Lésseyni SY, responsable de l’APR et président du conseil départemental de kédougou : « Avec le programme du Dac d’Itato, l’espoir renaît à Kédougou »

Le président du Conseil départemental de Kédougou, Lesseyni Sy, a déclaré, dans cet entretien, que le programme du Domaine agricole communautaire (Dca) d’Itato est un atout inestimable en termes de création d’emplois, d’approvisionnement  et d’autosuffisance en poisson… Voyant en ce projet la renaissance de l’espoir à Kédougou du fait de la cherté de la vie sur place à cause du phénomène de l’exploitation de l’or, Lesseyni Sy revient, en outre, sur des questions politiques dans sa localité et sur un bilan, à mi-parcours, de son institution suite à son installation, il y a près d’un an.

Aujourd’hui, Kédougou bénéficie d’un domaine agricole communautaire (Dac) aménagé à Itato, à une douzaine de kilomètres de la commune. Quel intérêt revêt-il à vos yeux et pour le compte des populations locales, en particulier pour les jeunes?

Le Dac d’Itato est un atout inestimable par son impact en création d’emplois, en approvisionnement  et en autosuffisance en poisson pour Kédougou. La vie, aujourd’hui à Kédougou, est plus chère qu’à Dakar et partout au Sénégal. Si l’on a la chance d’extraire 300 tonnes de poissons par an au minimum, selon les prévisions, cela va réduire le coût de la vie en poisson, en légumes, en poulets, en maïs, céréales… à Kédougou.  Il y a l’eau et la terre, il ne reste que le travail. Le volet aquacole a déjà commencé avec plus de 80 bassins. Le Premier ministre l’a inauguré  récemment et le ministre de la Jeunesse est allé le visiter lors sa tournée des vacances citoyennes. Les poissons commencent à grandir, à sortir de l’eau. A côté, il y a plus de 1000 hectares de terres à cultiver. Il faut que les jeunes s’approprient ce Dac. Voilà le grand défi aujourd’hui à Kédougou. Les jeunes sont invités à quitter les arbres à palabres, à quitter les grands-places où ils font du thé à longueur de journée, parlant de football et d’autres choses et à aller s’approprier ce domaine agricole communautaire. Ce que je regrette un peu, c’est que c’est à Kédougou seulement que l’on trouve ces vieux clichés. Ils ont disparu dans les autres régions du Sénégal. C’est un programme national. S’ils ne s’approprient pas ces terres, ce sont d’autres qui viendront le faire, hein (interjection)! Et au bout de deux ans, trois ans, quand ils verront ces nouveaux riches qui ont acquis leurs fortunes dans les terres, ils vont se mordre les doigts. Ils vont dire qu’ils sont venus prendre les terres de nos grands-pères mais la terre n’appartient qu’aux travailleurs. C’est l’invite que je lance aux jeunes. Il ne faut pas s’attendre uniquement à des emplois de bureaucrates. On ne peut pas satisfaire tout le monde. Il faut retourner à la terre, la terre ne ment pas. Le programme du Dac est fait pour eux. Il est ambitieux, réalisable et appelé à réussir car les terres sont riches et les opportunités sont là. Avec un peu de volonté, d’abnégation, ils peuvent réussir et Kédougou va retrouver le sourire. L’or a entrainé des spéculations à tous les niveaux. A Kédougou, tout ce qu’on mange est importé. Avec le programme du Dac d’Itato, l’espoir renaît à Kédougou.

