LIMA : Election du Conseil Mondial de Publiez Ce Que Vous Payez, le Sénégal plaide pour une rupture et est suivi par 11 autres pays africains. (Envoyé spécial)

L’assemblée mondiale de Publiez Ce Que Vous Payez se tient depuis ce lundi à Lima au Pérou. Cette année le Sénégal, qui vient à peine d’adhérer à cette coalition d’acteurs de la société civile pour la transparence et la redevabilité dans les industries extractives, a annoncé et argumenté le bien fondé des ruptures dans le mode de désignation des représentants africains au sein de l’organe mondial de direction. Sur 19 pays ayant voté pour le report de l’élection des africains, 12 ont suivi le Sénégal et les coalitions africaines vont se retrouver dans les prochaines semaines pour passer au peigne fin les grandes réformes à proposer au conseil mondial et désigner leurs représentants en son sein.

Plus de 45 pays de tous les continents constituent la coalition mondiale de Publiez Ce Que Vous Payez, une constellation d’organisations de la société civile spécialisées sur la gouvernance du secteur géo extractif. Tous les trois ans se tient l’assemblée globale qui voit le renouvellement du conseil mondial qui comprend 4 représentants de l’Afrique dont l’un est désigné par les pays francophones, un autre par les pays anglophones, un représentant par les pays lusophones ainsi qu’un représentant désigné par le comité de pilotage « Afrique ».

Cette année, l’Afrique devait perdre un poste, ce qui fait que seuls les pays francophones et anglophones auront droit à un représentant, plus celui du comité de pilotage « Afrique ». La pilule a été très amère pour les pays africains dont les représentants à cette assemblée mondiale ont laissé éclater leur désapprobation dans la mesure où l’Afrique regroupe au moins 24 pays. Mieux, le mode de désignation de ses représentants a été cloué au pilori par les représentants du Sénégal dont le coordonnateur national a proposé le report, en attendant que l’Afrique se retrouve au cours de journées d’échanges afin d’examiner de fond en comble le mode de gouvernance de Publiez Ce Que Vous Payez, de proposer des réformes et de désigner de façon démocratique ses représentants au sein du conseil mondial.

Selon Ibrahima Sory Diallo, « la chaine du changement de Publiez Ce Que Vous Payez voudrait que les activistes de cette coalition pratiquent ce qu’ils prêchent et, il est malheureux que le Sénégal fasse, dans la matinée, une présentation sur les actes majeurs qui fondent la crédibilité et la légitimité d’une jeune coalition, et que dans l’après midi, il y ait des comportements de nature à décrédibiliser la coalition mondiale ». Le coordonnateur national de Publiez Ce Que Vous Payez d’en appeler au sens des responsabilités des uns et des autres et de plaider pour un report de la désignation des représentants africains au conseil mondial, avec en bandoulière de solides arguments comme la léthargie qui perdure au sein du comité de pilotage « Afrique » et ce qu’il a appelé la « fossilisation » de certains membres.

Deux tendances se sont dégagées, la première, « drivée » par le Sénégal, voulait le report de cette élection des représentants africains le temps qu’une très large concertation se tienne à la base pour une réorganisation du continent qui doit faire des propositions de réformes quant au mode de gouvernance de la coalition mondiale. La seconde tendance voulait que cette élection se fasse ce lundi même et que l’Afrique se retrouve après. Un vote s’en est suivi et, sur les 19 pays africains présents à Lima, 12 ont suivi le Sénégal contre 7. « Une grande victoire », laissera entendre Ibrahim Sory Diallo qui a d’ores et déjà commencé les consultations pour une toute prochaine rencontre des coalitions africaines.

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Boubacar Dembo TAMBA, envoyé spécial à Lima pour www.tambacounda.info /