Rencontre avec Sadio Coulibaly “Je souhaite un grand changement de mentalité à tous les niveaux afin que cet esprit solidaire puisse nous nourrir et nous permettre d’apporter ensemble notre savoir faire à notre terroir le Sénégal oriental.”

 

 

 

Au fil de ses pérégrinations dans la diaspora Tambacoundoise, www.tambacounda.info ambitionne de présenter à travers des interviews le profil de Tambacoundois ou Tambacoundoises dont le cœur et l’esprit restent fortement attachés à leur région natale.
C’est au tour de Sadio Coulibaly, opérateur économique qui vit en France depuis plus de 25 ans. Dans cet interview, il revient sur sa jeunesse à Tambacounda, sur son impressionnant parcours, sur la diaspora Tambacoundoise en France, et sur bien d’autres sujets.

INTERVIEW

 

Tambacounda.info: M. Sadio Coulibaly, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de Tambacounda.info?
Bonsoir à toute l’équipe de Tambacounda.info et à tous les lecteurs et toutes les lectrices de ce site d’information régionale mis à disposition pour tous les sénégalais. Je suis Mr Coulibaly Sadio né et grandi à Tambacounda. J’ai eu une enfance partagée entre plusieurs quartiers de la ville :  Pont appelé à l’époque Dyiabougou 1 et 2 , Dépôt, Médinacoura, Abattoirs.  Ancien footballeur de l’AS Pont,  Espoirs et Damantang avec comme entraîneur de cet époque : Thiemokhoba Keita.

 

Tambacounda.info: Quels souvenirs marquants gardez-vous de votre vie à Tambacounda?
M. Sadio Coulibaly: Que de bons souvenirs. C’était une période où toutes les familles se connaissaient. Il suffisait de dire ” je suis de telle famille ” et l’on vous situait tout de suite. Je n’oublie pas aussi mes belles années scolaires de l’école Pont au CEG. Je ressasse à présent les agréables périodes de vacances avec toutes les activités culturelles et sportives qu’elles imposaient : les Navétanes.

 

Tambacounda.info: Dans les années 1983, vous vous êtes beaucoup investi auprès de Me Abdoulaye en tant que membre de la rédaction du mensuel « Démocrate ». Quel souvenir en gardez-vous?

Ces années 1983 ont été pour moi des moments forts; un tournant de ma vie par rapport à mes objectifs.

Ma rencontre avec Maître Abdoulaye Wade, assis côte à côte, lors d’un meeting à Malika m’a beaucoup marqué. C’est lui même qui avait eu l’initiative de me rencontrer et ça s’est réalisé grâce à un certain M. Bakari NDIAYE alors Responsable du Pds à Malika ou je résidais et où je fus très impliqué dans les mouvements de jeunes.

Maître Wade m’a repéré à travers une simple lettre que je venais de rédiger pour un jeune de Kedougou perdu dans Dakar et qui voulait bien rentrer chez lui à kédougou et qui n’avait absolument rien sur lui, même pas 500 frs CFA. Il devait aller remettre cette lettre à Maître Wade chez lui au Point E en compagnie de M. Bakari Ndiaye. C’est là que tout est parti. J’ignore à présent pour quelle raison… Mais selon ces 2 personnes de Malika, le contenu de cette lettre et la disposition dans laquelle je l’avais présenté a dû attiré l’attention de Me Wade sur ma propre personne. Il a remis immédiatement une somme de 25’000 frs CFA au jeune, lui a souhaité bon retour dans sa famille en lui promettant d’aller faire un tour dans leur village.

Simultanément il a demandé à M. Ndiaye ” qui est l’auteur de cette lettre “? Ils ont dit que c’est un jeune de Tambacounda qui vit a Malika. Il a suggéré à M. Ndiaye d’aller me rencontrer et me convaincre d’adhérer dans son parti.

Le jour de meeting au soir il a appelé son équipe de presse, m’a présenté à l’équipe; puis a décidé que j’intègre l’équipe et que celle ci m’encadre. Cette équipe fut dirigée par M .Jean Paul Diaz en tant que Directeur de la publication, et un certain Omar Ndiaye restait le Rédacteur en chef, un homme d’une qualité humaine fantastique et remarquable.

 

Tambacounda.info: Vous avez participez à la création et à la parution du numéro 1 du quotidien « SOPI ». Pouvez-vous nous parler de la genèse de ce journal ainsi que de votre contribution?

