Bakel s’apprête à fêter l’Aid el Kébir comme plusieurs localités musulmanes du monde. ” Boy, la fête de l’Aid el Kébir à Bakel, il n’y a pas mieux. Il y a une superbe ambiance en cette veille de fête. On aiguise les couteaux”, me confie un ami actuellement en vacances à Bakel. C’est dire que fêter la Tabaski à Bakel a une saveur particulière. En comparaison, la veille de fête en France ne ressemble à rien. Elle porte les empreintes d’un jour normal à la française. Aucun signe pour annoncer la fête de l’Aid el Kébir. Pas de moutons dans les devantures ! Pas de cent pas entre les ateliers de couture et les maisons ! Si les uns ont pris le soin de prendre un congé ou un RTT pour participer à la prière, les autres n’auront pas la même chance.
Bon nombre d’immigrés d’Afrique de l’Ouest passeront la fête au travail. Dans tous les cas,congé ou en RTT, certains fêteront la Tabaski dans la solitude.La Tabaski de cette année tombe en pleine semaine. Par manque de temps et de moyens logistiques pour aller chercher le mouton tôt le matin, beaucoup n’auront pas la chance de savourer la viande. Certains prendront leur mal en patience et reporteront à Samedi les repas de famille. Ils auront plus de chance de regrouper leurs frères, soeurs, cousins et amis. Ce ne sera pas le cas de notre émigré actuellement en Vacances. Il est dans la ferveur des veilles de fête à la Sénégalaise.
Il confesse : ” Le prix d’un mouton normal varie entre 60.000 FCFA, 70.000 FCFA et 80.000 FCA. Ce n’est pas abordable pour toutes les bourses. Les vendeurs ne sont pas pressés d’écouler leurs béliers. Faute de preneurs, ils rentrent simplement à la maison. Ils disent que la période coincide avec l’hivernage. Il y a abondamment d’herbe pour nourrir leurs moutons. Ils ne comptent pas du tout brader leurs moutons. L’offre est abondante mais les conditions climatiques jouent en faveur des éleveurs. Nous avions négocié deux moutons. 80.000 FCFA le mouton sans négociation disent-ils ! C’est à prendre ou à laisser”. Pour ce frère qui a manqué plusieurs Tabaski à la Bakéloise, l’ambiance est plus que superbe. La ferveur des jours de fête est indescriptible.
Les rues sont animées. Tout le monde se prépare. Comme à l’accoutumée, les tailleurs ont la côte. Ils sont les stars du moment. Certaines femmes sont à pied d’oeuvre pour recupérer les habits chez les tailleurs pendant que d’autres investissent les marchés pour les courses du dejeuner de demain. Les préparatifs vont bon train. Demain, c’est la fête de l’Aid pour bon nombre de bakélois. Pour leurs parents établis en France, les souvenirs remonteront certainement à la surface. Le lavage des moutons au petit matin leur manquera certainement. Nulle occasion de dépécher également un mouton, c’est interdit en France ! Ce sera une fête sobre dans l’héxagone.
Pour le cas de Bakel, ce sera la fête à plein temps. Lavage de moutons, dépéchage, grillades, repas de famille, visites familiales, soirées entre amis…Ce ne sera guère le cas en France pour plusieurs personnes. Une femme d’immigré sénégalais renseigne : ” Demain, je me léverai à 7 H du matin pour me préparer à la prière. Puis, j’irai passer la fête chez mes parents. Ils sont à la retraite. Comme ils habitent en province, ils ont déjà commandé leur mouton que mes frères recupereront dans la matinée. Je n’ai jamais connu une fête de Tabaski au village. Mais, on ne se plaint pas ici.
Pour ma part, c’est une exigence familiale. Personne ne bosse le jour de l’AID. C’est connu. Le vieux impose cela à tout le monde. Donc, ce sera grillades et ambiance familiale”. Son mari n’aura pas la même chance. Du moins, il a pas jugé necessaire de prendre une journée car cela tombe en pleine semaine. ” J’ai appelé mes frères et cousins pour qu’on fête cela en famille. Ils préfèrent reporter le fête le Samedi”, dit-il.Toutefois, ces gens de l’héxagone ne seront pas dérangés par les jeunes en quête d’étrennes même si beaucoup payeront une fortune pour revivre ces instants inoubiables en famille autour de grillades ! Bonne fête à toutes et à tous !
Samba KOITA dit EYO, www.bakelinfo.com
