[CONTRIBUTION] Exigence de repenser les formes de festivals à Tambacounda.

«Quand viennent s’installer les estrades pompeuses de la culture, sauvez-vous vite: l’art a peu de chance d’être de ce côté.» Jean Dubuffet

Festival de musique et danse traditionnelle par ci, festival de Hip-hop par là, festival des «ondes de l’intégration» par ailleurs, bref les festivals courent les rues, et présentent le même dénominateur, chanter, danser et exceller dans des dithyrambes. Pas grand monde ne songe au devenir des artistes et à leur plein épanouissement à travers des débats de haut niveau devant conduire à des désidératas que les pouvoirs publics centraux comme locaux devraient se charger de mettre en œuvre.

Que «les grandes périodes de culture sont des périodes de décadence politique», nous n’y croyons guère! Nous souscrivons à l’idée selon laquelle «les grandes périodes de culture sont des moments d’expression du prolongement d’un besoin de vivre».

Le Conseil départemental de Tambacounda prépare la seconde édition de son festival, seulement quelques mois après ceux dit des «Ondes d’Intégration» de Bakel et de Koumpentoum. Nous nous posons la question de savoir si réellement ces formats sont bénéfiques et pour les populations et pour les artistes et acteurs culturels.

Mon intime conviction, nous pourrions nous fourvoyer, est qu’à ce rythme, chaque petite bourgade tiendra son festival, et finalement l’on passera beaucoup plus de temps à chanter et à danser qu’à méditer sur le devenir de la culture et le sort des artistes. Il y a tellement de choses à faire dans le domaine de la préservation, de la formation et de la diffusion de la richesse culturelle Tambacoundoise qui est unique.

Promouvoir et diffuser les œuvres des artistes et des acteurs culturels devra être un des temps forts d’un festival que nous voudrons unique et annuel sur toute l’étendue de la région, et avec la participation de sommités nationales, africaines et mondiales qui pourraient nous faire bénéficier de leur grande expérience et nous aider à revisiter notre immense et riche patrimoine culturel. Il nous faut pour ce faire des espaces viables et pérennes, pas du genre du centre culturel régional ou du Cdeps sous leurs formes actuelles. Il nous faut un véritable centre artistique à la création de laquelle nous voudrons d’abord inviter les différents conseils départementaux dont nous connaissons les moyens limités, mais qui pourraient concevoir un projet commun à soumettre à la puissance publique.

Chantons et dansons, mais réfléchissons aussi sur les canaux durables de survie des artistes et des acteurs culturels! Je ne cesse de le dire, la culture peut être un véritable levier de développement sur lequel Tambacounda peut s’appuyer pour décoller.

A méditer

Ousmane DIA, gestionnaire et médiateur culturel, artiste plasticien et enseignant d’arts visuels à Genève /