Oui c’était au siège du journal sise Allées du Centenaire et du lycée John Kennedy. Dans la poursuite de l’information il a été décidé de mettre à point un quotidien qu’on doit appeler: “SOPI” que beaucoup se rappellent encore. Le rédacteur en chef Omar Ndiaye m’a demandé de venir au siège le lendemain muni d’un article tout fait et qui doit être publié dans le journal. C’était le premier numéro. Mon article était réalisé sur un cas d’accident de circulation sur lequel je suis tombé et c’était à Yeumbeul. J’ai gardé là aussi d’excellents souvenirs aux contacts de personnalités importantes qui ont été appelées à gérer des postes clés dans le gouvernement de Diouf d’abord, puis de Me Wade après.

Le but de ce journal est identique à tout autre journal: informer, éveiller les consciences en profitant des failles du gouvernement, faire telle ou telle révélation sur n’importe quel membre du gouvernement sans tomber dans le piège crucial de la diffamation.

 

Tambacounda.info: Avez-vous gardez des contacts avec Me Wade et le PDS ?

Quand je partais pour Paris un pot fut organisé; et Omar Ndiaye me dit : ” mon frère, garde le courage, amplifie ton savoir journalistique en France et reviens vers nous très vite car ta place restera toujours ici “.

Depuis mon entrée en France j’allais au siège parisien du Pds situé dans le 16e arrondissement de Paris à Ternes. J’y recevais des journaux du parti qu’un certain Tidiane alors Responsable des lieux me remettait. Lors des présidentielles 2000, Me Wade nous somme de fermer tout et déguerpir car il semblerait que les lieux ont été truffés de micros espions de la part des éléments de services de renseignements. Depuis. nous n’y sommes plus retournés. Et j’ai plus rencontré Me Wade. Au fil du temps je me suis éloigné du parti en tant acteur tout en restant un bon militant.

 

Tambacounda.info: Vous êtes à l’origine des Cases de Santé au Sénégal. Quelles étaient vos motivations pour créer ces structures de santé?

En ce qui concerne les cases de santé dans tout le territoire oriental, cela fut un projet venu de la France dans le cadre de l’aide au développement. Il fallait donner la priorité à la santé d’abord; et l’agriculture, l’élevage, les travaux publics avec l’amélioration des infrastructures routières etc..
J’étais avec M. Kéléfa Cissé au bureau régional de l’éducation sanitaire où je fus secrétaire d’abord puis projectionniste, animateur et responsable d’un projet de lutte contre la lèpre à Tambacounda. Ce projet était national. Et là également j’ai eu à rencontrer de hautes personnalités de la santé du Sénégal à Dakar dans les locaux de l’hôpital à Hann.
Je reviens sur les cases de santé. Je fus présenté à la jeune volontaire du progrès, une française nommée Danielle Dutrey pour travailler en collaboration avec comme mission : création de cases de santé, formation du personnel soignant pour ces cases et suivi régulier sur le terrain. On était basé à Séoro. Je salue de passage ces braves Oualy Oualy de Séoro qui m’avaient bien adopté. Un petit coucou également à nos parents de Maka Colibantang et Dawadi dans le Koumpentoum.

Alors, voir ce projet de cases de santé se réaliser dans ma région était pour moi nécessaire et que je n’avais aucune excuse de ne pas y apporter mon expérience.

Je suis comblé quand j’ai remarqué que nous avions réussi à propager ces cases dans tout le département. Ça nous avait permis de venir sauver non seulement des femmes enceintes loin des hôpitaux, mais aussi des enfants en état de malnutrition.

Dans l’animation nous avions insufflé les bonnes pratiques d’hygiène et d’alimentation aux femmes porteuses et nouvelles mamans. Beaucoup d’enfants presque condamnés ont pu être sauvés par la grâce de Dieu. Le personnel formé était composé d’une “Accoucheuse” à la place de Sage-femme; et un homme pour effectuer les premiers soins en cas de blessures mineures et de paludisme.

 

Tambacounda.info: Aujourd’hui vous vivez à Paris. Quelles circonstances vous ont amené en France?

Oui. Mon objectif quand je venais en France était de poursuivre mes études de journalisme puis rentrer au Sénégal où je devais retrouver ma place au sein de l’équipe de presse que j’avais quitté.

