
Le phénomène de la coupe clandestine et abusive du bois a fini de prendre des proportions inquiétantes dans l’arrondissement de Maka Kolibantang, frontalière à la Gambie. Pour faire face à cette grave situation qui risque dans quelques années de voir la disparition du massif forestier situé dans cet arrondissement, le sous préfet a réuni, le temps d’un forum, les populations pour une vaste sensibilisation afin de faire face à ce fléau.
Dans un document présenté par le chef de brigade du service des Eaux et Forêts de Maka, le sergent chef Issa Ndiaye, le trafic illicite de bois touche toute l’entendue de cet arrondissement, soit plus de 100 km de frontière avec la Gambie voisine. Une situation qui s‘est surtout accentuée dans les villages frontaliers de Sinthiou Diamé, Sara Niana, Sinthiou Ismaéla par exemple. Ainsi 20 sorties sont effectuées par la brigade forestière de Maka entre janvier et ce mois d’Aout. Aussi 2 patrouilles mixtes avec l’armée ont suivi à Kandécounda, Soubacounda et à Sinthiou Ismaéla.
Selon le sous préfet, Aliou Aïdara initiateur dudit forum de sensibilisation des populations, « avec l’installation de l’hivernage, il est noté une recrudescence de la coupe abusive et clandestine du bois tout le long de la frontière avec la république de Gambie. Et compte tenu de cela, ledit forum est organisé avec la particpation de l’ensemble des chefs de villages frontaliers, des 3 Maires de communes, des exploitants forestiers, des jeunes, des groupements de femmes, des techniciens, pour un diagnostic sans complaisance de ce fléau grandissant. Il faut alors échanger, voir ensemble et sans tabou, des stratégies novatrices pour un changement de comportement des populations. Car la culture de la dénonciation n’est pas encrée dans la zone ». Selon le sous préfet, « si le mal n’est pas endigué, le peu qui reste de cette forêt va tout bonnement disparaitre ». Le conseiller municipal Ibrahima Kane de se féliciter de la tenue de ce forum qui, selon lui, est une véritable tribune pouvant permettre d’éradiquer le mal à l’origine. A l’en croire, ce sont les municipalités qui devraient tenir ces genres de rencontres de sensibilisation pour parler directement aux populations. Mais, que le sous préfet la tienne, « nous ne pouvons que saluer et accompagner l’initiative ». Il urge à ses yeux de prendre des mesures pour décourager les coupeurs et leurs complices. « Si les populations en font leur propre affaire, le mal peut être stoppé d’autant plus que même si des agents sont mis en poste dans chacun des villages le long de la frontière et que les populations ne sont pas impliquées, c’est peine perdue », affirme le conseiller municipal.
D’ailleurs, l’Inspecteur Régional des Eaux et Forêts(IREF), Papa Alassane Ndiour, de révéler que 20 nouveaux agents viennent d’être mis à la disposition de son service et que cette rencontre de partage est venue à son heure surtout avec la coupe abusive du bois de Venn dans cette zone. Selon l’IREF, son service s’est toujours inscrit dans la lutte contre ce mal. « Et ce sont 78 troncs de bois qui ont été saisis cette année, des motos, des tronçonneuses. Huit personnes ont été interpellées dont six ont fait l’objet d’emprisonnement. Mais que seules les forces de défense et de sécurité ne peuvent régler ce problème. Les populations sont largement attendues dans cette croisade, notamment les collectivités locales » souligne le colonel Ndiour.
« Les populations sont complices de ces coupes car elles occupent bien l’espace. Elles connaissent bien les délinquants », déplore l’inspecteur régional des Eaux et Forêts. « Il faut que les collectivités locales prennent leurs responsabilités pour faire face », a-t-il conseillé. Des participants ont également souligné que certains surveillants forestiers sont complices. Sur cette accusation, le sous préfet de préciser qu’ils seront entendus sur procès verbal et des sanctions seront appliquées à ceux qui auront la malchance d’être épinglés. L’autorité administrative de donner des instructions fermes aux collectivités locales allant dans le sens de tenir ce genres de rencontres pour continuer la sensibilisation car le phénomène est d’une gravité énorme qui peut faire disparaitre le peu qui reste des massifs forestiers dans cette contrée frontalière.








Ansoumana SADIO/www.Tambacounda.Info/