Tambacounda: Gourel Diadié entre ruralité et urbanité

Situé au sud-ouest de la commune de Tambacounda, le quartier Gourel Diadié qui se débat entre ruralité et urbanité est aujourd’hui rattaché à la commune. Ce quartier s’étend sur une superficie de 38 ha pour une population estimée à 2.598 habitants en 1998. Au regard de sa superficie et de sa population, le quartier Gourel Diadié est l’un des plus grands de la commune de Tambacounda, même si sa création est relativement récente.

Gourel Diadié signifie en pulaar le petit village de Diadié. Diadié étant le fondateur du village en 1951. En provenance de Diadala, près de l’arrondissement de Nettéboulou, la famille fondatrice s’est installée à 04 km de Tambacounda en vue de se rapprocher du centre urbain. Le village était séparé de la commune par le marigot Mamacounda qui était, à l’époque, un cours d’eau permanent. L’agriculture et l’élevage constituaient les principales activités économiques des populations. Comme son nom l’indique, le quartier est peuplé, en majorité, de Peulhs qui représentent un sous-groupe de l’ethnie pulaar. Outre le pulaar, on y dénombre une forte communauté Bassari et une communauté Kognagui. Les Bassari et les Kognagui ont rejoint les pulaar sur le site en 1967. La présence des autres groupes ethniques, notamment les Wolofs, est survenue avec le rattachement du village de Gourel Diadié à la commune de Tambacounda, en 1983, suivi de la réalisation de la première opération de lotissement. Le pouvoir y a toujours été exercé par la famille fondatrice, en l’occurrence la famille Sow.

Au regard de leur spécificité, les communautés bassari et kognagui disposent de leurs chefs traditionnels qui se trouvent être le représentant du délégué de quartier. Pulaar, Bassari et Kognagui ont toujours vécu en paix et n’ont jamais eu de conflits même s’il faut noter qu’il n’existe aucune relation de mariage entre ces groupes ethniques. L’environnement du quartier est encore marqué par le caractère rural en dépit de son rattachement à la commune de Tambacounda et de l’émergence de l’habitat urbain fait en dur. La faiblesse des infrastructures de base représente, sans nul doute, un indicateur qui renseigne sur la faible urbanisation du quartier. En effet, le quartier ne dispose que d’une école primaire, d’une garderie d’enfants, d’une mosquée, d’une chapelle et d’un collège. Malgré la présence de quelques villas, l’habitat est caractérisé par la présence de concession et de cases. Ce type d’habitat reflète la ruralité du site et le bas niveau de vie des populations.

La nature des logements prédominants dans le quartier demeure incontestablement le banco (82,5%). La construction en dur fait une timide apparition dans le quartier. L’habitat en dur est souvent utilisé par les couches sociales plus ou moins aisées telles que les travailleurs dans le secteur formel et les commerçants.

Le faible taux de branchement des concessions au réseau de la Senelec s’explique par la mauvaise desserte du quartier et par les faibles revenus des ménages qui n’ont pas les moyens d’assurer les frais d’installation et de faire face au paiement des factures. Ici, il n’existe ni égout, ni système d’évacuation des eaux usées et pluviales dans le quartier.

Les eaux usées sont déversées soit à l’intérieur des concessions soit dans la rue, ce qui engendre de réels problèmes d’hygiène et d’assainissement.

La population du quartier de Gourel Diadié est très jeune. Plus de 72% de la population sont âgés de moins de 35 ans tandis que moins de 2% de la population ont plus de 64 ans. Crées sur la base d’affinités et de proximité, les Groupements de promotion féminine (Gpf) sont assez dynamiques et se déploient particulièrement dans le domaine de l’épargne et du crédit revolving à travers les tontines qu’ils organisent. Ces groupements bénéficient de l’encadrement du service du développement communautaire et de l’appui du projet d’appui aux Gpf. L’éloignement des cases de foyer pose des problèmes d’accessibilité des femmes de ces groupements aux actions de formation telles que l’alphabétisation.

Certains Gpf disposent également du statut de Gie et appartiennent à la fois aux fédérations des Groupements et des Associations féminines. Les activités exercées par ces associations tournent autour de l’alphabétisation, de la préservation de l’environnement, de l’éducation et de la sensibilisation des populations sur les problèmes d’ordre sanitaire. L’apparente densité du mouvement associatif cache, toutefois, une profonde désorganisation des populations quant à la prise en charge des problèmes d’intérêts communs à l’échelle du quartier. Mis à part les Gpf, les autres organisations sont plus théoriques que réelles du fait de leur insuffisante structuration et fonctionnalité.

Par Pape Demba SIDIBE