 

Tambacounda.info: Pourquoi avez-vous entrepris en 1988 une formation à l’institut journalistique de Paris?

Mon entrée a l’institut journalistique de Paris fut une occasion pour moi de réaliser ces objectifs que je viens de citer. C’est à dire : apprendre vite et bien le métier; car vous savez que ce métier est délicat. Il n’est pas donné à tout le monde de pratiquer ce métier. Ça demande un savoir, des méthodes professionnelles et techniques par exemple élaborer un article en évaluant les conséquences possibles le tout dans la clarté, sobriété, simplicité, cohérence, équilibre, complet, explicite, vivant en respectant l’ordre chronologique des faits à rapporter au public. Ça reste pour moi un travail passionnant.

 

Tambacounda.info: Avez-vous pratiquez le journalisme à Paris?

Quand on suit des cours on est appelé à faire des articles ou des reportages radios qu’on doit présenter, et qui sont notés par les professeurs. Oui j’y ai pratiqué le métier comme indépendant en vendant mes articles aux agences de presse parisiennes et provençales.

 

Tambacounda.info: Ayant été responsable du personnel chargé du recrutement et de contrôle dans une société parisienne, avez-vous une recette pour combattre le chômage à Tambacounda votre région d’origine?

Tout le monde peut avoir une recette pour combattre le chômage dans la localité qu’il veut. Tout dépendra de la mentalité des gens. Une personne qui vient avec son grain de savoir pour pouvoir changer le quotidien des jeunes et de la population doit être suivie, aidée, soutenue sans demander une contrepartie d’une façon subite. Cette personne a mis des mois voire des années pour concevoir, élaborer, trouver des moyens humains, matériels et financiers afin d’apporter de l’espoir dans son terroir. Il se doit d’être soutenue. Tout se fait dans le collectif.

Moi, je ne serais jamais seul dans le cadre de lutte contre le chômage et pour le développement. Il y a, à travers l’Europe ces milliers de gens, des orientaux capables d’apporter leur expérience à Tambacounda. Nous devons surtout éviter l’illusionnisme et l’utopie. Personne ne viendra développer Tambacounda à notre place. C’est à nous de le faire. Alors je répond : “Oui Tambacounda.info “. Nos recettes sont nombreuses parceque je ne serais jamais seul. Je serais avec d’autres Tambacoundois très engagés, intelligents et dynamiques. Le moment venu nous mettrons nos recettes au service de nos frères et soeurs. Mais personnellement c’est toute la partie orientale qui nous intéresse. L’urbanisation qui est primordiale; la création et développement des pôles touristiques dans Tambacounda même pour en faire une destination prioritaire pour les touristes européens. Créer une importante centrale solaire pour développer l’énergie et l’économie à travers des secteurs tertiaires que nous allons appuyer fermement. Suivre chaque année les nouveaux bacheliers qui seront sélectionnés cas par cas selon les branches pour des formations en Europe sans exclure les ouvriers qui ont besoin d’une qualification professionnelle. Attirer et convaincre les bailleurs à travers les ONG. Voilà les quelques clés du développement.

 

Tambacounda.info: En tant que 1er fournisseur en équipements agricoles d’organisation comme PROMER et Performance d’Afrique, quelle lecture faites vous du développement de l’agriculture dans la région de Tambacounda?

A l’heure actuelle la situation climatique et écologique de Tambacounda ne nous apporte pas de réponse fiable tant que les orientaux laissent les étrangers dévaster leur forêt qui fut un trésor pour nous et qui n’existe plus. C’est une bonne et large écologie qui appelle une grande pluviométrie. Sans pluie pas une seule bonne politique agricole. Le désert avance parcequ’il n’y a aucun mur pour l’arrêter. A Tambacounda on a l’impression que les gens n’aiment pas planter. Tant que nous ne nous battrons pas pour sauver notre forêt, nous n’aurions pas de sol humide et fertile à cause du manque de pluie. Mais ça va être une autre solution dans le cadre du développement agricole au Sénégal oriental. Changement de mentalité, de comportement. Comprendre que nous devons agir vite ensemble et imposer une fermeté face à ceux qui viennent détruire notre sol. Toute cette partie orientale est notre héritage. Nous devons attirer beaucoup d’ONG avec lesquelles nous mettrons à la disposition des jeunes de plusieurs panels par des formations comme le font ces braves et infatigables jeunes d’Alcis. Et ils méritent d’être assistés. Il faudrait développer – même si ça se passe actuellement à Tambacounda la mise en place et financement de plusieurs groupements de différents secteurs avec l’apport d’un fond colossal pour l’aide au développement d’un pays oeuvrant dans ce domaine; et aussi avec l’apport de nos braves frères à l’étranger. Tant qu’il y a une bonne politique avec des gens sérieux; pas des illusionnistes et utopistes, nos frères auront le courage et la volonté d’investir dans le secteur agricole comme je l’ai vu en Casamance où des jeunes immigrés espagnols sont retournés en groupuscules pour se lancer dans l’agro-alimentaire (bananeraies ). Ils ont été subventionnés par PADEC de Kolda; et leur projet est réalisé avec succès . Un seul koldois venu d’Espagne s’est engagé à mettre un projet de bananes de 400 ha. Il a presque réussi. Nous allons multiplier les voyages des jeunes dans le cadre d’échange avec d’autres nationalités autour de nous.

