[DIASPORA] Aquitaine Limousin Poitou-Charentes : l’ancien ambassadeur du Burundi en Ouganda, Georges Ntezimana rend hommage au président Jean-Pierre Bagaza

 

 

 “Malgré quelques échecs, le Président Bagaza a été un grand bâtisseur du Burundi moderne”

Considéré comme le bâtisseur du Burundi moderne (routes, centrales électriques, écoles, industries, …), le président Jean-Baptiste Bagaza, décédé le 4 mai dernier en Belgique est l’une des rares personnalités politiques burundaises à faire l’unanimité après sa mort. Au micro de Lamine Camara et d’Anita Niyonkuru, co-animatrice des C@fés Mandela3D, sur RCF Poitou, Georges Ntezimana, ancien ambassadeur à Kampala et conseiller du défunt président lui rend hommage. Entre émotion et lucidité. Extraits

Tambacounda.info : Excellence, bonsoir, en tant qu’ancien Ambassadeur du Burundi à Kampala, le Burundi vient de perdre son ancien Président, Jean-Baptiste Bagaza. Quels mots et maux, mettez-vous derrière cette disparition  ?

Georges Ntezimana: “Pour moi, c’est une grande perte qui me plonge dans une grande tritesse. Un  accablement personnel à la suite de cette grande disparition d’un homme que j’ai fréquenté, admiré, aimé et servi loyalement. J’adresse mes profondes et sincères condoléances, les plus attristées à l’adresse de la famille, à mes compatriotes. Je sais qu’ils sont des millions à pleurer.  »

Tambacounda.info : Vous qui étiez si proche de lui, quel homme et quel président était-il  ?

G. N : ” Le président Bagaza était un homme d’une grande capacité de travail qui a su mettre tous les Burundais au travail. Un président qui a su miser sur la jeunesse, car, à l’époque, tous les cadres étaient de jeunes technocrates. Il a été clairvoyant et savait agir par anticipation. Bref, pour résumer, c’était un homme qui a fait rayonner le Burundi à l’extérieur et le construire à l’intérieur. Mais pour comprendre son action, en tant que président, il faut se rappeler qu’il fait parti de la deuxième génération des régimes politiques de l’Afrique post-coloniale, celle des dictatures militaires qui ont renversé les “pères fondateurs des indépendances”, avant qu’eux- mêmes, tout au moins en Afrique des Gands Lacs ( Ouganda, Rwanda, Burundi, République Démocratique du Congo…), et ailleurs ne soient renversés par des guerillas. Bagaza fut président d’une république militaitaire, une dictature pour certain, une dictature éclairée pour d’autres, mais qui dans tous les cas, dirigea le Burundi d’une main de fer de 1976 à 1987.  »

11 ans de pouvoir et excellent bâtisseur

Tambacounda.info : Brièvement, que faut-il retenir de sa présidence  ?

G.N : «  Un bilan que regrettent amèrement des millions de Burundais aujourd’hui. Certes sur le plan politique, peu d’ouverture, étant donné le contexte évoqué ci-haut. Par contre sur le plan économique et social, tout le monde s’accorde qu’il y a eu des succès indéniables. Sur le plan international, il a fait du Burundi, un Pays respecté et qui rayonnait à l’extérieur, avec un positionnement incontournable dans la sous-région. Il faut juste reconnaître qu’à la fin du régime, le conflit “Eglise-Etat” comme on l’appelait à l’époque est venu mitiger toutes avancées. Mais replacé dans son contexte, c’était un combat classique entre deux pouvoirs et Bagaza a eu l’honnêteté de l’avouer, qu’il avait sous estimé la force d’un combat qu’il a perdu, car c’était un combat inégal. En gros, il fait parti des présidents, qui au bout de 11 ans de pouvoir s’est révélé comme un bâtisseur par excellence . Que la terre lui soit légère !

Propos recueillis par Anita Niyonkuru et Lamine Camara / www.tambacounda.info /