaient dans cette localité et qui ont révolutionné leurs attitudes alimentaires, disent les habitants de Saré Boubou.
Nepad/Espagne : formation en leadership, sensibilisation…
«Le projet Nepad par ses formations, ses actions de sensibilisation, de formation en leadership et de renforcement des capacités pour un accès équitable au foncier, a permis aux hommes et aux femmes des trois zones agro-écologiques de connaître les droits et les procédures de gestion même si les enjeux fonciers au Sénégal, sont monnaie courante», Ndèye Rosalie Ndiaye Lo, responsable de projet à Enda Pronat.
Enfin, l’adjoint au Sous Préfet de Koussanar, Mamadou Badiane, a rassuré que les services étatiques qui évoluent dans le domaine de l’agriculture, vont appuyer les populations bien que le projet prenne fin.
«C’était un rêve quand l’ancien président Wade lançait le Nepad. C’est devenu une réalité si on prend en compte les réalisations faites ici par les populations de Saré Boubou», s’est fantasmé Mamadou Badiane.
Pour rappel, Le montant global de la subvention est de 330.000 euros pour Nepad/Espagne soit 216 465 890 F CFA dont 30.000 euros de contrepartie de Enda Pronat pour une durée de deux ans.
Gaston MANSALY et Omar Kâ (Photos), envoyés spéciaux / actusen.com