Autonomisation des femmes : L’éradication des violences, premier préalable

Le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Me Sidiki Kaba, a invité à une réelle éradication des violences faites aux femmes. C’était avant-hier, au cours d’un dîner-débat.

« Il faut éradiquer  la violence», a martelé le ministre de la Justice, Me Sidiki Kaba, lors d’un dîner-débat organisé par l’Association des juristes sénégalaises (Ajs) en partenariat avec le Comité sénégalais des droits de l’homme (Csdh) et le Projet d’appui à la stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre (Pasneeg). Le thème était : « L’élimination des violences basées sur le genre : une condition pour l’autonomisation des femmes ». Dans une enquête de 2014 réalisée par le Groupe d’études et de recherches en genre et sociétés (Gestes) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, il est indiqué que la sphère domestique constitue « le principal lieu de production des Violences basées sur le genre (Vbg) avec un pourcentage de 52.1 et les femmes âgées entre 20 et 40 ans sont les plus touchées soit 64% des victimes ».

En effet, le document révèle que les formes de violence les plus observées au sein de l’espace domestique sont verbales (46,5%), physiques (27,6%) et psychologiques (12,5%). Pire, les violences physiques constituent, avec les violences sexuelles (2,4%), « les formes les plus pernicieuses » du fait de leur impact sur l’intégrité des individus et les conséquences liées à la santé.

Le ministre a raconté des anecdotes pathétiques de violences exercées sur les femmes. Du viol comme arme de guerre aux pratiques inhumaines et dégradantes. Il cite l’exemple des pays en conflit où les filles sont violées, les hommes sodomisés, rappelant que « la violence est synonyme d’humiliation ». Dès lors, il invite à « une synergie d’actions » pour combattre ces pratiques qui apeurent la femme. Alors que, d’après lui, celle-ci doit être couvée et protégée.

875 victimes de violences conjugales
La présidente de l’Ajs, Fatoumata Guèye Ndiaye, a révélé qu’entre janvier et octobre 2015, les boutiques de droit de leur association ont reçu 875 femmes victimes de violences conjugales et 249 filles victimes de viol entre autres. A l’analyse de ces statistiques, on constate la grande difficulté à mettre fin à ces violences du fait des lois discriminatoires, d’un déficit de formation des acteurs de la justice. Pour faire face à ces dérives, la présidente de l’Ajs plaide pour « une application stricte des lois déjà disponibles ». Car, a-t-elle fait remarquer, la dignité de la femme est bafouillée ».

Secrétaire général du Comité sénégalais des droits de l’homme, Serigne Assane Dramé a peint un tableau très sombre de la situation des femmes victimes de Vbg. Non seulement il porte le combat de la parité, mais M. Dramé appelle à une synergie d’actions et refuse le silence. Parce que les blessures psychologiques sont « une entrave à l’autonomisation des femmes, vecteurs de développement ». « Le développement est irréalisable tant que les femmes continueront de subir des violences », a-t-il souligné, demandant un accompagnement des victimes.

Serigne Mansour Sy CISSE / Lesoleil.sn /