Moi j’ai réussi avec l’idée d’un retour possible de saisir une opportunité en Casamance: gagner des marchés comme fournisseur en équipements apicoles et autres transformation de fruits et légumes en jus, confitures, sirop etc… Je fournis également des emballages pour le conditionnement de tous ces produits locaux. En 2014 j’ai amené un conteneur de 40 pieds avec à bord 44’000 emballages en verre pour les 3 régions de la Casamance : Kolda, Sedhiou et Ziguinchor en passant par Bignona et Kafountine.

Oui avec des braves frères superbement intelligents on peut changer la donne a Tambacounda si on nous le permet. C’est vrai qu’avant PADEC et la Casamance j’avais été le premier fournisseur en équipements apicoles pour PROMER Tambacounda. Et ce marché m’a été cédé par cette ONG basée à Thies appelé Performance Afrique qui n’était pas en mesure de fournir à PROMER ces produits dont ils ont pourtant gagné le marché.

 

Tambacounda.info: Pensez-vous que la région de Tambacounda peut être le grenier du Sénégal à travers l’agriculture?

La région de Tambacounda avait été le grenier du Sénégal avec la Casamance dans le temps. Mais on est très loin des années où la pluviométrie à Tambacounda battait tout les records d’abondance. Oui je pense quand s’y mettant ensemble nous réussirons ce pari. Si l’on le considère comme un pari. Ça va être un travail de longue haleine et dans la patience avec une volonté conjuguée d’un ensemble.

 

Tambacounda.info: Vous êtes très impliqué dans le milieu associatif en France, quel lecture faites vous sur la situation des Tambacoundois en France?

En France les Tambacoundois, je préfère dire les orientaux vivent tranquilles. Les problèmes, certes on en trouve partout. Mais dieu merci; car ces frères et soeurs arrivent à entretenir leur famille au pays et en même temps s’occuper d’eux même en France. Ce qui n’est pas facile.

Nous nous rencontrons souvent dans des évènements, parlons de notre terroir et de tout. Il y a 2 catégories: ceux qui vivent en famille et ceux qui sont dans les foyers. Nous avons les mêmes préoccupations vis à vis du pays. Moi j’en vois beaucoup et je me déplace souvent pour aller à leur rencontre. Ce qui leurs fait plaisir.

Pas plus tard que la semaine dernière, après la prière de vendredi dans un foyer, les gens m’ont interpellé sur des cas de certaines personnes de Tambacounda qu’ils ne connaissent pas, d’après eux; et disent qu’ils n’apprécient pas que ces personnes-là s’auto-proclament Directeur de la diaspora alors que personne ne les connaît. Ils ont tout bonnement qualifié ces personnes de bons menteurs, de mégalomanes inconscients.

Bon, à chacun sa façon de voir les choses. Dans un cas général les Tambacoundois vivent ensemble en harmonie dans la fraternité qui nous a toujours caractérisé. On se soutient énormément dès qu’un nouveau arrive. Ce qui n’est pas le cas lorsqu’il s’agit de s’engager ensemble pour un projet chez nous.

 

Tambacounda.info: Quels sont vos rapports avec les ressortissants Tambacoundois de la diaspora?