Parlant de politique, votre parti, l’Apr, a connu des remous internes à l’occasion des locales, à Kédougou. Du fait des guerres de positionnement. Aujourd’hui, vous êtes-vous retrouvés pour affronter, ensemble, les prochaines joutes électorales ?
C’est en bonne voie. Nous nous rencontrons pour essayer de retrouver l’unité du parti. Au sortir des locales, à l’image de ce qui s’est passé au niveau national, il y a eu de petites frustrations, des frictions, et quelque part des votes sanctions mais depuis lors on est en train de se retrouver, de dialoguer entre responsables. Le problème du parti à Kédougou, ce n’est pas les autres partis d’opposition qui, je ne dis pas qu’ils n’existent pas, mais  c’est entre nous-mêmes, parce que les ambitions des uns et des autres font que, parfois, l’unité est difficile à retrouver, sinon elle n’est que de façade. Si aujourd’hui, on n’a pas de ministre, c’est parce que nous sommes divisés mais ce n’est pas les compétences qui manquent.  Ce qui nous manque, aujourd’hui à Kédougou, c’est un homme fort à l’image de Mamba Guirassy, de Mady Cissokho. Que les gens acceptent de se fédérer autour d’une personne et cesser des coups bas, la calomnie, la désinformation. Et nous serons entendus partout. Alors, il faut que les gens acceptent qu’il y ait quelqu’un devant. Quelqu’un qui dirige, qui accepte d’ouvrir et de déléguer aux autres. Je n’ai pas la prétention d’être celui-là mais je suis membre fondateur de ce parti à Kédougou, je suis l’un des premiers militants qui a participé à la structuration, à l’organisation du parti à Kédougou. Et à, ce titre, je suis aujourd’hui le premier magistrat du département, donc je peux prétendre être celui qui organise, harmonise et oriente le parti à Kédougou, avec modestie quand même.
Ce que les gens doivent donc comprendre, si nous voulons éviter les erreurs du passé et faire en sorte que les échéances à venir se passent dans de très bonnes conditions, il faut que les gens se retrouvent et travaillent ensemble, en harmonie, en équipe soudée. Comme on dit, c’est Dieu qui donne mais ça n’empêche pas les autres d’avoir des ambitions en politique. Chacun doit avoir des ambitions mesurées et objectives. Les ambitions personnelles mises de côté, tout va bien. Nous sommes aujourd’hui assez forts. L’opposition, je ne dirai pas qu’elle est inexistante, mais elle est en débandade. Nous sommes là à essayer à faire en sorte qu’il y ait de l’ouverture. Pour tous ceux qui sont convaincus par le Plan Sénégal émergent (Pse), l’ambition, les idées et le programme du président, sont les bienvenus. Les portes sont ouvertes à tous les citoyens, à tous les Kédovins de quelque bord qu’ils soient. L’essentiel, c’est de soutenir le président, de soutenir toutes les actions qui doivent s’inspirer du Pse et de travailler. Mais il faut maintenant que les gens passent au travail.

 Près d’un an après votre installation à la tête du conseil départemental, quelles sont les actions concrètes à votre actif ?
Il est vrai qu’à Kédougou tout est prioritaire. Nous avons trouvé un chantier où tout est prioritaire. Mais le Conseil départemental de Kédougou, après presque un an de fonctionnement a pu faire quelques réalisations. Nous avons dégagé quelques axes de priorité pour l’investissement notamment. La santé et l’éducation sont les deux mamelles des préoccupations des populations. Ainsi pour la santé, nous avons affecté un budget relativement modeste de 8 millions de FCfa destinés aux équipements sanitaires et autres. Nous avons voulu toucher toutes les zones. Chaque poste de santé des 6 communes du département a reçu un appui financier de 800.000 F fa pour les commandes de médicaments et de matériels. Le centre de santé de Kédougou a reçu, à lui seul, 3 millions. Ainsi que le poste de santé de Dalaba qui relève réellement de la commune de Kédougou mais qui a reçu, lui aussi, 500.000 FCfa. En éducation, nous avons pu réaliser l’entretien et la réfection de la salle informatique du lycée Maciré Bâ qui était une urgence pour 1,5 million de FCfa. Avec nos partenaires, nous avons pu réaliser l’adduction d’eau dans ce même lycée avec des réserves et des bornes fontaines à hauteur de 15 millions. Le collège de la commune, avec ses plus de 1400 élèves, était complètement dépourvu d’eau, nous y avons injecté plus de 15 millions. Nous envisageons de fournir aux collèges de l’électricité pour boucler le budget consacré à l’éducation.
Sur le plan social, avec l’appui de notre partenaire, le Cde (consortium des entreprises) qui réalise le pont de Fongolimbi, nous entendons ériger le hangar de la grande Mosquée de Kédougou et restaurer sa toiture qui a un problème d’étanchéité. Nous avons aussi équipé nos locaux qui étaient dépourvus de tout. Nous avons consacré un budget de 3 millions de FCfa aux activités sportives et accompagné d’autres activités relevant des compétences transférées. Nous sommes là pour répondre aux aspirations, aux préoccupations des populations dans tous les secteurs. Et Dieu merci qu’à Kédougou, il pleut énormément mais il n’y a pas jusqu’à présent des cas d’inondations ni de sinistrés signalés dans le département.

Entretien réalisé par Amadou DIOP