Tambacounda [Analyse] Jean-Félix Paganon, ambassadeur de France au Sénégal : «La croissance économique par an est absorbée par celle démographique»

En tournée à Tambacounda dans le cadre des réalisations du Programme d’appui aux initiatives de solidarité pour le développement (Paisd), l’ambassadeur de la France au Sénégal s’est prononcé sur certains défis qui interpellent notre pays. De l’avis de Jean-Félix Pagano, la croissance démographique du Sénégal est un gigantesque défi pour notre pays.

(Envoyée spéciale) – L’ambassadeur de la France au Sénégal estime que  l’importance de la croissance démographique est un gigantesque défi pour notre pays. Jean-Félix Paganon, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse dans le cadre d’une tournée dans la région de Tambacounda, soutient que c’est un problème. «Les chiffres sont impressionnants, il y a un taux de natalité de 5%, ça veut dire que la population double tous les 20 ans, il y a 100 naissances par an à Dakar, 400 mille au Sénégal, ça veut dire qu’il y aura 25 000  millions de Sénégalais demain (Sic), il y a 300 enfants de plus à scolariser chaque année. Ce sont des chiffres impressionnants, je ne connais pas une seule ville en Europe capable d’absorber le fait qu’il y ait 100 mille naissance par an», a-t-il fait savoir.  Attirant l’attention sur l’écart entre la croissance démographique et celle économique, M. Pagano explique que le  Sénégal a fait «ces 10 et 15 dernières années une  croissance régulière honorable de  3% par an mais  cette croissance est absorbée par la croissance démographique». Pour lui, à ce rythme, «le niveau de vie reste au  même niveau quels que soient les efforts du Gouver­nement, quelle que soit la qualité des politiques publiques compte tenu du fait que le Pib par tête augmente». «Heureuse­ment que le Sénégal n’a pas reculé mais il y a des pays où ça a reculé», a-t-il dit.

«Le Gouvernement sénégalais est fondamentalement convaincu de l’intérêt des Ape»
Outre cette question, l’ambassadeur de la France a aussi abordé celle des Accords de partenariat économique (Ape). Pour M. Paganon,  ces accords «sont bons pour le Sénégal comme pour l’ensemble de la région. A l’en croire, il y a un volet développement dans l’Acp qui est important». Selon lui, «la non-signature de ces accords pourrait se traduire par des conséquences très difficiles par 2 pays qui se sont mis techniquement dans la position de pré-signature, le Kenya et la Côte d’Ivoire». «L’exemple montre que ces 2 pays, depuis qu’ils ont signé ces accords bilatéraux avec l’Union européenne, ont considérablement bénéficié de la mise en œuvre de ces accords», a-t-il ajouté. D’après l’ambassadeur, «la non-signature va poser des problèmes considérables aussi bien au Kenya qu’à la Côte d’Ivoire», dans ce cas, il souligne que «l’Union européenne va être obligée de définir avec ces deux pays un plan B». Concernant le Sénégal, il informe que «l’évaluation du Gouvernement sénégalais est que ces accords sont favorables à l’économie sénégalaise». «Le Gouvernement s’est fortement engagé pour  essayer d’obtenir la signature des Acp, il peut y avoir un désaccord entre le patronat et lui, mais le Gouvernement sénégalais est fondamentalement convaincu de  l’intérêt de ces accords», a-t-il dit.

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