Je n’ai aucun problème avec mes frères et soeurs basés en France. J’ai toujours fréquenté les Tambacoundois où qu’ils soient. J’ai l’habitude et c’est pourquoi avec notre association appelée ADDER’T (Association pour le développement durable de la région de Tambacounda) dont je reste à ce jour le Secrétaire général, j’ai toujours saisi les salles de réunions des foyers parisiens pour mieux nous approcher de nos frères. Et ça passe. J’ai également aidé d’autres frères du terroir à créer des associations qui ont beaucoup réussi à l’instar de l’association des jeunes de Boundou. J’ai d’excellents rapports avec ces frères et sœurs qui sont courageux.

 

Tambacounda.info: Quels sont, selon vous, les problèmes les plus urgents à régler dans la région de Tambacounda?

Les problèmes les plus urgents à aborder dans la région sont nombreux. Pour ceux qui sont de Tambacounda ville, on parle souvent de l’état piteux des voies des quartiers; on évoque aussi la situation dans les hôpitaux avec ces malades que l’on assiste parfois entrain de mourir. Qu’il faut une bonne politique de l’urbanisation.

Dans les débats de nos frères qui viennent des coins éloignés de la ville, les villages: on les entend souvent se plaindre de l’insécurité sur leurs routes, l’enclavement de certaines localités pendant l’hivernage avec des routes quasiment impraticables, de ces coupeurs de routes qui les ciblent rapidement grâce aux complices traînant dans les gares routières pour filer le poisson. Ils craignent leur vie à chaque vacance. Beaucoup sont prêts à créer des emplois à Tambacounda; mais ils ne veulent pas dépenser pour rien. Que ceux qu’on aide à Tambacounda ne sont pas motivés et volontaires pour développer les emplois qu’ils sont venus créer. Je suis tout prêt et à l’écoute de mes frères sans faire de la démagogie.

 

Tambacounda.info: Quel rôle la diaspora Tambacoundoise peut jouer en faveur de Tambacounda?

Pour que la diaspora Tambacoundoise joue un rôle dans leur terroir, il faudrait qu’il y ait un bon mouvement de personnes volontaires à Tambacounda. S’ils viennent ce n’est pas pour poser leurs contributions et repartir sans connaître la suite. Ils viennent parcequ’ils voient ce volontarisme, ce courage sans faille de personnes très engagés dans le projet de développement. Quelque soit le secteur d’activité. Il faut qu’une confiance s’installe entre locaux et migrants.

 

Tambacounda.info: Quelles sont à vos yeux les limites de l’action menée depuis l’étranger par la diaspora pour votre région?

Il n’y a pas de limite. Les migrants de notre région font tout ce qu’ils faut pour leurs familles. Ils sont dans le transport, ils sont dans l’immobilier, ils sont dans l’agriculture, ont les trouve aussi dans le commerce import export. Leur apport est plus qu’important sur le plan économique. Les migrants urbains de Tambacounda sont un peu disperses. Tandis que les ruraux sont plus organisés et plus soudés entre eux en petites associations de village selon leurs origines. Ils interviennent le plus souvent et rapidement dans plusieurs domaines concernant leurs villages (installations d’équipements hydrauliques, moulins, panneaux voltaïques, construction de bâtiments publics scolaires et sanitaires, agriculture, transport, etc…). Ils créent même une rivalité entre eux au point que chaque groupe puisse offrir un aspect attrayant et remarqué à son village. Ils le font dans une fraternité indestructible. Et moi j’admire.

 

Tambacounda.info: Ayant plusieurs cordes à votre arc, comptez-vous mettre vos compétences au service du développement de votre région et de quelle manière?

J’ai toujours cette idée de réunir les forces vives de notre région résidant à l’étranger afin que chacun puisse apporter sa pierre à l’édifice. Moi même suis aujourd’hui un opérateur économique en activité entre la France et le Sénégal. Mon épouse est technicienne en développement au PADEC de Kolda depuis plusieurs années. Elle a une très grande expérience dans ce domaine; et est très sollicitée. Elle a réalisé plusieurs missions partout dans le pays et a suivi des formations à l’étranger. Elle est célèbre dans le domaine du développement durable; et a présenté des émissions sur les plateaux de toutes les chaînes de télévision du pays où elle expliquait la méthodologie dans le domaine des réalisations productives dans le sud. Je l’ai aussi beaucoup assisté et soutenu. Elle est prête à nous apporter son expérience.

