Tambacounda: Fansou Bodian s’engage à toujours œuvrer pour la paix en Casamance

Le chef religieux musulman de Bignona (Ziguinchor, sud) Elhadji Ousmane Fansou Bodian s’est engagé samedi à Tambacounda (est), à continuer à œuvrer pour le retour de la paix en Casamance, s’il le faut au prix de sa vie. ’’Je suis prêt (à continuer), même si on devait me tuer dans la rue ou partout où j’irai. Je préfère cela plutôt que de rester dans mon lit’’, a dit Fansou Bodian lors de la cérémonie officielle de la 12-ème édition du ‘’gamou’’ annuel organisé au quartier Gourel Diadié par le dahira de la communauté diola de Tambacounda ‘’Al mouhadjiroune wal Mouhajirate’’ (Les émigrés). Arrivé la veille à Tambacounda, le chef religieux prend part pour la troisième fois à cette rencontre.

La cérémonie a enregistré la présence du gouverneur Bouya Amar, à la tête d’une délégation comptant, entre autres, le préfet du département Mor Talla Tine et l’inspecteur d’académie Alassane Niane.

’’Je préfère mourir et que tout le monde vive en paix. Il n’y rien de tel que la paix’’’’, a poursuivi le président du Conseil islamique de Bignona, s’exprimant à la suite de l’intervention du gouverneur, qui saluait le rôle important qu’il joue dans processus de paix en Casamance.

Pour l’avoir rencontré à quatre reprises de 2011 à 2014, à l’occasion de cérémonies religieuses alors qu’il officiait en tant que (préfet) à Kolda, M. Amar a loué son travail dans la religion islamique et dans la recherche de solution au conflit en Casamance.

’’Si vous vous aventurez jusque dans la forêt, pour discuter avec des gens égarés, détenant des armes, c’est du fait de votre courage, de votre amour pour votre pays et vos disciples’’, a-t-il dit.

’’Beaucoup de gens ignorent (votre action), mais nous (de l’administration territoriale) nous en sommes très conscients’’, a-t-il dit, relevant qu’ ‘’un chef religieux ne doit pas se limiter à enseigner le Coran et les commandements de Dieu, mais il doit être ’’un médiateur social et un éducateur’’.

Fansou Bodian a regretté le fait que des membres de sa communauté, dispersés par la guerre, se sont réfugiés dans les pays voisins que sont la Gambie, la Guinée Bissau, laissant derrière eux leurs biens et leurs demeures.

Il s’est souvenu avoir vu des animaux domestiques – vaches, chèvres et poules – vivre à l’état sauvage, parce qu’abandonnés par leurs propriétaires, qui ont fui le crépitement des armes.

Tout comme le font les responsables politiques, les chefs religieux essayeront d’œuvrer à la restauration de la paix, a-t-il assuré, non sans rappeler que le rôle du guide religieux n’est pas seulement de diriger la prière, mais de s’enquérir des préoccupations de ses fidèles et d’essayer d’y remédier, y compris par la prière.

’’Le conflit en Casamance ne se résoudra pas par les armes, mais par la discussion et la prière’’, a-t-il souligné, donnant en image un homme qui dans son envie de faire de la mayonnaise se met à écraser de son pied un œuf au sol. ‘’Il se retrouvera avec une pâte mélangée à du sable, mais n’aura pas de mayonnaise’’, a-t-il ajouté.

’’Dieu ne changera pas un peuple tant que ce peuple ne changera pas ce qui est lui-même’’, a-t-il dit citant le Coran. Pour lui, le Sénégal a besoin d’une restauration des bons comportements qui sont des facteurs de paix. L’ardeur et la ponctualité au travail sont aussi des fruits du bon comportement, a-t-il dit.

M. Amar qui effectuait ainsi sa première sortie officielle en tant que gouverneur de la région de Tambacounda, a sollicité les prières du chef religieux pour un bon hivernage mais également pour la préservation de la paix dans le pays, dans un contexte d’insécurité dans la sous-région, ainsi que pour la réussite des objectifs du chef de l’Etat déclinés à travers le Plan Sénégal émergent (PSE).

Il a également demandé à Elhadji Fansou Bodian de prier pour lui, afin qu’il puisse accomplir avec succès la nouvelle charge qui lui a été confiée.

’’Nous appuierons davantage ce gamou, a-t-il promis, estimant que la chance du Sénégal, c’est la collaboration entre l’Etat et les chefs religieux’’.

ADI/OID