[PHOTOS] Tambacounda : le 8 mars célébré dans l’unité

Les organisations féminines du département de Tambacounda, regroupées au sein d’une instance dénommée plateforme des femmes, ont célébré, mardi, dans l’unité, la Journée internationale de la femme, à la place de la mairie de la commune du même nom.

Des femmes de divers secteurs d’activité et origines, de l’amicale des femmes enseignantes à l’association des femmes de la Senelec, en passant par les femmes rurales venues de Dialacoto, Missirah, Koussanar, étaient représentées à la place de la mairie. Sur place, un don de sang était organisé à cette occasion, ainsi qu’une exposition de produits transformés par les femmes. Elles ont été rejointes par des Maliennes, membres de l’ONG Aliniha International, membre du Réseau Arafat regroupant des associations du Burkina, du Mali et du Sénégal. “Toutes les femmes urbaines et rurales sont regroupées au sein de cette plateforme”, a relevé la conseillère municipale Oumou Diallo, qui en est membre et qui représentait à cette rencontre le maire de Tambacounda Mame Balla Lô.

“Le maire vous encourage à poursuivre le travail au sein de cette plateforme qui facilite le travail aux collectivités locales”, a-t-elle ajouté, non sans annoncer que la mairie a prévu une enveloppe de 80 millions pour le financement des femmes, dans son budget qui sera voté jeudi. Plusieurs intervenants à cette manifestation ont salué cette nouvelle dynamique unitaire, tout en exhortant les femmes à pérenniser l’initiative, gage de succès, selon elles, pour toutes leurs entreprises. “Par cette unité, vous vous aidez vous-mêmes, mais vous nous aidez nous collectivités locales à mieux vous aider”, leur a lancé à ce sujet, le président du conseil départemental de Tambacounda, Sina Cissokho. Des panels sur l’autonomisation des femmes, la parité, la qualité et l’éducation pour tous étaient aussi au menu de cette journée.

L’amicale des femmes enseignante a saisi la date du 8 mars pour faire un don aux femmes détenues à la Maison d’arrêt et de correction de Tambacounda, a relevé Oumou Diallo. Le responsable d’Actionaid à Tambacounda, Mamadou Ciss, a souligné l’importance de cette unité, vu “les défis” qui attendent encore les femmes, malgré les efforts faits par l’Etat aux côtés des ONG. “L’Etat a fait des efforts aux côtés des ONG, mais il reste beaucoup à faire”, a-t-il dit, relevant, à titre illustratif, que sur les 557communes que compte le pays, il n’y a que 42 femmes maires. Dans le secteur de l’éducation, a-t-il ajouté, “il y a une grande avancée” avec un ratio de 68% de filles au primaire, mais une fois au secondaire, les filles ne représentent plus que 11%, du fait des abandons liés notamment aux mariages forcés, grossesses précoces ou violences en milieu scolaire. “Pour que nous arrivions à la parité intégrale, il faut que les lois votées pour les femmes soient entièrement appliquées”, a-t-il poursuivi, estimant que de ce fait, “c’est le moment de taire les différences (entre femmes) pour travailler ensemble”. La députée Yaye Awa Diagne a pour sa part noté que le format sous lequel a été célébré le 8 mars de cette année est une première à Tambacounda, se félicitant de l’unité qui a caractérisé l’édition 2016 de la Journée internationale de la femme. “Toutes les femmes de Tambacounda sont là, compte non tenu de leur appartenance politique”, s’est-elle réjouie, avant d’appeler à la fin de la dichotomie femme de développement/femmes politique, “puisque les unes ne peuvent aller sans les autres”.

Elle leur a suggéré de se fixer l’objectif d’atteindre 250 mairesses sur les 557 communes du pays et 20 à 25 présidentes de conseil sur les 45 départements. “Unies, vous pouvez réaliser beaucoup de choses”, a noté Abdoul Khadre Diop, adjoint au gouverneur. “Jadis, les femmes partaient en ordres dispersés pour célébrer cette journée”, a-t-il relevé, en saluant, outre l’unité et la mutualisation des efforts, la “détermination” des femmes. Il a invité les femmes à s’arrêter pour un bilan, afin de se rendre compte des acquis obtenus, notamment à travers leur niveau de représentation actuel à l’Assemblée nationale, tout en se projetant sur l’avenir, pour voir les “blocages” et “limites” qui restent à franchir. Sous ce rapport, il a par ailleurs suggéré aux femmes de “se positionner” par rapport à la décentralisation. Selon l’adjoint au gouverneur, les conclusions des différents panels devraient être rendues opérationnelles, en vue d’une évaluation d’ici la prochaine célébration. “C’est bien de conquérir des territoires, mais il faut savoir les gérer, sinon vous allez le perdre’”, leur a-t-il recommandé, empruntant le langage miliaire.

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