Tambacounda: journée de l’arbre, le colonel Papa Alassane Ndiour en roue libre.

La région de Tambacounda a elle aussi sacrifié à une tradition bien établie, celle consistant à célébrer la journée dédiée à l’arbre. C’est la commune de Koulor qui cette année abrité les festivités au cours desquelles, le colonel Papa Alassane Ndiour, l’Inspecteur régional des Eaux et Forêts de Tambacounda a procédé au survol des problèmes et des performances réalisées par ses services et les populations pour sauvegarder nos espèces forestières comme le palissandre du Sénégal plus connu sous le nom de “Vène” qui l’arbre parrain. www.Tambacounda.info vous propose l’intégralité de son discours.

Monsieur le Gouverneur

Monsieur le Préfet de Goudiry;

Monsieur le Sous-préfet de l’arrondissement de Koulor ;

Messieurs les Sous-préfets des arrondissements du Département de Goudiry ;

Honorables députés et membres du Conseil Economique, Social et Environnemental ;

Monsieur le Président du Conseil Départemental de Goudiry ;

Monsieur le Commandant de la Compagnie de Gendarmerie de Tambacounda ;

Monsieur le Commandant du Groupement d’Incendie et de Secours n°6 des Sapeurs-pompiers;

Monsieur le Maire de Koulor ;

Messieurs les Maires des communes du département de Goudiry;

Messieurs les Chefs de Services régionaux et départementaux ;

Monsieur le Président de la Chambre des métiers de la région de Tambacounda ;

Messieurs les Responsables de Projets, Programmes et ONG;

Monsieur le Président du Conseil Régional de la Jeunesse ;

Mesdames, Messieurs les Présidents des mouvements associatifs;

Notabilités religieuses et coutumières ;

Messieurs les Responsables des différents organes de presse ;

Populations de Koulor ;

Mesdames, Messieurs ;

Nous voici réunis aujourd’hui, dans la commune de Koulor, pour célébrer ensemble, la traditionnelle journée de l’arbre, édition 2016. En effet, instituée par décret N°83-751 du 16 juillet 1983, la journée nationale de l’arbre est célébrée chaque année sur toute l’étendue du territoire national, le premier dimanche du mois d’Août, marquant ainsi l’ouverture officielle de la Campagne Nationale de Reboisement.

Cette campagne 2016 est placée sous le parrainage d’un arbre très présent dans le paysage floristique Sénégalais notamment dans notre Région. Je veux parler de Pterocarpus erinaceus (palissandre du Sénégal) plus connu sous le nom de «ven» en wolof ou bani en peul. Cette essence est particulièrement ciblée par les exploitants clandestins et demeure fortement éprouvée dans les régions de Tambacounda, Kaffrine,  Kolda, Sédhiou et Ziguinchor, où elle est encore présente, et peut-être, pas pour longtemps !.

Le Ven, de son nom latin Pterocarpus erinaceus est un arbre de 8-12-15 m de haut à fut droit et cylindrique pouvant atteindre 1 m de diamètre, à cime arrondie et ouverte. C’est une espèce résistante au feu et fixatrice d’azote.

Elle procure des services variés aux populations notamment la fourniture de fourrages d’appoint en saison sèche pour le bétail. A l’absence d’une action rapide, coordonnée et d’envergure nationale, voire internationale, l’exploitation non durable de cette espèce très vulnérable est susceptible d’avoir des conséquences extrêmement graves pour les populations et l’environnement de notre région.

CHERS INVITES,

Il est incontestable que Pterocarpus erinaceus aujourd’hui est devenu une essence de bois d’œuvre très convoitée, faisant l’objet d’une surexploitation alarmante, surtout dans les zones frontalières, hypothéquant sérieusement l’avenir des peuplements naturels de cette espèce.

C’est dans ce cadre que le Sénégal avait proposé le relèvement du statut de cette espèce pour l’inscrire à l’Annexe III de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Cette inscription à l’Annexe III est donc entrée en vigueur depuis le 09 Mai 2016.

Cependant, compte tenu de l’intérêt écologique et des enjeux économiques liés à cette espèce, le comité des plantes avait, lors de sa 22ème réunion à Tbilissi (Géorgie), proposé son transfert de l’Annexe III à l’Annexe II de la CITES avec des mesures plus contraignantes dans les pays signataires de la convention quant à son exportation. Cette nouvelle proposition sera examinée lors à la 17e session de la Conférence des Parties (CoP17) qui se tiendra à Johannesburg (Afrique du Sud) du 24 septembre au 5 octobre 2016.

CHERS INVITES,

Le choix de cette espèce comme arbre parrain se justifie amplement par ses innombrables vertus et les multiples avantages qu’elle procure aux populations. C’est un arbre réellement polyvalent. Il présente un grand intérêt pour les systèmes agroforestiers, pas seulement à cause de ses produits de valeur comme le bois, le fourrage, le combustible ou les remèdes, mais aussi parce qu’il peut améliorer la fertilité du sol.