 

Tambacounda.info: Nous allons vers des élections législatives en juillet 2017 et présidentielles en 2019. Quelles sont selon vous les personnalités politiques ou de la société civile qui vous inspirent de la confiance, que vous croyez capables de convaincre les Tambacoundois et de jouer un rôle positif pour leur région?

Tout le monde pourrait m’inspirer. Je ne sous estime personne. Que chacun y met de sa volonté et ça marche. Que ce soit les politiques, la société civile où qu’elle soit, personne n’est au dessus du lot. Tout le monde est concerné pour développer notre terroir.

Il y a un manque de solidarité entre les Tambacoundois contrairement à d’autres migrants de Fouta ou de la Casamance qui demeurent des exemples parfaits. Dans ces deux pôles tout le monde travaille en communion. J’ai été très séduit par l’exemple de la Casamance où ce qui se fait à Kolda se voit réaliser également à Sédhiou et à Ziguinchor. Ces 3 régions n’ont jamais été divisées. Le Sénégal Oriental doit copier ce modèle Casamancais à savoir réunir autour d’un même projet Tambacounda, Bakel et Kédougou. Veiller à ce qu’on ne soit jamais divisé. C’est ce qui fera notre force. Et ainsi on se fera respecter. Nous avons tout pour réussir ensemble. Les bonnes idées ne manquent pas. Les ressources naturelles et humaines également.

En Europe certains parmi nous ont des relations importantes avec des personnalités occidentales susceptibles de nous apporter leur expérience s’ils ont la conviction que nous sommes des gens honnêtes et engagés pour l’essor de notre région. La commune de Montreuil en région parisienne s’est engagé à 100% auprès des maliens de Kayes en leurs accordant chaque année une subvention pour des projets dans le cadre du développement à Kayes et selon les besoins. Et ils ont réussi pas mal de réalisations ( hôpital, dispensaires, écoles, bâtiments administratifs, aérodrome) et même la mise en service de vols directs Paris-Kayes. On peut faire mieux chez nous. Mais il faut qu’on ait cet esprit solidaire sans lequel toute mission devient délicate.

 

Tambacounda.info: Quel est votre regard sur la génération des 20-40 ans à Tambacounda et quels espoirs fondez-vous dans la relève?

Je n’ai pas connu ces générations. J’ai vécu près de 30 ans en Europe et beaucoup sont nés et ont grandi derrière moi. Je ne saurais les juger et évaluer leur potentiel. Mais je garde espoir sur eux. Il faut les préparer pour demain. Faire d’eux ou beaucoup parmi eux des leaders et pros en développement économique. Je vois Alcis anticiper déjà dans ce caniveau. Ce qui est très encourageant. Je les félicite pour leur volontarisme. Il ne faut pas oublier nos jeunes étudiants qui ont vraiment besoin de soutien de tout bord.

 

Tambacounda.info: Quelles sont vos ambitions professionnelles et politiques?

Mes ambitions professionnelles passeront par la création de secteurs d’activités ou nos jeunes pourraient y trouver leur gagne-pain. De toutes les façons des frères et moi résidant en Europe envisageons un plan de travail qu’on ne saurait mettre en place tant qu’on n’a pas les reines de notre terroir. Et cela passe forcément par un engagement politique. En politique nous aurons la force d’avancer plus vite dans nos idées.

 

Tambacounda.info: Votre dernier mot?

Pour conclure je souhaite un grand changement de mentalité à tous les niveaux afin que cet esprit solidaire puisse nous nourrir et nous permettre d’apporter ensemble notre savoir faire à notre terroir le Sénégal oriental. Que ce nom ne disparaisse jamais, parce que la Casamance refuse de disparaître. Restons soudés et motivés pour la reconstruction de cette partie du pays qui n’appartient qu’à nous. Sans nous elle ne connaîtra pas cette évolution, ce grand changement. Nous rêvons de faire de notre terroir un miroir non seulement au Sénégal mais dans la sous région.

Je remercie toute l’équipe de Tambacounda.info pour l’excellent travail qu’elle réalise auprès de la population. Elle le fait dans un esprit constructif, avec bonne conscience, honnêteté et objectivité. Vous êtes comme on le dit dans le jargon du métier l’œil et l’oreille de tous. Être alimenté chaque jour de nouvelles – bonnes ou amères – à transmettre aux gens, demande une grande régularité.

Tambacounda.info mérite une attention et une admiration particulières de tous les orientaux.

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