
Mayor est un village de la commune d’Inor dans le département de Bounkiling. Ici, l’on a aisément compris que l’Homme est naturellement culturel et culturellement naturel. Comme pour illustrer que la glorieuse époque des comptes des mille et une nuits de la mystérieuse Casamance renait de ses cendres, du fait d’une guerre qui a plombé les potentialités culturelles de cette pittoresque région, les jeunes de Mayor mettent depuis trois saisons les pieds dans le plat. Ce 6 avril, ils ont battu le rappel des troupes pour chanter, cogiter et danser.
Le coup de gong de la troisième édition des journées culturelles et sportives de Mayor a retenti ce mercredi. Au menu il y a du foot, de la culture made in Fogny, mais également des frottements intellectuels.
En effet, les jeunes de Mayor cogiteront sur l’Acte III de la décentralisation. Ils se frotteront au foot mais, le clou de cette troisième édition, sera incontestablement le « Ecoumba Karamba », comprenez la danse du phacochère. « Le Ecoumba Karamba est un masque qui incarne le phacochère dans toutes ses dimensions, mais surtout ses manières de se déplacer, de manger et de se montrer gai. Tout ceci se fait sur fond de percussions et d’envolées lyriques dont seules les populations du Fogny ont le secret. Ce qui est génial dans tout cela, c’est qu’au-delà du phacochère, d’autres masques incarnant d’autres types d’animaux sont exhibés et chacun, avec un tempo qui lui est spécifique » a expliqué Kéba Dabo. L’invité d’honneur de la présente édition poursuivra en soulignant avec force que « le public distingue facilement les différentes rythmiques et, chaque fois qu’il y a un changement de notes de tam-tams, c’est comme si tout le monde tombait en transe ». Ces manifestations culturelles, M. Dabo s’en est vivement félicité, lui qui a décrié ces années de guerre qui avaient pratiquement mis en hibernation ce que les peuples de Casamance avait de plus beau et de plus cher, son riche patrimoine culturel. « Nous rendons grâce à Dieu de nous faire vivre cette accalmie que nous mettons au compte du régime présentement en place dont il faut dire qu’elle est propice en un retour à la Casamance au clair de lune, avec ses jeux, musiques, danses et chants traditionnels, et c’est là tout le mérite de ces jeunes de Mayor, leur propension à faire revivre la culture », a relevé Kéba Dabo, par ailleurs initiateur du festival de « Diambadong » qui en sera cette année à sa sixième édition.
Les jeunes de Mayor déplorent le manque de soutien des autorités locales et centrales.
Kéba Diédhiou, le président des jeunes de Mayor n’y est pas allé avec le dos de la cuiller pour dénoncer le manque de soutien, aussi bien des autorités locales que centrales. « Notre maire, notre président de conseil départemental, les ministres en charge de la jeunesse, des sports et de la culture doivent nous aider à avoir des infrastructures socio éducatives et sportives dignes de ce nom. Les jeunes de la commune d’Inor le méritent amplement, surtout avec le contexte que nous avions connu », a martelé M. Diédhiou qui a au préalable vivement salué les appuis de leur parrain Ismaïla Ben Diémé, de celui de leur invité d’honneur, du chef de village, lesquels appuis leur ont permis de tenir ces journées.
Aimé Diémé promet que le parrain ne lâchera jamais les jeunes du Fogny.
Les préoccupations des jeunes formulées par leur président Kéba Diédhiou, ne sont guère tombées dans les oreilles d’un sourd. Pour Aimé Diémé, le représentant du parrain, « celui-ci ne ménagera aucun effort pour que les jeunes du Fogny en général, et ceux de Mayor en particulier, puissent pleinement s’épanouir. Il n’a d’ailleurs pas attendu d’être le parrain de ces journées pour le faire et il va continuer de le faire tant qu’il en aura les possibilités, qu’ils en soient rassurés. Mieux, avec les autres cadres natifs de la contrée, Ismaïla Diémé examinera les voies et moyens d’amener les pouvoirs publics centraux et les amis du Fogny et de la Casamance à donner un coup de pouce à ces jeunes, pas seulement dans les domaines des sports et de la culture, mais dans celui de leur formation professionnelle et du développement durable ».
Envoyé spécial Boubacar Dembo TAMBA / www.tambacounda.info /