Pterocarpus erinaceus recèle aussi d’intéressantes potentialités pharmacologiques, notamment des effets antimicrobiens, vulnéraires et antioxydants, qui méritent plus d’attention de la part des chercheurs. Il a aussi un potentiel considérable comme arbre d’ornement.

CHERES POPULATIONS,

Cette année, c’est la commune de Koulor qui est à l’honneur pour célébrer la journée au niveau régional. Le choix de cette commune a été fait sur la base des efforts qu’elle a consentis dans le domaine de la Gestion des Ressources Naturelles en général et les ressources forestières en particulier avec l’appui du service forestier et des partenaires tel que le PROGEDE 2.

En effet, nous ne pouvons pas passer sous silence :

– l’engagement des populations dans les activités d’aménagement participatif de la forêt de Koulor ;

– l’intérêt manifesté par les populations de la localité sur le reboisement permettant ainsi de limiter le front agricole qui avance à grands pas dans la zone ;

-l’engagement du maire de la commune qui a plaidé pour l’augmentation de la superficie de la forêt aménagée de Koulor. Ce qui a été fait cette année.

Ces grands efforts ont permis d’assurer plusieurs réalisations se traduisant par :

-l’aménagement forestier de 48 729 ha de forêt dont 9 515 ha augmentés cette année dans la zone de Koulor;

– l’aménagement forestier cette année également de 38 490 ha dans la zone de Sinthiou Bocar Aly

– la plantation massive d’un ha respectivement à Damamba, à Tata et à koulor

– la plantation en linéaire de 1,41km à Koulor ;

-et l’organisation des villages riverains en comités villageois avec un encadrement qui a démarré avec le Programme USAID Wula Nafaa, qui se poursuit avec le PROGEDE 2 et de manière plus étendue avec le service des Eaux et Forêts.

MADAME LE GOUVERNEUR,

Les causes profondes de la dégradation de nos ressources naturelles surtout dans cette région de Tambacounda sont sans nul doute les activités humaines qui prélèvent ces ressources sans trop se soucier de leur renouvellement. On peut citer parmi ces causes:

Les feux de brousse dévastateurs et l’émondage souvent associés à la transhumance ;

L’exploitation clandestine ;

les défrichements abusifs.

A ces causes anthropiques, on peut ajouter les effets des changements climatiques notamment la baisse de la pluviométrie, les orages violents, le ruissellement intense.

Face à ces menaces sur la survie des ressources forestières, l’Etat du Sénégal a pris une panoplie de mesures et de politiques faisant de la sauvegarde des Ressources Naturelles une priorité, en responsabilisant les collectivités locales, à travers les textes sur la décentralisation. Ainsi, avec l’Acte III de la décentralisation impliquant une territorialisation des politiques publiques, l’état renforce davantage la responsabilisation des collectivités locales. C’est donc, dans le cadre de la mise en œuvre de ces options stratégiques que le service forestier de Tambacounda a assuré en 2015, en rapport avec les populations, les collectivités locales et les partenaires au développement une production de de 400 000 plants répartis dans 42 pépinières dont 14 en régie, 02 villageoises, 04 communautaires, 18 individuelles et 04 privées.

En plantation, les réalisations suivantes ont été faites :

Plantations massives : 494,79 ha dont :

  • 11,48 ha en régie

  • 418,57 ha de plantation villageoise

  • 06 ha de plantation communautaire

  • 46,05ha de plantation individuelle

  • 0,64 ha de plantation scolaire

Plantations linéaires : 288,54 km dont :

  • 45,82 km en axe routier

  • 130,41 km en haies vives

  • 79,72 km de brise-vent

  • 30,59 km de délimitation

  • 2 km de pare -feu verts

Plantations conservatoires : 124,80 ha dont

  • 30ha de RNA dans le département de Koumpentoum

  • 70 ha d’enrichissement dans le département de Tambacounda

En ce qui concerne la foresterie urbaine, nous avons mis à la disposition des populations 151 039 plants

MADAME LE GOUVERNEUR,

L’exploitation illicite de bois vers des pays voisins reste une grande préoccupation de l’Etat. C’est dans ce cadre que je rappelle l’instruction du Président de la République aux forces de défense et de sécurité en l’occurrence le service forestier, l’armée, la gendarmerie, la police, la douane et les parcs nationaux à s’unir derrière le commandant de la zone militaire N°4 pour lutter efficacement contre ce fléau.

Notons que les efforts conjugués de ces forces, patrouillant, régulièrement, ont permis d’atténuer considérablement le mal dans notre région administrative.

Pour cela Monsieur le Gouverneur, devant votre autorité, le service forestier à travers ma voix renouvelle ses félicitations et remerciements à tous ces corps pour leur apport fort bénéfique et appréciable.

