[CONTRIBUTION] Excellent théoricien, Macky Sall médiocre praticien de la tolérance zéro!

«Le fatalisme a des limites. Nous devons nous en remettre au sort uniquement lorsque nous avons épuisé tous les remèdes ! » Mohandas Karamchand Gandhi.

Le naufrage du bateau «Le Joola» avait fait prôner à Macky Sall, alors ministre de l’intérieur, la belle théorie de la tolérance zéro. Aujourd’hui à la magistrature suprême, il traine les pieds dans la pratique. Il ne se passe pas un mois au Sénégal, sans que l’on ait à déplorer des actes d’indiscipline de citoyens souvent fatals, comme ce fut récemment le cas de ce chauffeur qui a brutalement arrachés à l’affection des siens les sœurs Diop.

Au Sénégal, l’on se paye le luxe de vandaliser un bien public quand on est mécontent. L’on se permet également d’installer où l’on veut son petit commerce, son atelier. L’on gare sa voiture comme on veut, où l’on veut. L’on brûle des feux rouge de la circulation. L’on arpente en voiture un échangeur. L’on traverse une autoroute sous un échangeur. L’on conduit son véhicule hippomobile sur une autoroute. L’on s’installe aux abords de la voie publique avec des mômes pour quémander, qu’il pleuve ou vente, qu’il fasse chaud ou froid. Des épaves de véhicules obstruent les trottoirs. Des camions garent sur les deux côtés d’une route comme ce fut le cas sur l’axe Tambacounda/Dakar et ce, malgré la construction de parkings pour gros porteurs. L’on jette partout des ordures. L’on pique des signalisations verticales ou des poteaux électriques. L’on conduit même nuitamment des calèches, des bicyclettes sans casques, sans freins ni lumière. L’on ne porte pas de casque sur une moto. L’on téléphone au volant d’une voiture même sur l’autoroute. L’on prend ou descend un client à sa convenance. L’on amorce un demi-tour sur une autoroute. L’on surcharge de vieux tacots sur la route des marchés hebdomadaires. L’on brûle une forêt pour un écureuil. L’on s’habille comme on l’entend. L’on promeut des actes contre nature. L’on attaque d’honnêtes citoyens dans la presse. L’on refuse la priorité aux ambulance. La liste est longue…

Et pourtant c’est bien Macky Sall qui est au gouvernail! Lui qui avait théorisé la tolérance zéro, aurait-il subitement renvoyé aux calendes grecques ce coup de semonce? Pour quelle cause?

Au moment où la mise en œuvre du PSE demeure sous les projecteurs de l’actualité, un programme savamment concocté par les pouvoirs publics et qui va mobiliser des montagnes d’espèces sonnantes et trébuchantes pour espérer sortir les populations de l’ornière du mal développement, il urge, et de façon impérieuse, de revisiter nos comportements pendant qu’il est encore temps.

Il y a vraiment matière à réflexion sur ces faits sociaux et comportements qui constituent un gros obstacle épistémologique au décollage de notre pays. Doit-on laisser prospérer de tels faits ou doit-on y mettre un terme?

A méditer

Ousmane DIA, Gestionnaire et médiateur culturel, artiste plasticien et enseignant d’arts-visuels à Genève