Tambacounda: Grincements de dents au quartier Pont, l’arrêté nommant le nouveau délégué en est le mobile principal.

 

Cette belle journée dominicale n’était guère de tout repos pour des habitants du quartier Pont. Et pour cause, ils étaient en conclave à l’école Bounama Diallo pour plancher sur l’arrêté municipal No 000016/CT-2017 du 24 Août 2017 portant nomination de délégué de quartier. Ils diront ne point accepter cette décision qui ne serait pas conforme à la loi, et que le nouveau de quartier ne réside pas dans le quartier.

La nomination par l’édile de Tambacounda de Sékou Macalou comme délégué du quartier Pont ne rencontre pas l’assentiment de tous les habitants dudit quartier. Ce dimanche, certains d’entre eux ont battu le rappel des troupes à l’école Bounama Diallo pour passer au peigne fin l’arrêté cité plus haut et signifier leur refus de l’avaliser. A en croire Idrissa Traoré, l’ancien président du Comité de Développement du Quartier, « l’ère de nommer des délégués de quartier est maintenant renvoyée aux calendes grecques, selon des dispositions prises dans le code des collectivités locales. Ce sont les habitants, dans toutes leurs composantes, les associations officiellement reconnues du quartier qui choisissent leur délégué », assènera-t-il avant d’ajoute que le plus cocasse dans tout cela est le fait que « le nouveau délégué de quartier réside au quartier Pont 3 ».

A la question de savoir quelle suite sera réservée à cette affaire par les habitants contestataires du quartier, M. Traoré répondra, « nous allons rencontrer le maire pour une séance d’explications au tour de cette décision, le préfet du département et, toutefois que nous ne sommes pas entendus, nous aviserons ».

« Des atouts majeurs militaient en faveur du nouveau délégué de quartier », le secrétaire général de la commune dixit.

Pour le secrétaire général de la commune, il y a 7 postes de délégués de quartiers qui sont à pourvoir. Un appel à candidature est lancé, des dossiers collectés mais, « le choix de Sékou Macalou a été facilité par deux actes. D’abord, celui pris par l’ancien maire Souty Touré faisant de lui l’adjoint au défunt délégué, ensuite l’acte paraphé par l’ancien maire Oury Bâ le désignant comme intérimaire. Par voie de conséquence, pour le maire, sa nomination était la plus facile puisqu’il est déjà en terrain connu et il jouit d’une bonne moralité ». Quant au lieu de résidence du nouveau délégué, le secrétaire général de la mairie reconnaitra qu’il y a eu une réorganisation spatiale qui a fait que le grand quartier Pont est redécoupé en 3 quartiers, mais que l’arrêté ne fait nullement mention de cela, le document en son article premier parle de « Délégué du Quartier Pont ». Tout compte fait, fera-t-il remarquer, « le Conseil municipal statuera sur ce redécoupage et prendra les décisions qui s’imposent ». Selon Mamadou Diallo, il n’y a derrière cette décision aucun calcul politicien.

Quelques éclairages du décret No 92-1915 du 20 novembre 92 modifiant le décret 86-761 du 30 juin 86 portant statut des délégués de quartier dans les communes du Sénégal et le Code des Collectivités locales.

L’article 5 dudit texte stipule, « Le délégué de quartier est nommé par arrêté du Maire. La nomination ne devient effective qu’après approbation de l’autorité de tutelle.

L’article 7 énonce, « Pour être délégué de quartier il faut être de nationalité sénégalaise, jouir de ses droits civiques, être âgé de 35 ans au moins, être de bonne moralité et physiquement apte à l’exercice de ses fonctions »

L’article 8 précise, « le délégué de quartier est un auxiliaire du Maire…. »

Il est quand même bizarre de parcourir le code des collectivités locales et de ne voir mentionné que 2 fois le concept « Délégué de Quartier ». Saur erreur de notre part, à l’article 131, le code laisse entrevoir que « toute commune peut avoir un ou plusieurs délégués de quartier. Les délégués de quartier sont nommés par le maire dans des conditions fixées par décret ». Cette nomination ne pourrait-elle pas aussi se faire sur la base de propositions faites par les habitants du quartier pour ne pas tomber dans les travers d’une forte concentration des responsabilités locales entre les mains de politiques, certes élus, mais à des années lumières des réalités du quartier ?

A l’article 258 de la section V dudit code, relatif aux dépenses obligatoires, l’alinéa 18 fait montre que sont obligatoires « les remises accordées aux chefs de village, aux délégués de quartier et préposés des marchés locaux ».

Notre humble avis que la non définition de leurs attributions par la loi portant décentralisation risque d’intensifier les actions officieuses des délégués de quartier

Boubacar Dembo TAMBA / www.tambacounda.info /