Tambacounda: Le Parc National du Niokolo Koba, un paradis de la faune et de la flore

 

 

Niokolo Koba est un parc riche de ses espèces végétales et animales. A l’intérieur, c’est une végétation abondante, avec des plantes variées libérant de multiples arômes. On y croise des oiseaux rares et de magnifiques animaux qui ont appris à s’habituer à la présence de l’homme dans ce milieu sauvage. Une visite guidée dans cette forêt dense est un vrai régal. En collaboration avec la Direction des parcs nationaux, nous sommes allés à la découverte des merveilles que renferme ce parc national classé patrimoine de l’humanité.

En bon soldat, le lieutenant Mame Gor Ndour ne circule jamais dans le parc sans son arme. Il l’a d’ailleurs bien rangée dans le véhicule avant de quitter le poste de garde de Dar Salam pour entrer dans le parc national du Niokolo Koba. Il est 13 heures passées, le soleil est au zénith. En bandoulière, le lieutenant Ndour a accroché une sacoche en vert et blanc où il a mis quelques instruments utiles en cas d’urgence. « Je suis prêt, on y va », nous dit-il en prenant place dans un pick-up. C’est parti pour une visite guidée à l’intérieur du parc national du Nikolo Koba, situé à l’Est du Sénégal, dans la région de Tambacounda.

Singe NiokoloMais avant de franchir le portail, notre guide demande à son subalterne d’en aviser les différents postes de garde et surtout à Tambacounda où est centralisé l’ensemble des moyens de coordination. Ces mesures de prudence sont nécessaires pour la sécurité des visiteurs et des agents qui s’aventurent dans ce parc grand comme un pays, avec ses 913.000 hectares, et dont certaines parties sont frontalières à la Gambie et à la Guinée. Le départ est enfin donné avec la chaîne du portail qui est abaissée. Le véhicule s’engage sur un chemin cahoteux et latéritique qui fait balancer les occupants que nous sommes de gauche à droite. Mais en chauffeur aguerri, notre conducteur fait face aux rugosités de cette piste délimitée par un couvert végétal riche et varié.

« C’est pourtant la meilleure piste que nous avons. C’est aussi celle qu’empruntent les touristes et les visiteurs comme vous », dit le lieutenant Ndour, une manière de rassurer les novices que nous sommes. Seulement, le parc n’en demeure pas moins un milieu sauvage, malgré sa beauté. C’est une succession d’arbres géants et de plantes naines qui défilent au fur et à mesure que nous avançons à l’intérieur.

Une faune très riche
La végétation du Niokolo Koba est riche et variée, avec des rôniers, des vennes, des baobabs, du tek, des eucalyptus…, ainsi que plusieurs variétés de plantes. D’après le lieutenant Mame Gor Ndour, pas moins de 15.000 plantes ont été répertoriées à Niokolo Koba, donnant ainsi une idée de la richesse florale de cette forêt. D’où l’intérêt que les touristes du monde entier et des chercheurs nationaux et occidentaux vouent à ce parc. Mais Niokolo Koba, ce n’est pas seulement les plantes. C’est aussi sa faune très riche. Sur le chemin, des pintades sauvages engagent une course folle avec le véhicule avant de prendre leur envol. Parfois, ce sont des écureuils apeurés qui traversent furtivement l’allée. Les singes sont visibles un peu partout sur notre parcours. Comme c’est le cas à la mare de Simenti, un poste de garde, où deux babouins revenus du cours d’eau fuient à notre approche. « Ils sont nombreux ici, les babouins. D’ailleurs, il y a présentement une équipe de chercheurs de l’Ird qui est dans le parc depuis une quinzaine de jours pour faire des prélèvements sur eux », informe le lieutenant Ndour.

Une fois la mare dépassée, on s’engage sur une autre voie oblique qui mène au poste de Gué Damantan, à six (6) kilomètres du poste de Simenti. Les dernières précipitations qui ont occasionné des stagnations d’eaux ont  rendu plus difficile le chemin. Sur une clairière, nous croisons une femelle cob de fassa avec son petit. A notre approche, l’antilope, grande comme une vache, se réfugie derrière des arbres. Seulement, le lieutenant Ndour relève « la distance de fuite » des animaux qui est devenue de plus en plus réduite, avec près de 300 agents dans le parc dont la présence rassure les bêtes. D’autres bêtes comme l’antilope cheval, emblème des parcs nationaux du Sénégal, le guipe harnaché et le cob de Buffon font partie de cette belle faune du Niokolo.

Huit lions en balade
L’un des guides du parc, Ibrahima Kouyaté, qui cumule 25 ans de présence dans le milieu, nous montre les belles photos prises sur les animaux. Surtout de ces oiseaux rares comme le jabiru du Sénégal ou encore le grand calao d’Abyssinie avec son cou rouge et son grand bec. Dans cette forêt, on trouve d’autres oiseaux à l’image de la muserole de paradis avec son bec bleu et sa queue marron. Les ornithologues et autres chercheurs peuvent avoir assez de matière avec les 330 espèces présentes à Niokolo. Ils sont certes plus nombreux en Afrique centrale et en Asie qu’au Sahel, mais Niokolo Koba abrite aussi des éléphants. En 2013, sept de ces mammifères ont été aperçus dans le parc grâce aux caméras

Quid des lions ? Ils sont nombreux à l’intérieur du parc et il arrive, aux mois de janvier et février, de les croiser sur la nationale 7 en train de se prélasser et se réchauffer. « Il nous arrive de croiser en plein chemin des lions. Mais quand ils n’ont pas faim, ils n’attaquent pas. C’est le lycaon qui est dangereux. Si tu ne le connais pas, tu peux penser que c’est un berger allemand, mais il reste dangereux », explique le lieutenant Mame Gor Ndour.

