
Soninke.tv reçoit en invité, ce weekend, Djibril Konaté, producteur agricole à Bakel. Dans l’entretien, il évoque beaucoup de sujets liés, entre autres, à l’équipement et au financement du secteur. Il parle aussi des difficultés rencontrées par les acteurs et des sinistrés de la dernière saison des pluies.
L’hivernage 2015 a été très pluvieux au Sénégal. Les dégâts sont aussi nombreux et ont touchés de nombreuses localités du pays. Qu’en est-il des producteurs de Bakel ?
Comparés à la saison dernière, nous avons enregistré suffisamment de pluies. Des pluies qui, malheureusement, ont eu des conséquences désastreuses dans certains endroits. Des cultures de maïs réalisées le long du fleuve Sénégal et de la Falémé sont inondées. Des aménagements en cours de réfection et de réalisation, (PRACAS), inondées aussi, de même que les exploitations de riz, laissant plusieurs producteurs dans le désarroi.
Quelles sont les dispositions prises par l’Etat pour assister les producteurs sinistrés du département?
Les actions de la part des autorités sont très timides. Or, les populations en ont grandement besoin. Parce que certains producteurs ont subi de lourdes pertes. Vous êtes dans l’agriculture depuis plusieurs années. Les producteurs décrient souvent les conditions difficiles de stockage et d’écoulement des produits.
Dites-nous exactement les principales difficultés auxquelles les producteurs sont confrontés à Bakel ?
Il s’agit avant tout de l’inexistence d’équipements de stockage pour certaines filières telles que la céréale qui est une base alimentaire des populations soninkés. Quant-aux filières maraichères certains programmes et projets ont initié quelques prototypes de magasins de conservation. C’est le cas de l’oignon par exemple. Pour ce qui est de l’écoulement des produits agricoles, on note un manque d’organisation chez les acteurs autour de ces filières. Cette situation est rendue plus difficile encore à cause de l’insuffisance des moyens que l’Etat octroie au secteur. Tout cela combiné au défaut de financements conséquents pour la commercialisation des produits vous donne une idée des difficultés que nous traversons.
De plus en plus de personnes s’investissent dans l’agriculture dans le département de Bakel ?
Quels sont les mesures d’accompagnement dont vous bénéficiez de la part de l’Etat? Ce dont la communauté bénéficie de la part de l’Etat, en matière d’accompagnement, ce sont surtout des terres plus ou moins aménagées, des équipements, des engrais, des semences de céréales. Quelques équipements de post récolte et du matériel de labour. L’Etat fait souvent des subventions pour réduire le coût. Mais, l’acquisition, surtout pour le matériel de production, n’est pas donnée à tout le monde,. C’est pourquoi, nous invitons l’Etat à faire encore des efforts surtout à l’endroit des petits producteurs. Les conditions d’accès au crédit doivent être revues aussi. Les institutions financières ont des exigences que peu de producteurs peuvent satisfaire. Ces derniers sont souvent obligés de faire des prêts qui sont loin de répondre à leurs attentes et deviennent ainsi improductifs. Aujourd’hui beaucoup de producteurs ont des problèmes avec une institution financière qui intervient dans le département. Ils n’ont pas pu rembourser, à temps leurs dettes à de mauvaises récoltes liées à plusieurs facteurs. L’institution menace de les traîner devant la justice.
En dehors de l’Etat, quelles sont les autres structures qui interviennent dans l’appui aux producteurs dans le département de Bakel ?
Il y a deux ans de cela ENDA/LEAD avec son projet intitulé petite irrigation, formait les paysans dans des techniques innovantes de production. Elle équipait les acteurs d’un système de goutte-à-goutte, d’un kit familial-fonçage de puits équipé d’un système solaire dans des jardins scolaires. Certaines exploitations familiales et communautaires étaient équipées de systèmes d’exhaure motorisés Il y a aussi le programme Yaajende, un financement de l’USAID. Cette organisation américaine appuyait le monde paysan avec comme objectif majeur de contribuer à l’atteinte d’autosuffisance alimentaire et nutritionnelle, et lutter contre la pauvreté dans le département de Bakel. Il y a aussi le GRDR qui travaille sur les questions de bonnes gouvernances et sur la sécurité alimentaire.
L’Etat du Sénégal a parmi ses objectifs prioritaires l’autosuffisance alimentaire et la création d’emplois stables pour les jeunes notamment, qu’est-ce qui peut favoriser l’atteinte de cet objectif, selon vous ?
En plus des mesures incitatives, il va falloir instaurer des cadres de concertations au niveau de chaque département du Sénégal pour pouvoir prendre connaissance de ces mesures et pour faciliter aussi la réalisation des programmes destinés aux cibles concernées. Il s’agit d’impliquer les acteurs dans l’élaboration et l’exécution des politiques. Sans cela il y aura beaucoup de bonnes intensions mais les résultats ne seront pas à la hauteur des attentes. Il faudrait aussi que l’Etat rend plus accessible le matériel agricole aux petits producteurs, de même que le système de financement.
Soninke.tv