Tambacounda: ASDI révolutionne l’alphabétisation des femmes.

 

Plusieurs femmes des départements de Koumpentoum et de Tambacounda sont entrées dans les bonnes grâces de l’Association Sénégalaise pour le Développement Intégré (ASDI). Elles travaillent pour faire reculer les barrières de la pauvreté à travers de petits projets où elles mettent en pratique tout ce qu’elles ont appris dans les centres d’alphabétisation ouverts à cet effet.

Depuis de longues saisons, ASDI excelle dans l’alphabétisation fonctionnelle dans les départements de Tambacounda et Koumpentoum. Ce mercredi, elle a bouclé une session de renforcement de capacité d’une dizaine de jours, suivie de la traditionnelle assemblée générale. L’option d’ASDI est claire comme de l’eau de roche. « En matière d’alphabétisation nous avons opté pour les femmes rurales. Elles sont marginalisées et participent peu dans la vie économique, sociale et autre. Elles sont souvent considérées comme des enfants et leurs avis comptent peu », assènera son coordonnateur local. A en croire Bernard Seck, la démarche d’ASDI est originale en ce sens qu’elle fait dans l’alphabétisation fonctionnelle parce qu’à ses yeux, « L’alphabétisation fonctionnelle est conçue pour libérer l’homme et contribuer à son plein épanouissement afin de le rendre apte d’agir sur le monde, de le transformer en vue d’un développement authentique». Et la recette a fait tache d’huile et suscité des convoitises dans le département de Koumpentoum qui renferme le maximum de centres et une diversité linguistique appréciable. « Nous allons ouvrir 90 centres d’alphabétisation pour trois ans. L’effectif demandé par centre est d’au moins 40 femmes par centre. Cela veut dire que nous attendons un effectif de trois mille six cent femmes (3.600) au minimum. Chaque centre est géré par un comité de gestion élu par les femmes et qui est composé de la présidente, de la secrétaire et de la trésorière», expliquera M. Seck non sans ajouter, «Le financement du projet provient des partenaires allemands, du Gouvernement Allemand et de la participation locale.

Les activités financées sont les salaires des moniteurs et superviseurs, du coordinateur de la secrétaire et de la comptable. En plus de cela, il y’a les différentes formations (Moniteurs-superviseurs), les déplacements et les activités génératrices de revenus. On octroie un prêt à chaque centre qui rembourse au bout de six à huit mois. Jusqu’à présent ce prêt est sans intérêt. Mais à partir de ce nouveau projet une partie du bénéfice sera reversé à ASDI pour la pérennisation du projet ».

Des résultats probants et salués par tous en 2016

« Grâce au projet, nous avons appris à diriger et à gérer des femmes, à prendre des initiatives et à les proposer, à mieux gérer les conflits. Nous commençons à pratiquer la bonne gestion de petits projets de développement », entonneront les bénéficiaires. Elles poursuivent, « nous n’avons plus besoin d’un intermédiaire pour lire nos correspondances, nous donnons plus d’importance aux documents écrits et vérifions les poches avant le linge pour ne pas détruire des documents, nous ne sommes plus trompées dans nos achats et ventes de produits, nous gérons mieux nos  «  tontines » et nous nous entendons beaucoup mieux entre nous. Il s’y ajoute le fait que nos maisons sont devenues propres autant que nous et nos enfants, nous sommes plus ouvertes à l’école et nous n’hésiterons plus à envoyer nos enfants à l’école surtout les filles. Les rencontres nous ont permis de connaitre d’autres localités, ce qui entraine une ouverture vers l’autre. Nous avons appris et sympathisé avec d’autres cultures, nous nous engageons mieux en politique, nous gérons mieux nos biens ». Les facilitateurs ont eux aussi exprimé leur profonde gratitude à ASDI qui a grandement contribué à leur capacitation. « Nous sommes constitués en amicale, acquis un emploi après être bien formés, nous sommes davantage respectés et mieux pris en considération, produisons des documents écrits utiles à la communauté, nous cotisons chacun mensuellement 1000 FCFA durant 6 mois et tenons cette somme, des activités à but économique et social », ont-ils relevé avec une certaine note de fierté.

3932 femmes sont au finish enrôlées sur un objectif de 3600, et des langues comme le Wolof, le Sérère, le Mandingue et le Pular sont enseignées.

Des micro-projets pour créer de la richesse.

85 millions de nos francs sont investis en 2016-2017 pour financer les petits projets des femmes, sous forme de prêts remboursables au bout de 8 mois d’activité. « Ces prêts sont remboursables au bout de huit mois d’activités. L’argent remboursé retournera après aux femmes. Celles qui avaient 1 millions cinq cent mille auront, selon nos prévisions, 2 millions et celles qui ont reçu cinq cent mille francs recevront un million de francs. Un des objectifs de petits projets est de permettre aux femmes de travailler ensemble et d’améliorer leur niveau de développement économique », a explicité Bernard Seck. Résultat des courses, les choses se sont déroulées comme dans le meilleur des mondes, du moins si l’on en croit certains bénéficiaires qui croient dur comme fer que cette initiative d’ASDI doit pouvoir être étendue à l’ensemble de la région naturelle du Sénégal Oriental.

Boubacar Dembo TAMBA / www.tambacounda.info /