MESDAMES, MESSIEURS

Concernant le programme de cette année, les objectifs de production au niveau régional sont d’environ 500 000 plants, toutes espèces confondues dans des pépinières en régie, villageoises, privées, scolaires, etc.

Le programme de reboisement de cette année est de 100 ha en plantation massive, 320 km de plantations linéaires, 300 ha de plantation d’enrichissement et 250 ha de mise en défens.

Sachant pouvoir compter sur votre engagement et votre soutien pour tout ce qui concerne la protection de l’environnement en général et au reboisement en particulier, nous sommes certains que nous pouvons atteindre les ambitieuses prévisions que je viens de citer.

MONSIEUR LE PRESIDENT DU CONSEIL DEPARTEMENTAL,

Face à cette situation, le seul remède est et reste l’implication des collectivités territoriales, à toutes les échelles, d’autant plus que la gestion des ressources naturelles est une compétence transférée.

Nous sommes aussi persuadés que vous déploierez tous vos efforts pour une meilleure préservation des ressources naturelles du département, comme vous n’avez jamais cessé de le faire.

Mesdames, Messieurs, populations de la région de Tambacounda

Cette présente campagne est placée sous le thème «promouvoir une économie forestière génératrice de revenus pour les populations locales et créatrice d’emplois verts dans l’esprit des objectifs de développement durable» qui exprime l’importance de l’Economie verte principalement basée sur les ressources forestières gage d’un développement durable.

C’est l’occasion d’exprimer ici les efforts fournis par l’Etat du Sénégal surtout dans la région de Tambacounda dans le cadre de la gestion durable des forêts, à travers des aménagements forestiers. En effet, à la date d’aujourd’hui, la région de Tambacounda dispose de 14 forêts aménagées pour la production durable de charbon de bois, représentant 50% du quota national, couvrant une superficie de 530 000 ha, touchant 620 villages et 20 communes.

Ces aménagements procurent d’importants revenus aux collectivités locales ainsi qu’aux différentes structures faitières notamment les comités inter villageois, par le biais d’une clef de répartition, largement en leur faveur.

Les producteurs locaux organisés en GIE tirent également des revenus substantiels à travers la production durable de charbon de bois. Aujourd’hui, 8 500 producteurs locaux ont été recensés dont 6 830 déjà formés avec 30% de femmes.

Ce thème est donc en parfaite phase avec la stratégie qui est actuellement développée dans notre région et qui consiste à aménager les forêts pour une gestion durable au profit des populations.

C’est le lieu de féliciter tous les projets et programmes qui se sont impliqués, depuis près de 20 ans maintenant dans les aménagements participatifs des forêts et notamment le PROGEDE, mais aussi USAID Wula Nafa.

Mesdames, Messieurs,

Le slogan de cette année : «combattons la destruction de nos forêts, préservons nous » traduit encore une fois le défi incontournable de la sauvegarde de nos forêts, car notre vie en dépend étroitement.

En effet, tout le monde s’accorde aujourd’hui à reconnaître la menace que constitue le pillage de notre patrimoine forestier et qu’aucun pays ne peut se développer durablement sans une bonne gestion des ressources naturelles, d’où le concept de développement durable qui requiert une implication forte de tous.

Mesdames, Messieurs,

Je voudrais avant de terminer, adresser mes remerciements les plus sincères à l’endroit des populations de Koulor et au-delà à toute la population de la région de Tambacounda pour cette mobilisation et cet accueil si chaleureux.

Remerciement spécial à Monsieur le Maire de Koulor qui a bien voulu abriter la cérémonie au sein de sa commune et qui s’est fortement impliqué pour sa réussite.

Je voudrai aussi remercier les Autorités Administratives, notamment le Gouverneur de la région de Tambacounda, le Préfet du Département de Goudiry et le Sous-préfet de Koulor qui ont su impulser avec panache l’organisation de la journée.

De même, nous remercions nos différents partenaires : Le Conseil Départemental de Goudiry, le PROGEDE 2, le P2RS (ex PAPIL), le PDESOC, le PADAER, l’UNCEFS, la Fédération Régionale des producteurs locaux de charbon, la chambre des métiers, les maires des communes de Goudiry et Sinthiou Bocar Aly pour ne citer que ceux-là pour leur appui constant et soutenu au service forestier.

Je terminerai par remercier les journalistes qui se sont déplacés et à travers eux leurs organes de presse. J’ose dire que si la journée de l’arbre et au-delà le reboisement revêt de nos jours ce cachet si populaire, c’est en bonne partie grâce à leur contribution avec un travail remarquable de médiatisation. Ils ont toujours, avec professionnalisme et engagement, participé à la sensibilisation des populations pour une meilleure protection de nos forêts. Qu’ils en soient remerciés !

Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,

Je vous remercie de votre aimable attention. /.