Kédougou: Prise en charge psychosociale des enfants, les Forces de sécurité et de défense à l’école du Cegid

Ils étaient au total 18 policiers et gendarmes de la région de Kédougou à être formés pendant cinq jours sur l’audition des enfants mineurs, victimes de violence. L’atelier de formation est initié dans le cadre de la mise en œuvre du projet de renforcement des systèmes de protection de l’en­fance contre la maltraitance, les abus et l’exploitation, déroulé par le Centre de guidance infantile et familiale (Cegid) et Vision mondiale, en partenariat avec l’U­nion européenne. L’objectif de la rencontre était de permettre aux professionnels de l’enfance de prendre conscience et con­naissance de la dimension traumatique des violences sexuelles et de la maltraitance subies par les enfants. Ce, pour qu’ils parviennent à déceler les signes évocateurs de violence d’une part et d’autre, d’offrir un accueil et une écoute adaptée prenant en comp­te la souffrance des victimes.

Dans une région carrefour comme Kédougou où la problématique des abus de l’enfance se pose avec acuité, les Forces de sécurité et de défense ont salué l’initiative. Qui, selon eux, arrive à temps, car jusque-là ces derniers faisaient face à des situations d’abus ou d’enfants victimes de violence. Mais ils n’avaient pas une formation spécifique concernant la prise en charge psychosociale pour ne pas dire l’audition d’enfants mi­neurs, victimes de violence. A cet effet, dira l’adjudant de police Matar Ba, chef de la brigade de recherches et enquêteur au commissariat urbain de police de Kédougou, la formation a été «riche» en enseignements.
Avant de poursuivre, certes «nous faisions ce genre de travail», mais dans des «difficultés. Parce qu’on n’avait pas suffisamment de bagages pour sa­voir l’approche à utiliser pour la prise en charge des enfants dans cette situation».
Toujours dans son propos, l’ad­judant de police confesse que les enfants victimes de maltraitance, d’abus ou de violence sont souvent habités par un sentiment de «peur, de panique». Des fois, révèle notre interlocuteur, ils sont «meurtris». Et c’est difficile de les soutirer une information au moment des auditions. Néanmoins, avec la formation qu’ils viennent de subir, dira l’adjudant Ba, «on dispose tout un art pour accueillir l’enfant, l’auditionner et l’écouter sans grande difficulté».
Pour sa part, le Professeur Serigne Mor Mbaye, psychologue-clinicien, directeur du Ce­gid, par ailleurs formateur de l’atelier, a laissé entendre que la ré­gion de Kédougou est dans une situation «d’urgence». Selon lui, la situation des enfants est préoccupante dans cette contrée car, dit-il, c’est une région où les en­fants sont «victimes de traite, sont déscolarisés et font l’objet de sacrifices humains». Ce, non sans occulter le fait qu’ils sont «tentés par la prostitution» qui prend des proportions inquiétantes dans la région. A cet effet, dira le professeur, le taux «élevé de prostitution d’enfants est lié à l’internationalisation du temps et de l’espace».
Pour freiner le phénomène pen­dant qu’il est encore temps, ce dernier interpelle les pouvoirs publics à une meilleure prise en compte des préoccupations des populations, notamment les jeunes. Pour leur permettre d’espérer et de vivre décemment.

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