Son collègue chef du poste de Gué Damantan confirme avec des anecdotes. « Il y a quelques jours de cela, nous étions, ici, au poste en train de discuter. A un moment, nous avons vu une famille de huit lions traverser tranquillement. On les a vus et ils nous ont vus, mais rien ne s’est passé », souligne Moussa Kane

LieutnantCe qui prouve la « familiarité » qui existe entre ces animaux sauvages et les agents des parcs. Désormais, à Niokolo, les gardes sillonnent le parc 24h/24, à travers des brigades mobiles, pour protéger les différentes espèces. Cette protection est faite contre les feux de brousse et surtout contre les braconniers qui s’aventurent à l’intérieur du parc. « Les patrouilles se font à tout moment. Quand on mange et qu’on entend un coup de feu, on laisse tout sur place et on se dirige à l’endroit où se situe la menace », rappelle Moussa Kane.

Ces soldats du Niokolo Koba, à l’image du lieutenant Mame Gor Ndour, sont toujours sur le pied de guerre pour traquer les éventuels perturbateurs de ce milieu riche de sa faune et de sa flore classé, depuis 1981, patrimoine mondial de l’humanité. A notre retour de Dar Salam, il est déjà 17 heures. Nos esprits sont remplis de belles images. Le bon soldat peut enfin ranger son arme.
Espèces menacées ou a protéger : le bureau du suivi écologique veille au grain
Le parc national du Niokolo Koba (Pnnk) est un condensé d’espèces végétales et animales qui doivent à tout prix être protégées. C’est d’ailleurs la mission principale des agents des parcs nationaux à travers la traque des braconniers et l’interdiction des coupes de bois.

La mission principale des agents des parcs nationaux est la traque des braconniers et l’interdiction des coupes de bois. Un travail qu’ils essaient de mener, tant bien que mal, en étroite collaboration avec les populations environnantes qui sont sans cesse sensibilisées sur la nécessité de préserver ce patrimoine. Les dernières statistiques ont répertorié plus de 15.000 espèces de plantes, 80 espèces de mammifères, 26 reptiles, 330 espèces d’oiseaux, 20 amphibiens et 60 espèces de poissons.

Seulement, selon le lieutenant Mame Gor Ndour, certaines de ces espèces sont menacées. Aujourd’hui, les antilopes et les éléphants sont réellement menacés à cause du braconnage. Le lycaon est protégé, même s’il reste un animal dangereux. Les arbres comme le venne et le rônier sont aussi menacés à cause des coupes. A côté des brigades mobiles créées pour la surveillance contre les menaces, la Direction des parcs nationaux a aussi mis sur pied un bureau de suivi écologique afin de déterminer exactement « l’évolution spatio-temporelle » des différentes espèces du parc.

L’adjoint au responsable du bureau de suivi écologique, le lieutenant Amadou Diallo, souligne qu’avant, ils n’avaient que des statistiques approximatives sur les espèces. Mais depuis trois ans, le travail dudit bureau a permis de déterminer l’existence d’éléphants et de chimpanzés. Une réelle avancée dans la protection des espèces du Niokolo Koba.

 

Une grande attraction : cette panthère en cage
Panthere 1Au poste de garde Gué Damantan, situé à une quarantaine de kilomètres de l’entrée du parc, une bête sauvage fait l’objet de toutes les attentions. Derrière le poste, une panthère mâle est enfermée dans une cage remplie d’herbes.

L’animal est là, avec sa robe tachetée. Il profère un cri rauque à l’approche des visiteurs que nous sommes, avant de se lever complètement. Il fait des rondes et ouvre parfois la gueule, montrant des dents pointues. Selon les gardes du poste, cette panthère a été recueillie et apprivoisée par un vieux après la mort de sa mère, abattue par les braconniers. « Le vieux entrait même à l’intérieur de la cage et était très connu de la bête », nous informe un des gardes. Aujourd’hui, cette panthère qui a été retirée de la jungle est âgée de 21 ans. Pour les agents du parc, cet animal enfermé est le plus âgé de toutes les panthères du Niokolo Koba.  Même si certains se plaignent de la solitude de l’animal, son retour dans la jungle n’est guère envisageable. C’est même risqué pour la bête qui a perdu ses réflexes de félin. Une fois, l’animal avait réussi à s’échapper de la cage, mais il a été dompté et réintroduit sans grand dommage. Actuellement, les gardes essaient de s’occuper de la bête. Tous les deux jours, la panthère se régale avec de gros quartiers de viande introduits dans la cage.

Leaoleil.sn /Maguette NDONG et Ndiol Maka SECK (textes) / Ndèye Seyni SAMB (Photos)