Santé, éducation, hydraulique… : Les dix ans riches de réalisations du Paisd

Le Programme d’appui aux initiatives de solidarité pour le développement (Paisd) mis en œuvre dans les régions de Tambacounda, de Matam, de Saint-Louis et de Louga a célébré ses dix ans d’existence. Grâce au concours des ressortissants sénégalais de France et de la Coopération française, le Paisd a permis la réalisation de plusieurs infrastructures dans le domaine de la santé, de l’éducation, de l’hydraulique et de la formation professionnelle.

Dix ans, cela se fête ! Lancée en 2005, le Programme d’appui aux initiatives de solidarité pour le développement (Paisd) a célébré, la semaine dernière, à travers une tournée dans les régions de Matam, de Tambacounda, de Louga et de Saint-Louis, sa décennie d’existence. La visite conduite au pas de course par l’ambassadeur du Sénégal à Dakar, Jean Félix-Paganon et le Directeur de la coopération technique et coordonnateur du Paisd Pape Birama Thiam a permis de constater de visu les nombreuses réalisations effectuées depuis la mise en œuvre de ce programme.

La formation du capital humain d’abord
A Bakel, première étape de la tournée, le Paisd a permis la création d’un centre de formation professionnel d’apprentissage. D’un coût de 186 millions de FCfa, cet établissement qui en est à sa troisième promotion a pour objectif de doter le département « d’un capital humain » de qualité  à même de relever les défis locaux liés à la pauvreté et le développement.
Selon le directeur de la coopération technique et coordonnateur du Paisd Papa Birama Thiam, l’Association des ressortissants de Bakel en France avait au départ un projet de création d’un complexe hôtelier ; mais, explique-t-il, compte tenu du manque d’expertise au niveau local, il fallait d’abord inverser les rôles en formant d’abord le capital humain. Il a magnifié l’engagement et l’implication des ressortissants de Bakel en France dans la lutte contre la pauvreté et le chômage dans leur localité d’origine. Ce centre de formation, a poursuivi le coordonnateur du Paisd, a été intégralement rétrocédé à l’Etat du Sénégal qui en a nommé un directeur.
D’après le président de l’Association des ressortissants de Bakel en France porteuse du projet Boubou Sakho, l’érection de ce centre de formation professionnel d’apprentissage répond à une volonté de fixer les jeunes dans leurs terroirs et de ne plus leur permettre d’aller à l’aventure. Mais, ajoute M. Boubou Sakho, il ne s’agit pas seulement de former les jeunes. Il faut, selon lui, les insérer dans la vie professionnelle à la fin de leur formation. Un pari réalisable dans la mesure où cette formation, de l’avis de Papa Birama Thiam, est adaptée aux besoins du marché local. « Même s’il faut partir à l’aventure, vous devez acquérir un savoir-faire. Il est important d’avoir une valeur ajoutée pour se faire respecter », a affirmé le président de l’Association des ressortissants de Bakel en France aux jeunes pensionnaires du centre. Il explique que son association à l’intention de lancer un complexe hôtelier afin de faciliter l’insertion des jeunes et contribuer à booster l’emploi au niveau local. Il a remercié la mairie qui a mis à la disposition de ce projet 100 parcelles de terre. « Les choses sont en place pour que les jeunes qui seront sortis de ce centre ne soient pas en difficulté pour trouver un emploi pérenne », a encore assuré Boubou Sakho.
En 2014-2015, le centre de formation professionnel a obtenu un taux de réussite de 58% au Certificat d’aptitude professionnel et 100% l’année dernière. Des résultats satisfaisants qui ont été salués par le directeur de la coopération technique et coordonnateur du Paisd Pape Birama Thiam. Après la ville de Bakel, la délégation a fait cap sur la commune de Diawara distante d’une trentaine de kilomètres. Mais, à cause des nombreux nids de poule sur cette route latéritique, le voyage s’est révélé être un véritable parcours du combattant.

Bouffée d’oxygène à Diawara et à Yélingara
A leur arrivée sous une forte canicule, le chef de la diplomatie française et le coordonnateur du Paisd rejoint par le Secrétaire d’Etat à l’Hydraulique Diène Faye, sont accueillis avec tous les honneurs. Ici, le Programme d’appui aux initiatives de solidarité pour le développement a permis, avec le concours de la Coopération française et l’implication du Comité de rénovation de Diawara (Coredia), l’érection d’une unité de potabilisation. Il y a quelques années, les populations avaient d’énormes difficultés pour se ravitailler en eau potable. Du coup, explique Wagui Traoré, le vice-président du Conseil départemental de Bakel, la majorité de la population s’était rabattue sur l’eau du fleuve.  «Certains vendaient de l’eau potable ; mais les prix n’étaient pas à la portée des populations à cause de leur cherté», se rappelle-t-il. Wagui Traoré ajoute qu’à force de boire l’eau contaminée du fleuve, beaucoup avaient fini par contracter des maladies diarrhéiques et la bilharziose.
Autant dire que c’est avec un véritable soulagement que les populations de Diawara et du village voisin Yélingara ont accueilli la réception de cette unité de potabilisation branchée sur l’eau du fleuve. D’où le sentiment de joie qu’elles ont affiché lors de la cérémonie d’inauguration jeudi dernier. Selon le secrétaire d’Etat à l’Hydraulique Diène Faye, cette infrastructure hydraulique permettra à ses bénéficiaires de pouvoir se ravitailler en eau potable pendant une dizaine d’années.
L’ancien directeur de l’Hydraulique rappelle qu’à cause de la pénurie d’eau dans la zone, les forages s’asséchaient après seulement deux à trois ans de fonctionnement. Il a appelé les usagers à faire un bon usage de cette unité de potabilisation dont le coût de la réalisation est estimé à 254 millions de FCfa. Porteur du projet, le Comité de rénovation de Diawara qui regroupe les ressortissants de cette localité en France a joué un important rôle dans la mobilisation des fonds.
Le coordonnateur du Paisd Pape Birama Thiam a magnifié le travail du Coredia qui a construit et équipé beaucoup d’infrastructures scolaires. Il a dit la disponibilité de sa structure à accompagner cette association dans la réalisation d’autres projets prioritaires parmi lesquels un centre de santé et un lycée.

Matam, grand bénéficiaire du Paisd
Troisième étape de la tournée, Ourossogui constitue l’un des plus grands bénéficiaires du Paisd. Grâce au concours de l’Association pour le développement d’Ourossogui (Ado), ce programme a doté la localité d’un lycée moderne avec un effectif de 993 élèves dont 395 filles. Le coût de cet établissement réalisé sur un délai de douze mois seulement est de 256 millions de FCfa. Le coordonnateur du Paisd Papa Birama Thiam indique qu’ailleurs, le coût de cette infrastructure climatisée disposant d’une salle informatique aurait avoisiné les 400 millions de FCfa. « Nous avons pu réaliser de réelles économies », s’est réjoui le directeur de la coopération technique.
Il révèle que « c’est ce prototype d’établissement scolaire qu’on est en train de promouvoir en termes de qualité et de confort ». L’inspecteur d’académie de Matam Seydou Sy s’est félicité de la qualité de l’ouvrage. Pour lui, ce lycée est un modèle à citer en exemple pour mettre les apprenants et les enseignants dans des infrastructures répondant à des standards de qualité.
Parmi les infrastructures construites dans le cadre du Paisd, figurent notamment le Centre d’état civil de Matam,  le collège d’enseignement moyen de Thialy, l’école élémentaire de Ngano, le poste de santé et le collège de Wendou Bosséabé. D’importantes réalisations que le premier questeur de l’Assemblée nationale et maire d’Orkadiéré Daouda Dia a saluées de vive voix. Il a loué « les nombreux efforts de la Coopération française pour, « dans un formidable élan de solidarité », aider les populations à la base à mieux faire face à la pauvreté. « Le développement, pour être durable, doit reposer sur une base endogène », a-t-il soutenu. Il a souligné avec satisfaction les innombrables actions de la Diaspora dans le département de Kanel. Le maire d’Orkadiéré s’est félicité de l’orientation du Paisd qui, dans le cadre de ses actions, s’appuie sur les associations de migrants sénégalais en France.
Selon Pape Birama Thiam, la première fois que son équipe est venue visiter l’école élémentaire de Ngano créée en 1961, « ce fut un choc » ; tant l’état de l’établissement laissait à désirer. Il souligne que grâce au Paisd et au concours des ressortissants de Ngano en France, l’école dispose actuellement d’un cycle complet avec des salles de classe du CI au Cm2.
L’ambassadeur de France à Dakar Jean Félix-Paganon a mis en exergue le succès du Paisd, son efficacité et son appropriation par les populations à la base. « C’est un programme d’un impact spectaculaire », a fait remarquer le diplomate français ; soulignant par ailleurs l’utilisation rigoureuse et transparente des fonds. Il a évalué l’apport de la Coopération française au Paisd à 30 millions d’euros ; « le tiers du budget annuel de l’Agence française de développement (Afd) » au Sénégal.

Reportage de Diégane Sarr / lesoleil.sn /